Nouveau groupe armé au Mali : Son initiateur Oumar Aldjana n’a aucun lien avec la Mauritanie

Par kibaru

Ces derniers temps, une rumeur qui n’a de réalité que l’imagination de son auteur a circulé sur la toile faisant état de la présence d’Oumar Aldjana, chef d’un nouveau groupe armé dans le centre du Mali, en Mauritanie. Après vérification, il s’est avéré que ces allégations sont sans aucun fondement. D’ailleurs, l’auteur de cet article n’avance aucun argument concret permettant de confirmer ses propos. Se contentant de rappeler que la Mauritanie « aurait servi de lieu d’accueil et d’hébergement des rebelles maliens ». Pour montrer l’incertitude qui prévaut dans son texte, l’auteur utilise même le conditionnel.

Pourtant, ce journaliste gagnerait en crédibilité s’il vérifie ses sources avant de publier des écrits de ce genre. Pourquoi n’a-t-il pas suivi l’exemple d’autres hommes de médias qui, au lieu de se référer à leur imagination, sont directement entrés en contact avec l’initiateur de ce nouveau mouvement politico-militaire, Oumar Aldjana ? Lequel demeure, du reste, très accessible, car il a accordé de nombreuses interviews depuis l’annonce de la création de ce mouvement. A cela s’ajoute, le fait qu’il est très connu par certains acteurs de la société civile malienne qui l’ont longtemps côtoyé avant qu’il ne se lance dans le maquis.

Ce type de diatribes périodiquement distillées dans la presse malienne dans le dessein de nuire à ce pays et à ses rapports avec le Mali n’est pas une nouveauté. Très souvent, au lieu de mettre les pouvoirs publics face à leurs responsabilités en les incitant à mieux défendre les intérêts des populations, certains journalistes évoquent des théories du complot et la responsabilité des pays voisins sur le développement de la situation au Mali.  

Malheureusement pour leurs auteurs, ces articles ne s’appuient sur aucune information précise ou vérifiée. Leur contenu n’étant que le fruit des imaginations de journalistes désireux d’apparaitre comme des spécialistes du dossier complexe de cette crise du nord qui tient en haleine tous les Maliens ainsi que leurs amis et partenaires.

Il y a lieu de reconnaitre qu’aujourd’hui, les relations entre la Mauritanie et le Mali n’ont jamais été aussi excellentes. Pas plus que l’engagement de la Mauritanie pour un Mali plus pacifié et réconcilié avec lui-même n’est plus à démontrer. Est-il nécessaire de rappeler que la Mauritanie a été le premier pays à rejeter « l’indépendance de l’Azawad » proclamée par les rebelles du MNLA, le 6 avril 2012. De même que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a été le premier à reconnaitre et à féliciter le Président IBK à l’issue de sa brillante élection en août 2013 à la magistrature suprême du pays. Aussi, pour montrer son attachement à l’intégrité territoriale du Mali, les 22 et  23 mai 2014, le Président Mohamed Ould  Abdel Aziz, informé des événements fâcheux de Kidal, a aussitôt suspendu des voyages officiels en Afrique du Centre et de l’Est, en sa qualité de Président de l’Union africaine, pour  venir au Mali et effectuer un déplacement périlleux sur le terrain pour arracher un cessez-le-feu salutaire qui a permis de stopper la progression des rebelles dont on ne pouvait prédire les conséquences.

Par ailleurs, à l’instar d’autres pays voisins, la Mauritanie a prouvé sa solidarité avec le peuple malien, en accueillant des milliers de ressortissants des régions du nord et du centre, fuyant les violences et les exactions des terroristes.

La Mauritanie n’a jamais toléré sur son territoire des activités politiques ou même culturelles hostiles au Mali. Tout comme, elle n’a jamais permis à un quelconque individu ou groupe d’utiliser son territoire pour s’organiser et mener des opérations militaires ou criminelles susceptibles de déstabiliser l’un de ses voisins, a fortiori le Mali avec lequel elle est liée par des liens d’histoire, de géographie et d’anthropologie.

Ainsi, aucun réfugié n’est autorisé à posséder une arme au niveau des sites ou à son lieu de résidence. Et, ceux d’entre eux qui en détenaient avaient été, chaque fois, désarmés avant de pénétrer sur le sol mauritanien. Ce qui avait été le cas du seul petit groupe d’éléments du MNLA qui était arrivé au même titre que les autres réfugiés et dont les quelques armes demeurent à ce jour saisies et stockées par l’armée mauritanienne.

La Mauritanie s’est, en outre, rapidement associée aux efforts de la communauté internationale accourue au chevet du Mali pour l’aider à tourner la page de la crise de 2012. Elle a activement pris part aux discussions qui ont abouti à la signature de l’Accord préliminaire à Ouagadougou, ainsi qu’aux pourparlers inter-Maliens ayant conduit à la conclusion de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.  

Dans le volet de la lutte contre le terrorisme, la collaboration entre le Mali et la Mauritanie est plus que parfaite. D’ailleurs, les armées des deux pays organisent régulièrement des patrouilles le long de leur frontière commune et opèrent ensemble des descentes au niveau de certaines zones frontalières pour anéantir les projets terroristes.

Notons aussi que l’appartenance de ces deux pays à des organisations ou entités communes prouve que cette collaboration n’a jamais été aussi forte. A titre d’exemple, on peut citer le G5 Sahel, le Processus de Nouakchott, la Grande Muraille Verte, l’OMVS, etc. pour ne citer que celles-ci. Toutefois, cette collaboration bien que très étroite, doit davantage être consolidée et renforcée afin de permettre aux autorités des deux pays à faire face convenablement aux problèmes auxquels la bande sahélienne reste confrontée. 

Loin d’être le fruit d’une imagination, ces faits montrent à quel point les spécialistes de l’information doivent faire preuve de responsabilité en évitant de se hasarder dans des affirmations gratuites, infondées et injustifiées qui sont plutôt de nature à semer l’amalgame, le doute et les malentendus entre les voisins et frères.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est nécessaire que ces hommes de médias travaillent à renforcer cette coopération, car la lutte contre le terrorisme est un domaine transversal dans lequel chaque acteur de la société doit apporter sa pierre à l’édifice pour un monde sans violence.