Sécurité au Nord du Mali : le chef de la délégation du CICR frustré par l’évolution de la situation

Par kibaru

 

En fin de mission au Mali, le Chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Bamako, Christoph Luedi a fait hier une sortie pour exprimer sa frustration et son amertume quant à la lenteur des avancées obtenues dans le cadre du processus de paix au Mali.

Pour lui, les autorités maliennes n’ont jamais vraiment repris le contrôle de tout le territoire au nord. Elles sont présentes dans des villes comme Gao et Tombouctou, mais toujours pas à Kidal, ni dans de nombreuses zones rurales encore contrôlées par une multitude de mouvements et groupes armés, à l’origine de la rébellion ou apparus ultérieurement. Il regrette le fait que certains groupes soient toujours capables d’actions d’éclat, comme l’attaque du 18 janvier à Gao revendiquée par Al-Mourabitoune.

Il a indiqué que ce genre d’attaques survient de manière régulière. Et leur but est de saboter les efforts de mise en œuvre de l’accord de paix signé entre le gouvernement et les deux alliances de mouvements armés – la Plateforme et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA) – grâce à la médiation internationale sous l’égide de l’Algérie en 2015. Avant d’indiquer que la volonté de certaines parties de faire en sorte que cette région échappe à tout contrôle pour des raisons politiques, économiques ou commerciales.

Selon l’humanitaire suisse, c’est la population qui paie le lourd tribut de cette détérioration de la situation sécuritaire. Il regrette aussi le fait que l’administration ne soit toujours pas revenue dans une grande partie du nord et dans certaines zones du centre. Une situation qui marque l’absence des services de base, augmentant ainsi la frustration et jetant certains Maliens dans les bras des groupes armés.  Tout en reconnaissant la lenteur des avancées, il loue les efforts consentis par la Communauté internationale pour améliorer cette situation.  L’humanitaire rappelle aussi que son organisation privilégie une assistance aux autorités maliennes, mais  celles-ci tardent à se redéployer.  Il affirme qu’en ce moment aucun délégué du CICR détenant un passeport de l’OCDE n’est présent dans le Nord du Mali.

On se rappelle que par le passé, cette organisation avait noué des contacts avec les groupes extrémistes pour obtenir la libération de certaines personnes. Cependant, elle n’a toujours pas été sollicitée pour apporter son concours dans l’enlèvement de deux otages, dont une française Sophie Pétronin à Gao et une Suisse à Tombouctou.