Ould Hamadi : « Le soutien accordé à l’autorité intérimaire de Tombouctou est très insignifiant »

Par kibaru

La situation sécuritaire dans la région de Tombouctou ne cesse de se détériorer. Cela malgré l’installation de l’autorité intérimaire, le changement de gouverneur et bien d’autres mesures. C’est ainsi que votre site d’informations www.kibaru.ml est allé à la rencontre du président de l’autorité intérimaire de Tombouctou, Boubacar Ould Hamadi, pour l’interviewer. Dans cet entretien exclusif, il a exposé les difficultés auxquelles cette structure prévue par l’accord, est confrontée depuis son installation. Il revient aussi sur les efforts qu’il a déployés depuis sa prise de fonction pour ramener la paix et la stabilité dans la région.

www.kibaru.ml: Quel est le rôle joué par l’autorité intérimaire dans la région de Tombouctou ?

Boubacar Ould Hamadi : Le rôle que joue l’autorité intérimaire c’est de préparer le retour de l’administration malienne dans la région et assurer son développement veillant au redéploiement des services sociaux de base. Notre rôle est aussi de préparer le retour des réfugiés et des déplacés. Nous instaurons également un dialogue social entre les communautés, les leaders d’opinions et les mouvements armés.

www.kibaru.ml: Certes, vous jouez tous ces rôles qui sont très importants. Quelles sont les réalisations à mettre à votre actif ?

Boubacar : Parmi les réalisations que nous avons faites depuis notre prise de fonction, nous travaillons sur un projet qui sera mis en œuvre durant toute la période que nous allons rester aux affaires. Ceci, en collaboration avec les autorités maliennes, les autres protagonistes, les partenaires et le gouverneur de Tombouctou. Nous avons également élaboré un programme et nous l’avons présenté aux concernés et à ce jour nous n’avons reçu aucun soutien. A ce sujet, nous avions même prévu une réunion ce mois-ci avec le gouvernement, mais qui a finalement été reportée au mois prochain. Nous comptons y invitons tous les partenaires désireux de soutenir le programme des autorités intérimaires et qui pourront prendre en charge le retour des services sociaux de base tels que l'éducation, la santé et problème de sécurité. Ceci dit la région de Tombouctou est relativement calme comparée à d’autres.
Par ailleurs, nous travaillons sur un projet sécuritaire pour mettre un terme au vol de voitures et les animaux ainsi que la protection des personnes et de leurs biens à Tombouctou et ses environs. C’est donc un vaste chantier que nous comptons initier en collaboration avec le gouverneur de région et celui de la région de Taoudéni. D’ailleurs, nous nous sommes réunis avec ces deux chefs des exécutifs locaux en présence de toutes les tribus et les forces vives des deux régions afin de trouver une solution par laquelle nous pouvons soutenir les mouvements, l'armée et l'État pour sécuriser les populations et leurs biens.

www.kibaru.ml: Ce programme sécuritaire sera-t-il élaboré en coordination des mouvements armés et l’armée malienne ?

Boubacar: Oui, il n’y a aucun doute là-dessus. Nous avons mis en place une commission dans la région de Tombouctou composée de 12 à 13 mouvements dont un représentant par mouvement. Cela, en plus du gouverneur et ses conseillers qui représentent les mouvements avec la participation des notables et de tous les symboles de la région. Il s’agit ainsi de créer une véritable synergie d’action pour sécuriser la population ainsi que les ONG humanitaires qui jouent un rôle important au profit de la population. Lorsqu’on ne les sécurise pas celles-ci, elles ne pourront plus accomplir leur travail convenablement.

www.kibaru.ml: Quelques mois après l’installation des autorités intérimaires au Nord du Mali, il était prévu de mettre en place de conseillers locaux. Où en est-on avec ce dossier ?

Boubacar: Jusqu'à présent, nous ne sommes pas encore parvenus à cette étape, mais nous y travaillons en coordination avec toutes les parties. Puisque il est nécessaire d’avoir une coordination entre les organisations humanitaires, celles en charge du développement, l’Etat et ses partenaires, la MINUSMA ainsi que les mouvements armés. Il faut que tout le monde soit associé pour garantir la réussite du programme. Le problème est que toutes les régions du Nord sont interdépendantes et la situation d’instabilité chronique dans laquelle se trouve la région de Kidal nuit à la mise en œuvre effective des programmes des autorités intérimaires.
A ce jour, il n’y aucun soutien tangible et palpable pour les autorités intérimaires. Tout ce que nous recevons ce sont de maigres ressources qui ne suffisent même pas à supporter la moitié des charges. Pour inverser la tendance, nous avons mis en place un plan de travail en veillant à associer toutes les parties pour mieux répondre aux nombreuses attentes des populations, notamment celles concernant le retour des réfugiés et l’organisation des élections locales.

www.kibaru.ml: Ces derniers temps, les gens parlent beaucoup d’une mission que vous avez récemment menée en France avec une délégation d’élus locaux de la région de Tombouctou. Pouvez-vous nous expliquer le but de ce voyage?
 
Boubacar:
Nous avons effectué ce déplacement sur invitation de la ville de Lyon, qui est un partenaire de longue date de la région de Tombouctou. Notre objectif visait à relancer les relations de coopération liant ces deux régions. Je crois que nous sommes arrivés à ce résultat. Les échanges ont porté autour du soutien que Lyon pouvait apporter à notre région. A noter que le partenariat entre Tombouctou et Lyon remonte à 1983 et notre souhait c’est de le redynamiser pour la prise en compte des activités de l’autorité intérimaire. Nous avons pu redynamiser un programme qui s’étend jusqu’en 2018. Les Lyonnais vont nous accorder un soutien modeste d’ici la fin de cette année. Parmi les secteurs qui seront pris en comte figurent la santé et l’éducation dans la région de Tombouctou.

 www.kibaru.ml : Vous devez sans doute être le plus jeune à accéder à la fonction de président de l’autorité intérimaire de Tombouctou. Quel est votre message à l’endroit de la jeunesse du Mali en général et celle de Tombouctou en particulier?

Boubacar : Je ne suis peut-être pas le plus jeune à présider une autorité intérimaire. Je pense que le président du collège transitoire de Ménaka doit être plus jeune que moi. Cependant, je ne nie pas le fait que je sois jeune. Dans tous les cas, en tant que jeune, le conseil que j’ai à donner aux jeunes au Mali, est que le changement est devenu une impérieuse nécessité. Il faut que les jeunes soient présents et que leur présence soit effective et qu’ils puissent assumer des responsabilités.il faut que les jeunes sachent aussi que nous avons franchi d’importantes étapes dans  la lutte. Actuellement, nous entrons dans une nouvelle phase de développement, de paix et de stabilité. Il faut qu’on y entre en étant sérieux et instaurer un dialogue pour la réussite du processus.