Douentza : Paix et réconciliation au centre d’un forum intercommunautaire

Par kibaru

A l’instar de plusieurs localités dans le septentrion malien, celle de Douentza a abrité, le vendredi 18 mars dernier, un forum intercommunautaire sur la paix et la réconciliation nationale. Initiée par l’association Dawla Pulaaku, avec le soutien du ministère de la Réconciliation nationale, cette rencontre a été suivie le lendemain par un festival autour de la même thématique. Il s’agissait de réunir les communautés autour d’une même salle afin de les impliquer dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. L’occasion a également été mise à profit pour éclairer la lanterne des participants sur les avancées réalisées par la mise en œuvre des dispositions de ce document.

Instaurer la paix, la réconciliation, la sécurité, la cohésion sociale et le vivre-ensemble à travers la culture. C’est l’objectif recherché par cette activité initiée par l’association Dawla Pulaaku à Douentza. C’était donc un forum sur la paix et la réconciliation jumelé à un festival mettant en exergue les cultures des différentes communautés. S’unir dans la diversité, c’était le slogan de cette activité. Il convient de rappeler que la localité de Douentza a également trop souffert de l’occupation narco-terroriste qui a suivi l’éclatement de la rébellion en 2012.

Dans son mot, le Maire de la ville de Douentza, Housseyni Bocoum, a indiqué que ce forum vient à point nommé puisqu’il permet de renforcer davantage la compréhension et l’adhésion des populations à l’Accord d’Alger. Il a aussi rappelé que les habitants de la ville suivent avec un grand intérêt les travaux de ce forum, espérant un retour définitif de la paix dans tout le Mali. Quant au député Ilias Gouro, il a salué les initiateurs de cette rencontre, estimant qu’elle est un point de départ pour ramener la paix et la réconciliation dans le Mali tout entier.

Pour sa part, le Préfet Alou N’Diaye a appelé les participants à faire de l’accord un outil précieux de paix, de réconciliation, de sécurité et de développement. De son côté, l’initiatrice de ce forum, non moins promotrice du festival,  Mme Sidibé Djeneba Boly a tenu à remercier les participants pour avoir effectué un déplacement massif. Ce qui prouve, selon elle, l’intérêt qu’ils accordent à la paix. Le ministre de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidi Mohamed a rendu hommage à l’initiatrice de ce forum. Il a surtout fait savoir que c’est une dame pleine de ténacité, car malgré la situation sécuritaire peu favorable, elle a effectué plusieurs déplacements à Bamako pour demander l’accompagnement du département de la réconciliation nationale à son activité. Il a insisté sur la nécessité de tenir cette activité qui a regroupé toutes communautés vivant dans cette localité afin qu’elles s’impliquent véritablement dans la mise en œuvre de l’accord.

Dans l’exposé présenté par Moussa Doudou Haïdara, chargé de mission au département en charge de la réconciliation, il a surtout fait ressortir les avancées réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour donner un coup d’accélérateur au processus. C’est ainsi qu’il a d’abord mis l’accent sur la commission Vérité, Justice et réconciliation qui a été élargie de 15 à 25 commissaires afin qu’elle soit la plus inclusive possible. A cette question s’ajoutent la mise en place des Agences  de développement régional (ADR), l’aménagement de 3 sites de cantonnement devant accueillir 750 combattants sur les 11 recensés, les préparatifs pour le retour définitif des déplacés et des refugiés dans des sites déjà déterminés et en cours de viabilisation par le gouvernement.

S’agissant des questions sécuritaires, il a évoqué le démarrage des patrouilles mixtes entre les FAMAS, la CMA et la Plateforme. Sans oublier les CTS et les EMOV qui sont mises en place et dont les membres se réunissent régulièrement. Il a aussi annoncé l’adoption de deux décrets importants dont l’un est relatif à la commission nationale du DDR (chargée d’élaborer, d’adopter et de suivre le programme national de désarmement-démobilisation-réinsertion) et l’autre à la Commission d’intégration chargée d’établir les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité, et de l’harmonisation des grades. Concernant le développement économique et social, il a indiqué que c’est suite au rapport de la Mission d'évaluation conjointe au Nord duMali(MIEC) qu’une réunion a été conjointement organisée par le gouvernement du Mali et l’OCDE en octobre 2015, en marge de la visite du président IBK en France qui a permis de récolter une promesse d’aide de plus de 2 120 milliards de F CFA.

Dans le chapitre de la réconciliation et de l’humanitaire, il a mis l’accent sur les fora intercommunautaires organisés sous l’égide du ministère de la réconciliation qui ont permis aux communautés de se parler et de se pardonner. Par ailleurs, il a révélé qu’un plan d’urgence humanitaire a été élaboré en faveur des régions les plus touchées par la crise, financé à hauteur de 55 milliards de FCFA dont plus de 47% ont été réalisés. Ces faits prouvent à suffisance que d’importants progrès ont été obtenus dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il reste maintenant à les consolider et les renforcer davantage afin que la paix soit une réalité au Mali et que le chapitre de la rébellion de 2012 soit définitivement clos.