Annulation de la mise en place des autorités intérimaires : les raisons de la CMA

Par kibaru

La volte-face de la CMA dans l’installation des autorités intérimaires continue à défrayer la chronique. Des discussions sont actuellement en cours pour que la cérémonie qui était prévue à cet effet, le samedi dernier, puisse avoir lieu dans les tout-prochains jours. Du côté des ex-rebelles, il semble que ce n’est pas seulement la nomination d’un gouverneur proche du GATIA par le gouvernement qui pose problème, il y a aussi la manière selon laquelle cette décision est intervenue. S’y ajoute le fait aussi que ce mouvement armé de la Plateforme occupe d’autres postes clés dans le dispositif de mise en œuvre de l’accord à Kidal.

Alors que tout semblait prêt pour installer le nouveau président de l’Assemblée régionale de Kidal, Hassane Fagaga, dans ses nouvelles fonctions, le samedi 18 février dernier, tout le monde a été pris de court par la décision de la CMA d’annuler cette cérémonie purement et simplement. Bien que les ex-rebelles soient peu bavards à commenter cette volte-face qui met du plomb dans l’aile du processus de paix, certains ont quand même bien voulu nous éclaircir sur le sujet.

Selon eux, c’est la manière par laquelle le gouvernement a nommé un nouveau gouverneur à Kidal qui a été la principale pomme de discorde. Ils affirment également que la CMA n’a aucun problème à ce que ce soit Sidi Mohamed Ag Ichrach ou un autre, mais qu’il fallait l’informer auparavant en tant que partenaire. Ils déplorent le fait que ce soit à la veille de la cérémonie, qui devait consacrer le retour de l’Etat à Kidal depuis la crise de 2014, que l’information de la nomination en conseil des ministres du vendredi 17 février de Sidi Mohamed Ag Ichrach gouverneur de la région de Kidal, leur est parvenue.

Pour les ex-rebelles, il aurait été plus judicieux de prendre cette décision quelques jours avant ou après cette cérémonie. Ils ont indiqué que l’actuel gouverneur, Koïna Ag Ahmadou, est à pied œuvre depuis la fin de la réunion de haut niveau du CSA, tenue le vendredi 10 février à Bamako, pour préparer cette cérémonie. Précisant par la même occasion que c’est la première fois qu’un gouverneur séjourne aussi longtemps à Kidal, depuis les événements de mai 2014. Pour eux, le gouvernement a manqué de tact.

Par ailleurs, ils ont aussi soutenu que le GATIA est bien présent dans le dispositif de mise en œuvre de l’accord à Kidal à travers trois de ses représentants nommés à des postes clés. Il s’agit du premier vice-président de l’Assemblée régionale et ex-adjoint au maire de Kidal, Abda  Ag Kazina, de l’actuel édile de la Capitale de l’Adrar des Ifoghas et du député de la circonscription de Kidal, Ahmouden Ag Ikmass. Selon la CMA, toutes ces personnalités sont de la région et ne sont nullement inquiétées malgré leur proximité avec le GATIA. Les ex-rebelles ont indiqué en outre être toujours attachés à la mise en œuvre de l’accord. Toutefois, ils estiment que les décisions allant dans ce sens doivent être prises de manière consensuelle.

De sources dignes de foi, le dialogue n’est toujours pas rompu et d’importantes tractations sont en cours pour arrêter une nouvelle date pour la mise en place des autorités intérimaires. En tout cas, en choisissant la ville de Kidal comme première étape de l’installation des autorités intérimaires, c’est un signal fort donné à l’opinion puisque c’est de là que la rébellion de 2012 a éclaté. Cependant, cette volonté d’aller de l’avant dans la mise en œuvre de l’accord tarde à se matérialiser.