Kidal et d’autres localités du Nord s’apprêtent à célébrer la « Journée du 6 avril » en grande pompe

Par kibaru

L’absence d’un consensus sur la question de l’Azawad apparait désormais comme une évidence pour tous. En effet, alors qu’elle était censée être un cadre pour trouver les causes profondes de la résurgence des crises cycliques au Nord du pays, tel que stipulé par l’accord, la Conférence d’Entente nationale que Bamako a abrité du 27 mars au 2 avril dernier, n’a pas pu trancher la problématique de l’Azawad. Si certains veulent qu’elle soit considérée comme une réalité socioculturelle, mémorielle et symbolique, d’autres partisans – les ex-rebelles notamment – tiennent à donner à ce que ce concept bénéficie d’un statut politique et d’une dimension territoriale. Un pas sera ainsi franchi en direction de l’Indépendance de l’illusoire « République de l’Azawad ».  

En effet, comme pour marquer l’événement et raviver les tensions, les ex-rebelles de la CMA et leurs souteneurs organisent ce jeudi 6 avril une cérémonie en grande pompe à Kidal et dans d’autres localités du septentrion malien sous leur contrôle. Ce, pour commémorer cette date qui marque le 5e anniversaire de la proclamation de l'illusoire « République de l’Azawad », le 6 avril 2012. Une annonce ouvertement rejetée par toute la Communauté internationale, y compris des Etats auxquels on faisait le reproche de leur être favorables.

Pourtant, beaucoup de moyens, dont on ignore la provenance, ont été injectés pour les préparatifs de cette journée qui risque d’être retentissante. C’est à croire que les ex-rebelles n’ont toujours pas fait le deuil de leurs velléités sécessionnistes et ne comptent pas rater une seule occasion pour le faire savoir. Une situation qui se produit alors que l’Etat malien a injecté énormément de moyens financiers, matériels et humains pour organiser la Conférence d’Entente nationale censée trancher la question de l’«Azawad » et bien d’autres qui sont à l’origine de la résurgence des rebellions cycliques. Malheureusement, non seulement ces questions n’ont pas été tranchées, mais en plus elles ont été confiées à un Comité d’experts et de sages en charge de l’élaboration d’un projet de charte pour la paix, l’unité et la réconciliation. Ce, sur la base des éléments du rapport général remis au président de la République, le jour de la clôture de la CEN, le dimanche 2 avril dernier.

Tout çà montre que cette rencontre, bien que son inclusivité ne souffre d’aucune ambigüité, n’a été qu’un simple gâchis. Puisqu’aucune décision majeure n’a été prise. A en croire les commentaires de certains participants très amers : « On n'a fait que tourner en rond pendant une semaine sans savoir la destination de ce train sans frein ».

En tout cas, rien qu’à voir les préparatifs de la journée d’aujourd’hui jeudi 6 avril au cours de laquelle les ex-rebelles comptent raviver revendications sécessionnistes, on est en droit de le croire. Surtout que cette célébration intervient alors qu’une importante délégation de la CMA composée du secrétaire général du MAA, Sidi Brahim Ould Sidatt et un cadre du HCUA, Radwan Ag Barhi, viennent de séjourner aux Etats-Unis où ils ont rencontré d’importantes personnalités dont des diplomates. De quoi ajouter un peu plus au flou que nous traversons dans ce processus de paix qui, deux ans après la signature de l’accord, n’a enregistré aucune avancée concrète. Cette situation se produit pourtant au nez et à la barbe des forces étrangères telles que les casques bleus de la MINUSMA et les forces françaises de Barkhane, transformées pour la circonstance, en spectateurs impuissants. Toutes choses qui montrent que le bout du tunnel est encore loin.