Paix et sécurité : l’impérieuse nécessité d’une force africaine d’intervention rapide

Par kibaru

En marge du 28e sommet de l’Union africaine, le Commissaire paix et sécurité de l’organisation panafricaine, Smail Chergui a animé une conférence de presse. Revenant sur les différents foyers de tension qui secouent le continent – Nord du Mali, Libye, Somalie, Centrafrique – il a insisté sur l’impérieuse nécessité de mettre en place dans les meilleurs délais une force africaine d’intervention rapide.

Il a aussi évoqué la stratégie africaine en matière de lutte contre le terrorisme et l’instabilité politique en Afrique.

Forces africaines communes

Selon Smail Ghergui, la lutte contre le terrorisme sur le continent est l’une des priorités de l’Union Africaine. Il a rappelé la décision prise lors du Sommet de Kigali en 2016 relative à la création d’un fonds dont les contours ont été l’objet d’une réunion au cours du présent Sommet d’Addis-Abeba. Un document fixant les règles et les mécanismes de fonctionnement de ce fonds aurait été ficelé et devrait être débattu lors de la prochaine réunion des ministres de l’Union africaine. Ces efforts s’inscrivent, d’après le Commissaire, dans le prolongement du processus de Djibouti et celui de Nouakchott.

L’ambassadeur Smail Chergui a également évoqué la mise en place d’une force africaine de réponse rapide qui a été adoptée lors du présent sommet, ce qui va permettre selon lui à cette nouvelle organisation de lancer ses opérations. «La Commission Paix et Sécurité est fortement impliquée dans le renforcement de capacité des pays membres et la première mission de la force en question sera  justement de s’atteler à cette tâche» a-t-il précisé. Les Chefs d’Etat-major des Etats membres de l’Union Africaine devront ainsi être conviés rapidement autour de ces questions.

La Paix difficile au Mali

S’agissant du Nord Mali, l’ambassadeur Chergui a souligné que le dernier attentat survenu à Gao, le mercredi 18 janvier dernier, visait à saborder les derniers accords de paix dont la première étape consistait à fédérer les ex-rebelles touarègues et des éléments de l’armée malienne au sein d’une même force pour lutter contre le terrorisme dans le pays. «D’une manière globale, selon le Commissaire, la Minusma doit disposer d’un mandat plus solide, d’où la proposition faite par l’Union Africaine de disposer d’une force au sein de la Minusma» a-t-il indiqué.

Combattre les «Chebabs »

S’agissant de la Somalie, l’ambassadeur Smail Chergui a souligné que la mission de l’Union Africaine dans ce pays a permis de sécuriser le processus électoral en cours et qu’il devrait déboucher bientôt sur l’élection du président de la République. Il s’agira aussi, dans ce cadre, de récupérer les régions encore contrôlées par les «Shebab» puis de procéder à la formation des forces armées et de sécurité de la Somalie. «La mission africaine dans ce pays doit être renforcée» a martelé Smail Chergui. Pour ce qui est de la solde des troupes africaines d’intervention, un accord aurait été conclu dans ce cadre avec les Nations-Unis, a-t-il expliqué, apportant un démenti sur les rumeurs liées au retrait des troupes burundaises et éthiopiennes des contingents africains en Somalie.

Affaiblissement de Boko-Haram

Le Commissaire Smail Chergui a aussi évoqué les forces mises en place autour du Lac Tchad pour combattre Boko-Haram, soulignant que ces forces ont permis d’affaiblir cette organisation terroriste qui ne contrôlerait plus aucune région et qui aurait même été chassé des forêts qui leur servaient de retraite. Il a salué au passage les soldats camerounais, tchadiens, nigérians et béninois pour leur contribution à cette force rapide d’intervention qu’ils ont mis en place à partir de leurs efforts et de leurs ressources propres.

La réconciliation libyenne

En ce qui concerna la question libyenne, l’ambassadeur Smail Chergui a déclaré que l’Etat Islamique a été vaincu dans ses principaux bastions (notamment à Syrte) et qu’il s’est replié vers le Sud, affectant dangereusement le Sahel. Il a souligné que la conférence des chefs d’Etat africains réunis à Addis-Abeba au dernier jour du 28ème sommet a renouvelé sa détermination à soutenir la mission de la Commission Paix et Sécurité dans ses démarches concernant le règlement de la question libyenne.

«Les populations souffrent car elles vivent une grave crise d’approvisionnement énergie ainsi que de problèmes de couverture sanitaire» a déploré le Commissaire Chergui. Il a rappelé la dernière réunion des Chefs d’Etat africains le 27 janvier dernier à Brazzaville et les décisions qui viennent d’être prises à ce propos. Il s’agit notamment de l’appel lancé aux parties prenantes (gouvernement et Chambre des représentants) pour la recherche d’une solution concertée. Il a été également proposé, selon lui, la révision de la constitution libyenne et la mise en place d’un gouvernement inclusif sur la base de concertations acceptées. Il fut aussi question de la situation humanitaire en Libye, avec la présence de milliers de réfugiés et de déplacés internes.

A la recherche d’une paix au Soudan Sud

Pour ce qui est du Soudan du Sud, l’ambassadeur Smail Chergui a déclaré que la crise dans ce pays continue d’être source de préoccupation. Il a souligné que la démarche de son département dans ce cadre consiste à relancer le processus de paix et de réconciliation entre les différents acteurs. Il a mentionné à ce sujet les actions entreprises par Alpha Oumar Konaré, l’Envoyé Spécial de l’Union Africaine au Soudan du Sud. «D’ailleurs, M. Konaré s’apprête à se rendre à Juba pour la relance des pourparlers» a-t-il conclu.

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