Après l’acquittement du chroniqueur Ras Bath : Le ministre de la justice rend le tablier

Par kibaru

L’annonce a été faite, le lundi 27 novembre dernier, au cours du journal de 20 heures. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté a présenté sa démission au Premier ministre.  Il a été remplacé par Hamidou Younoussa Maïga, magistrat à la retraite, âgé de 67 ans et natif de Gao.

Cette démission de Me Mamadou I Konaté intervient 24 heures après l’acquittement par la Cour d’Appel de l’animateur Ras Bath. Ce dernier avait été condamné en juillet dernier à un an de prison ferme et au paiement d’une amende de 100 000 FCFA. Il était accusé  « d’incitation à la désobéissance des troupes ». Ainsi, à travers le verdict rendu par la Cour d’Appel, toutes les charges retenues contre l’animateur Ras Bath ont été abandonnées. Il faut dire que ce jour-là, des centaines de ses partisans s’étaient mobilisés et n’attendaient qu’un verdict défavorable pour monter sur leurs grands chevaux.

Cette décision a donc été suffisante pour causer la démission du ministre de la Justice, Me Mamadou I Konaté. Dans une lettre de démission qui lui est attribuée circulant sur les réseaux sociaux, l’avocat estime que cette décision va dans le sens de « l’apaisement et de l’accalmie ». Selon lui : « l’ambiance délétère du moment nous conduit à courber l’échine devant les anomalies, à fermer les yeux devant les violations et à accompagner les anomalies de peur des affres des troubles et des violences de rue ». Pour lui, en prenant une telle décision « le régime se sauve sans la République ». Avant d’ajouter que «  La quiétude des populations et la sauvegarde de leurs libertés, la défense de l’intérêt supérieur de l’Etat et la préservation du bien public, la lutte pour la justice et contre l’impunité des crimes et des crimes de sang en particulier sont des déterminantes essentielles en république ». Par conséquent, il s’est dit être dans « l’impossibilité de poursuivre ma mission à travers des actions efficaces, vigoureuses pour préserver les libertés et poursuivre leurs violations, pour défendre les deniers dissipés et les intérêts publics compromis et mettre en œuvre des actions idoines, pour poursuivre le crime de sang contre l’impunité... ».

Rappelons qu’avant sa nomination à cette fonction en juillet 2016, Me Mamadou Ismaël Konaté présidait le comité d’expert chargé de la révision de la Constitution. Il avait quitté ce poste, contre toute attente, alors que le Décret mettant en place cette structure (décret n° 2016-0235/PM-RM du 20 avril 2016) ne prévoyait aucun remplacement du président par les membres en cas de départ de celui-ci. Selon les propos qu’il tenait à cette période, beaucoup pensaient qu’il s’agissait de la rédaction d’une nouvelle Constitution et non la révision de l’ancienne qui date du 25 février 1992.

Par ailleurs, il faut aussi préciser que son remplaçant Hamidou Younoussa Maiga avait dirigé Élan Afrique à la Francophonie à Paris. Il était également la tête de liste du parti majoritaire pour le Conseil Régional de Gao. Il était ces derniers temps à la retraite mais au cabinet du Premier ministre. Avec cette nomination, il devient ainsi le 4e ministre de la Justice en 4 ans et le 2e magistrat à occuper ce poste.