Liberté de la presse : Le Mali perd 4 places et se retrouve au 122e rang mondial

Par kibaru

Comme à la veille de chaque célébration de la Journée mondiale de la presse, le 3 mai, l’ONG Reporter Sans Frontière a publié un classement sur le degré de liberté dont jouissent les professionnels du secteur. Cette année, l’organisation relève une dégradation générale de la liberté de la presse dans le monde. Le Mali, qui avait commencé à améliorer sa position après la crise sociopolitique, institutionnelle et sécuritaire de 2012-2013 a vu sa note dégradée, passant de la 118e place en 2015 à la 122e place cette année. Alors une réflexion s’engage pour que la presse malienne ne continue pas à dégringoler dans ce classement.

Pour l’ONG, «  les médias maliens, autrefois relativement libres, sont soumis à des pressions officielles depuis la crise de 2012, notamment lorsqu’ils souhaitent aborder les questions de sécurité ». Pour étayer cet argument, elle rappelle l’attitude de la chaine nationale lors de la prise d’otages au Radisson Blu de Bamako, le 20 novembre 2015. RSF indique que l’ORTM avait choisi de diffuser des séries télévisées, plutôt que cet événement qui s’est terminé dans un bain de sang (22 morts et plusieurs blessés).

Bien qu’elle salue le fait que les atteintes à la liberté de la presse ont été moins sévères les deux dernières années qu’en 2012, elle déplore toutefois que le nord reste un endroit dangereux. Pour cela, elle cite l’occupation de la station ORTM à Kidal et le meurtre non élucidé d’un journaliste d’une radio à Tombouctou, en décembre 2015. A cela, il faut également ajouter la disparition subite du journaliste du Sphynx, Birama Touré, qui n’a plus donné signe de vie depuis, janvier 2016 et l’agression au domicile de la famille du journaliste sportif de la radio Kledu, Bakary Cissé dit Bakci, au mois de mars dernier. Autant de raisons pour lesquelles la note du Mali a baissé, passant de la 118e place avec une note de 36,33 à la 122e avec une note de 39,83. Il perd ainsi 4 places. Une situation qui n’est pas sans rappeler les résultats catastrophiques enregistrés en 2014 où consécutivement à la crise, le pays avait perdu 23 places au plan mondial passant du 99e au 122e rang.

Sur le plan africain, le Mali est le 31e pays, loin derrière la Namibie (17ème mondial), suivi du Ghana qui, malgré un recul de 4 places, est 26ème mondial et du Cap Vert qui, pour sa part réalise un bond de quatre places en avant et pointe à la 32ème place. S’agissant des pays voisins du Mali, le Burkina Faso est au 42ème rang soit un gain 4 places par rapport à 2015, la Mauritanie est 48ème avec un gain de 7 places, le Niger est 52ème et perd 5 places, le Sénégal est 65ème et gagne 6 places, la Côte d'Ivoire s’accroche sur sa 86ème place, l'Algérie perd 10 places et se retrouve 129ème et la Guinée est au 108e rang perdant 6 places.

A noter que le trio de tête de ce classement est occupé par la Finlande (1ère),  les Pays-Bas (2ème) et la Norvège (3ème). Au bas du tableau, on retrouve le Turkmenistan 178e, la Corée du Nord 179e et l’Erythrée ferme la marche.

Il convient de rappeler que le classement de RSF sur la liberté de la presse est publié chaque année depuis 2002. Il mesure le degré de liberté dont jouissent les journalistes dans 180 pays grâce à une série d’indicateurs (pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures, exactions).