Le calvaire des migrants clandestins désireux de se rendre Europe

Par kibaru

Ces dernières années, l’immigration clandestine a pris une ampleur considérable et représente un véritable danger sur les plans économique, humanitaire et sécuritaire au niveau des frontières libyennes, maliennes et nigériennes. Le Mali est considéré comme l’un des pays ayant le plus souffert de ce phénomène avec la perte de nombreux bras valides voulant tenter l’aventure. Ainsi, des milliers d’Africains de toutes nationalités empruntent cette voie pour rejoindre la Libye en passant par l’Algérie. Ce, en raison de l’absence de l’Etat dans plusieurs zones frontalières

Pour certains, il ne s’agit rien d’autre que d’un trafic d’êtres humains à grande échelle. Ainsi, la localité d’In-Khalil, située à environ 800 km au nord-est de Tombouctou et 18 km près de la frontière algérienne est devenu l’un des endroits très prisés par ces individus. Lesquels sont soumis aux humeurs des représentants des groupes armés qui ne respectent aucune loi en la matière.

Agé de 27 ans, Ahmed Ndiaye est un jeune Sénégalais vivant à In-Khalil depuis deux ans. A la question de savoir ce qu’il fait dans un endroit aussi désertique, il répond qu’il cherche un passeur pour poursuivre son chemin vers la Libye via l’Algérie. Pour lui, que cela soit de l’immigration clandestine ou régulière, l’important c’est qu’il gagne sa vie et améliorer sa situation financière vu le taux de chômage élevé qui frappe nos pays et le manque de perspective d’avenir pour les jeunes. L’intéressé dit avoir plusieurs fois tenté l’immigration régulière, sans réussite faute de moyens. S’agissant de la route qu’il emprunte, Ndiaye indique que qu’il va d’abord chercher un passeur qui lui fera entrer en Algérie par le désert. Avant de regagner la Libye pour prendre les embarcations de fortune. L’un des obstacles majeurs serait le comportement des gardes-frontalières qui sont parfois très imprévisibles. Parfois, ils leur arrivent d’être corrompus et s’ils refusent de céder à la tentation, les migrants n’ont d’autre choix que de les semer à l’aide des passeurs.

Toutefois, il raconte que certains passeurs peu scrupuleux n’hésitent pas à s’en prendre aux migrants en leur dépouillant avant de les jeter dans le désert. Notre source de renchérir que parfois, ces passeurs découpent même les migrants une fois les avoir tué pour menacer ceux qui ne suivent pas leurs instructions de connaitre le même sort. D’ailleurs, certaines personnes vivant dans cette zone ont affirmé avoir plusieurs fois découvert des corps mutilés. Dès fois, ce sont les gardes-frontalières qui mettent la main sur des conteneurs transportant des organes humains congelés.

Ainsi, pour ceux qui ont plus de chances, la Libye serait la destination de tous ces migrants regroupés à In-khalil pour arriver en Europe à partir de l’Afrique du Nord. C’est là que les passeurs les font monter à bord des embarcations de fortune. Direction : l’Ile italienne de Lampedusa, située entre Malte et la Tunisie. Ce que confirme Djibril Touré du haut de ses trente ans. Lui qui connait bien cette route pour l’avoir emprunté en 2013 avant d’être expulsé par les Libyens au Niger. Actuellement, Djibril Touré vit à In-Khalil et passe son temps à travailler pour rassembler le maximum d’argent lui permettant de tenter la même aventure pour la Libye. Sur place, il va emprunter ces embarcations de la mort pour les côtes européennes. Concernant le montant de ce périple, il estime que même un million ne suffiront pas pour tout le trajet. Selon lui, la route est longue et les passeurs sont nombreux a son prix. Il explique que d’In-Khalil pour la frontière algérienne, il faut près de 100 000 FCFA. Sur place, il faut aussi payer pour poursuivre son chemin, sans compter le transport qui constitue un obstacle majeur sur la route des migrants.

Selon un responsable du MNLA qui contrôle plusieurs localités frontalières, des centaines, voire des milliers de migrants sont aujourd’hui entassés à In-Khalil en attendant des passeurs. Il a indiqué que les hommes de ce mouvement ne peuvent pas contrôler les mouvements de toutes ces personnes dont certains sont même recrutés par des groupes terroristes. Une situation consécutive à la crise sécuritaire qui frappe la zone depuis 4 ans. Ainsi, malgré la présence des gardes-frontalières notamment du côté algérien, il est très difficile de surveiller les mouvements de toutes ces personnes. En tout cas, cette situation montre l’urgence d’une mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger afin que les frontières du pays soient mieux sécurisées.