En 2016, les groupes jihadistes ont mené 257 attaques en Afrique de l’Ouest

Par kibaru

Le 13 mars 2016, la Côte d’Ivoire subissait sa première attaque terroriste, revendiquée plus tard par al-Mourabitoune, le groupe jihadiste dirigé par Mokhtar Belmokhtar et allié d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Au Mali, l’année 2016 aura été éprouvante pour la Mission des Nations unies (MINUSMA) : 26 Casques Bleus y ont laissé la vie lors d’attaques attribuées à des groupes jihadistes, soit des pertes deux fois plus importantes qu’en 2015 [.pdf].

Au total, selon les statistiques tenues par le site « Long War Journal », les différents groupes terroristes actifs en Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement dans une zone allant du Mali au Niger en passant par le Burkina Faso, ont été responsables de 257 attaques en 2016, contre 106 l’année précédente. Ce qui fait une hausse de près de 150%.

Dans le détail, 93 de ces attaques ont été menées avec des engins explosifs improvisés (IED), lesquels ont malheureusement été fatals à 4 militaires français (sans compter les blessés, au sujet desquels le ministère de la Défense ne communique pas ou peu). Le Long War Journal a également recensé 27 tirs de mortiers et/ou de roquettes, 6 attentats suicide et 11 enlèvements. Les 120 autres attaques sont des assassinats et des embuscades.

Toujours d’après la même source, la force française Barkhane aurait directement été visée à 35 reprises, loin derrière les Forces armées maliennes (88) et la MINUSMA (75).

S’agissant des régions les plus touchées, celle de Kidal arrive en tête, avec 88 attaques, suivie par celle de Tombouctou (57) et de Gao (41). Si le nord du Mali concentre l’activité des groupes jihadistes, les 51 attentats qui ont été recencés plus au sud marquent une tendance inquiétante. Enfin, 20 attentats ont visé le Niger, la Côte d’Ivoire (1), l’Algérie (1) et le Burkina Faso.

Sans surprise, étant donné le nombre d’attaques à Kidal, le groupe Ansar Dine est le plus actif. Désormais, ce dernier compte deux « filiales », avec Ansar Dine Sud et le Front de libération du Macina (ou Katiba Macina). Voire probablement une troisième, avec Ansaroul Islam, qui a revendiqué l’attaque contre un détachement des forces antiterroristes de l’armée burkinabè, le 16 décembre dernier. Enfin, « l’État islamique dans le grand Sahara » a mené sa première action en 2016, précisément contre un poste douanier au Burkina Faso.

Dans un entretien qu’il a donné au Journal du Dimanche, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’est dit « préoccupé » par la situation au Mali. « Il ne faut pas se voiler la face. La réalité est la suivante : la signature des accords d’Alger se heurte à une résistance de la part des groupes armés signataires. Parallèlement à cela, la mise en place des autorités intérimaires et de la décentralisation tardent. Cette situation induit une plus grande liberté d’action pour les groupes armés terroristes (GAT) », a-t-il expliqué, avant de souligner que la MINUSMA n’avait pas les moyens correspondant à son mandat.

Par ailleurs, la Tunisie inquiéte aussi M. Le Drian, alors que la branche libyenne de l’État islamique (EI) a subi une défaite à Syrte, en Libye.

« Je suis très préoccupé par la frontière tunisienne et par la Tunisie de manière générale. Le gouvernement fait des efforts importants pour renforcer la sécurité. Le problème est que l’ancienne dictature tunisienne s’était méfiée de l’armée qui était donc très faible jusqu’en 2011 et doit encore se moderniser. Or, l’EI, c’est du terrorisme militarisé », a ainsi confié le ministre.

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