ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL : UN PHENOMENE QUI PREND DE L’AMPLEUR

Par kibaru

Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sont la deuxième cause de mortalité dans le monde et surtout dans les pays en voie de développement dont le Burkina Faso. Ce phénomène s’installe désormais à grandes enjambées dans nos pays et affecte de plus en plus les jeunes.

Selon L’Organisation mondiale pour la Santé (OMS), les AVC provoquent chaque année un quart de tous les décès, occasionnant ainsi la perte d’environ 12 millions de vies humaines dans le monde. «Ils constituent la 3ème cause de mortalité dans le monde, 2ème cause de détérioration des capacités intellectuelles, 1ère cause de handicap acquis de l’adulte et 1ère cause d’hospitalisation dans les services de neurologie en Afrique noire subsaharienne », a expliqué Dr Lompo, neurologue, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou.
Au Burkina Faso, on note une mortalité de 8% due aux maladies cardiovasculaires qui viennent en 3ème position derrière les pathologies infectieuses et les accidents de la circulation. Selon les analyses du docteur Jean Jacques ZEBA, président de l’Association pour la promotion de l’hygiène au Burkina Faso (APH BF), ces maladies, en plus de tuer, font des millions de handicapés. Grave encore, nombre de ces victimes ont moins de 65 ans. Parmi eux, les cadres supérieurs, les professions libérales et surtout les cadres moyens, dont les compétences sont indispensables à toute croissance économique.
Les facteurs de risques de ces maladies cardiovasculaires ne sont pas à négliger. Selon le docteur Christian NAPON, les facteurs de risque cardiovasculaire sont des états cliniques ou biologiques qui augmentent le risque de survenue d’un évènement cardiovasculaire comme une crise cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou la mort subite.
Il existe deux types de risque non modifiables qui ne dépendent pas de l’individu. Il y a l’âge (supérieur à 45 ans chez l’homme et 55 ans chez la femme), le sexe masculin et l’hérédité. Les facteurs de risque modifiables sont le tabac, le mauvais cholestérol, l’alcool, l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète, la sédentarité, le stress, la pollution environnementale, la prise de contraceptifs oraux chez les femmes et la prise de substances psychoactives comme les amphétamines et les drogues.
Docteur NAPON précise que les symptômes d’alerte sont la paralysie brutale d’une partie ou de la moitié du corps, des difficultés ou la perte de langage, le trouble de la vision, des troubles de l’équilibre et le mal de tête soudain n’ayant aucune cause connue. Mais ce qui est le plus important à retenir est que ces maladies sont évitables.

Un phénomène qui s’attaque de plus en plus aux jeunes au Burkina
On se rend compte que la prévalence en hypertension artérielle augmente aujourd’hui chez les jeunes. Selon Christian NAPON, les jeunes sont de plus en plus concernés par le phénomène des AVC. Les causes, on ne les ignore pas. Il y a l’utilisation des substances psycho actives, l’usage des drogues de plus en plus important qui peut aussi entrainer des lésions et des intoxications des vaisseaux. Il faut aussi reconnaitre que certaines personnes naissent avec des malformations et qui peuvent se révéler un jour par un AVC. Il y a aussi d’autres excitants comme les amphétamines que les jeunes utilisent pour se doper. Ces médicaments peuvent causer des lésions des vaisseaux.

Peut-on éviter les AVC ?
Pour éviter les accidents vasculaires cérébraux, il faut contrôler au moins les facteurs de risque modifiable. Éviter le tabagisme. Il est établi de manière scientifique le lien entre le tabac et la destruction des artères et le cancer des voies respiratoires (poumons, bronches et gorge). Eviter aussi les mauvaises habitudes alimentaires en privilégiant les aliments d’origine végétale comme les céréales, les haricots, les légumes et fruits ; la viande blanche (poulet, pintade et dindon) ; les poissons et viandes maigres ; les produits laitiers à faibles teneurs en matières grasses comme la margarine à base d’huile végétale en lieu et place du beurre qui est trop riche en graisses saturées, le lait écrémé au lieu du lait entier, des saucisses moins grasses et moins salées ; du pain moins salé, les huiles végétales pour la cuisine. Et l’aliment le plus important est l’eau. Il est conseillé de boire beaucoup d’eau (au moins 1,5 l par jour).
Le sport : Des études sérieuses ont établi de manière scientifique un lien entre les maladies cardiovasculaires et la sédentarité, apportant ainsi la preuve que l’exercice physique est bénéfique pour la santé. Tous les sports (exceptés les sports de combat) pratiqués régulièrement sont bénéfiques. Il est conseillé de privilégier à partir de 35 à 40 ans les sports d’entretien. Le médecin conseille également 7 km de marche trois fois par semaine ou une marche d’une heure par jour.

Que faire en cas d’AVC ?
Le neurologue conseille en cas de suspicion d’AVC de se rendre le plus rapidement possible dans un centre de santé en vue d’augmenter les chances de survie et de récupération. Il faut immédiatement hospitaliser, faire un scanner cérébral pour voir si c’est vraiment un AVC et déterminer le type au cas où le résultat est positif avant de commencer le traitement du patient. La rééducation (la quinésie-thérapie) pour la récupération en sachant que les risques sont majeurs dans les mois qui suivent l’accident suivra. Environ 30% des patients peuvent décéder dans les premiers mois qui suivent l’AVC. Mais le risque de décès dépend de l’importance de l’AVC.

Des moyens à la disposition de nos hôpitaux
Aux dires du docteur Christian NAPON, au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, la capacité d’accueil est seulement de 23 lits. Alors que le phénomène prend de l’ampleur. « Nous ne disposons pas de moyens adéquats pour le service. Il y a souvent manque d’oxygène pour la réanimation des patients qui sont dans le coma. Les lits ne sont pas dotés d’appareils qui permettent de surveiller plusieurs paramètres, notamment la tension artérielle, le pouls, etc…, alors que ce sont des choses qu’il faut surveiller continuellement » a-t-il ajouté. Pour cette raison, certains patients sont obligés d’attendre aux urgences et donc pas dans des conditions confortables. Ce qui aggrave encore le cas de certains patients.
En plus le médecin souligne le manque de spécialistes dans le domaine des AVC au Burkina.  « Nous avons des neurologues généraux et non des spécialistes. Il y a la neuro-vasculaire qui est un spécialiste en AVC ». Il lance ainsi un appel aux autorités compétentes de mettre les moyens nécessaires à la disposition des hôpitaux du pays pour une meilleure prise en charge des patients.

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