Conférence d’Entente nationale : La CMA et la Plateforme boycott l’événement

Par kibaru

La décision a été prise ce vendredi 24 mars à travers une déclaration conjointe signée par Sidi Brahim Ould Sidatt, représentant la CMA et Me Harouna Toureh, représentant l’accord. En effet, ces deux parties ont décidé de ne pas prendre part à la Conférence d’Entente nationale prévue de s’ouvrir le lundi 27 mars courant pour prendre fin le 2 avril prochain.

En fait ce que dénoncent la CMA et la Plateforme c’est la décision prise unilatéralement par le gouvernement d’organiser cette rencontre à cette date. De plus, elles fustigent le fait qu’elles n’ont pas été associée aux réunions préparatoires ni à la rédaction des TDR.  Elles ont insisté sur le fait que le gouvernement s’était pourtant engagé, le 22 mars dernier,  à revoir cette date avant de la maintenir contre toute attente. En effet, selon ces deux parties, au cours d’une précédente réunion « le gouvernement avait décidé que les journées du 27 mars au 2 avril devraient être consacrées au lancement d’un processus afin de débattre et arrêter les thématiques, les groupes de travail ainsi que les modalités de mise en œuvre des concertations et de participation à la conférence d’entente nationale ».

Pour elles, les conditions ne sont pas encore réunies pour la bonne tenue de ce grand rendez-vous. Ainsi, elles ont rappelé la persistance de l’insécurité dans les régions du Nord et la défiance envers l’Etat et entre les communautés à la base en raison de la lenteur dans la mise en œuvre de l’accord. S’y ajoutent que les autorités intérimaires ne sont toujours pas totalement installées, le retour de l’administration et des services sociaux de base n’est pas effectif, les patrouilles mixtes ne sont toujours pas opérationnelles, de même que le redéploiement de l’armée reconstituée. Elles ont également mis en exergue la détérioration de la situation sécuritaire dans les régions de Mopti et une partie de Ségou. Sans compter que les réfugiés et déplacés n’ont toujours pas regagné leurs terroirs.

Ces deux parties estiment que les consultations au niveau des régions sont insuffisantes et que certaines régions comme Kidal n’ont reçu aucune délégation à cet effet. Pour elles, il s’agit d’une violation du chapitre 2, article 5 de l’accord qui stipule que la Conférence sera organisée « avec le soutien du Comité de Suivi et sur la base d’une représentation équitable des Parties (gouvernement, Plateforme et CMA) ». Toute en réitérant leur engagement dans le processus de paix et de réconciliation, la CMA et la Plateforme ont appelé le gouvernement à revoir la forme et le calendrier de cette conférence afin de permettre la pleine participation de toutes les Parties ainsi que des Maliens de manière inclusive. Elles ont réaffirmé leur demande relative au fait que la journée du 27 mars soit consacrée au lancement du processus. Et que les journées suivantes soient mises à profit pour former des groupes de travail thématiques, des modalités de participation équitable, mettre en œuvre le processus de concertation de toutes les composantes de la nation malienne dans la rédaction de la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation. Ce n’est qu’une fois ce travail effectué que la Conférence d’Entente nationale devra intervenir pour couronner ce processus. A noter que l’Opposition malienne a également décidé de boycotter cette rencontre dénonçant le fait qu’aucune suite n’a été donnée à leur mémorandum adressé au gouvernement.

Une situation risque de donner un sérieux coup à la crédibilité de cette rencontre puisque des poids lourds ont annoncé leur boycott. De quoi montrer la nécessité de revoir ce rendez-vous afin qu’il soit le plus inclusif possible pour ne pas faire de frustrés.