Autorités intérimaires : Le manque de financement et la confusion autour de leur mandat à l’origine du retard de leur opérationnalisation

Par kibaru

Malgré la finalisation de leur installation dans les cinq régions du Nord depuis la fin du mois d’avril dernier, les autorités intérimaires ne sont toujours pas opérationnelles. Pour cause, les financements promis pour leur fonctionnement tardent à arriver. De plus, leur marge de manœuvre est encore très confuse puisqu’aucune déclaration officielle n’a été faite quant à la prolongation ou non de leur mandat.

Selon l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la période intérimaire doit prendre effet immédiatement après sa signature avec une durée allant de dix-huit (18) à vingt quatre (24) mois. Parmi ses objectifs figurent le retour, la réinstallation et la réinsertion des Maliens vivant hors du territoire national ainsi que la réhabilitation des sinistrés, le rétablissement des services sociaux de base, la préparation des élections de proximité, le retour des services de l’Etat  et le redéploiement de l’armée reconstituée…

Toutefois, à voir le rythme de la mise en œuvre de l’accord, il semble que ces objectifs ne pourront pas être atteints avant de longs mois. Ainsi, initiée à la fin du mois de février dernier, l’installation des autorités qui doivent gérer cette période intérimaire n’a été finalisée qu’à la fin du mois d’avril. Même après leur mise en place, ces autorités intérimaires ne sont toujours pas opérationnelles. Une situation qui découle du fait que les financements qui ont été promis pour leur fonctionnement ne sont pas encore disponibles.

Par ailleurs, il y a encore une grande confusion autour de la durée de leur mandat. Si l’on s’en tient aux dispositions de l’accord, ces autorités doivent être mises en place après la signature du document pour une durée devant s’étaler entre dix-huit et vingt quatre mois. De ce fait, c’est à la veille du 20 juin prochain, marquant le deuxième anniversaire de la signature de l’accord, que leur mandat devrait se terminer. Chose qui est impossible à réaliser vu que leur installation n’a eu lieu que durant le premier trimestre de cette année. S’y ajoute le fait qu’elles n’ont toujours pas démarré pleinement leurs travaux.

Silence assourdissant

Ainsi, alors que certains mouvements signataires plaident pour une prolongation de la période intérimaire, pour le moment, dans le camp gouvernemental, l’on observe un silence assourdissant. Seul indicateur, le report des élections régionales, référendaires, des cercles à partir du 9 juillet prochain. Même là, il n’y a encore aucune garantie puisque les autorités n’ont toujours pas indiqué la prolongation de cette période intérimaire. De plus, certaines sources estiment même que l’Etat traine les pieds en attendant le 20 juin prochain pour déclarer la fin de la période intérimaire. Ce qui pourrait sonner le glas d’un probable retour de la paix. Puisqu’à l’instar des autorités intérimaires, d’autres structures prévues par l’accord connaissent un blocage ou, comme certains aiment l’appeler, une lenteur. C’est le même cas pour la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) qui a été créé depuis 2014 avec un mandat de trois ans. Mais, jusqu’ici, elle n’a même pas finalisé la mise en place de ses bureaux régionaux ni même démarré pleinement son activité. Et que dire de la Commission Nationale pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion (CNDDR) la Commission Nationale d’Intégration (CNI) le Conseil National pour la Réforme du Secteur de la Sécurité (CNRSS) ?

Toutes ces structures prévues par l’accord connaissent un démarrage très timide dû au manque de financement et la confusion quant à la durée de leur mandat. Une situation qui devrait sûrement être à l’ordre du jour lors de la dix huitième session du Comité de suivi de l’accord prévue entre le 5 et le 6 juin prochain.