Tenue de la ziarra annuelle de Kouniakary (Région de Kayes) : La 17e édition placée sous le signe de la restauration du patrimoine culturel et religieux

Par kibaru

De nombreux pèlerins venus du Mali et d’autres pays de la sous-région ont participé durant quatre jours, à la 17ème édition de la ziarra annuelle à l’honneur de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall, à Kouniakary, localité malienne relevant de l’arrondissement de Séguéla, dans la région de Kayes. L’éclat de la cérémonie de clôture de ce rendez-vous religieux qui s’est déroulée, le samedi 10 mars dernier, a été rehaussé par la pose de la première pierre des travaux de restauration du Tata d’El Hadji Omar Tall qui était en état de délabrement avancé.

Près de 164 ans après sa construction par Thierno Djiby Bane, en 1855, le Tata d’El Hadji Omar Tall a beaucoup perdu de son lustre par manque d’entretien. Conscients de cette situation, les ressortissants de la commune urbaine de Kouniakary, notamment la diaspora, ont décidé de mettre la main à la poche pour démarrer les travaux de restauration de cet édifice religieux et culturel.

Selon Oumar Hamidou Soumaré, cadre au ministère de l’Artisanat et du Tourisme, originaire de la localité, déjà quand l’idée a été lancée, pas moins de 26 millions de FCFA ont été collectés. Pour lui, ce Tata a plusieurs valeurs d’où la nécessité de son introduction dans un circuit touristique pour en faire une activité génératrice de revenus qui pourront permettre de développer davantage la ville. Il convient de préciser que le coût global des travaux de restauration de cet édifice est estimé à 250 millions de FCFA.

Dans son mot de bienvenue, le maire de la commune, Bassirou Bane a salué la présence de la délégation ministérielle conduite par Mme Nidaye Ramatoulaye Diallo en charge du département de la culture et son homologue Cheick Sidiya Sissoko dit Kalifa chargé du département de l’Urbanisme et de l’Habitat. Outre ces deux personnalités, il y avait aussi des représentants des ministères des Maliens de l’extérieur, du Culte ainsi que de l’artisanat et du tourisme. Il a également salué la décision des autorités de classer le Tata comme patrimoine culturel national en 2011.

Pour sa part, le ministre de la Culture, Mme Ndiaye Ramatoulaye Diallo a apprécié ces journées marquées par des séances de prêche, de lecture du Saint Coran, de bénédictions pour la paix, de quiétude et de bonheur pour tous. Elle a profité de l’occasion pour remercier Thierno Amadou Hadi Tall, le calife général de la confrérie Tidjaniya de Nioro du sahel qui préside cette cérémonie. Pour elle, ce dernier est un « homme de vision et d’action ». Mme Ndiaye a salué la volonté des ressortissants de Kouniakary de prendre en main un patrimoine culturel et de rester fidèle à un « héritage musulman bâti sur le socle de la tolérance, de l’acceptation de la différence y compris cultuelle, d’écoute de l’autre et de dialogue interconfessionnel. Le Mali a besoin d’un recours à ses valeurs de paix et de citoyenneté, de tolérance intrinsèque à la Tarika Tidjania ». Elle a insisté sur la nécessité de préserver les valeurs et symboles historiques, architecturaux et socioculturels liés à cet édifice.

Par ailleurs, elle a mis l’accent sur les difficultés auxquelles est soumis ce haut lieu de l’histoire telles que les menaces anthropiques et naturelles, le manque d’entretien, l’urbanisation rampante, les interventions inappropriés comme les plantations d’arbres fruitiers et surtout l’effritement des berges du marigot Kirgou. D’après Mme Ndiaye, « le tata est un témoin historique, une marque identitaire pour Kouniakary, un lieu fédérateur qui a cristallisé pendant des siècles l’importance du passé, les traditions communautaires et les pratiques religieuses ». Autant de valeurs qui ont permis à ce site d’être inscrit à l’inventaire par arrêté en date du 16 décembre 1954 prononçant inscription des monuments naturels et des sites relevant de la France d’Outre mer et ultérieurement classé dans le patrimoine culturel national du Mali en date du 22 décembre 2011. Avant de saluer l’apport non-négligeable des communautés de Kouniakary dans la protection et la gestion quotidienne du patrimoine culturel qu’il soit matériel ou immatériel. Tout en espérant que cette occasion soit le prélude à d’autres cérémonies de rénovation à travers des actions de réhabilitation, de restauration et de construction.

Auparavant, le président du comité d’organisation, M. Sall a, au nom du Khalif de la famille Omarienne, Thierno Bassirou MountagaDaha Tall, salué l’implication des autorités maliennes et sénégalaises qui a rendu possible la tenue de cette cérémonie.

Pour rappel, le Tata de Kouniakary a été construit en moins de deux mois par 28 maçons venus de Saint-Louis (Sénégal). Il servait de protection contre les troupes françaises dirigées par le colonel Archinard, en lutte avec les ’’soldats’’ de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall.

Le tata a 117 mètres de long, 107 mètres de large et six mètres de hauteur. Il comporte huit tours construites de pierres plates extraites d’une carrière située à deux kilomètres.

Les travaux, selon les conservateurs de l’ouvrage, ont été dirigés par Thierno Djibi Bane, un habitant de Kouniakary - à six kilomètres de Kayes - et lieutenant de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall, qui a combattu la colonisation française.