Remise hier de la Charte au président IBK : la CMA boycotte la cérémonie

Par kibaru

Le président de la Conférence d’entente nationale, le Médiateur de la République, Baba Ahkib Haïdara a remis, hier mardi 20 juin, « la Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation au Mali », prévue par l'Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali issu du processus d'Alger. S’y ajoute la remise d’un autre document intitulé « la cartographie des terroirs de la République du Mali ». Laquelle est une recommandation issue de la conférence d'entente nationale tenue à Bamako du 27 mars au 2 avril 2017. Cependant, la cérémonie a été boycottée par les responsables de la CMA qui n’ont pas apprécié le contenu du document.

La Conférence d'entente nationale avait permis de recueillir les éléments pour l’élaboration de cette Charte. Celle-ci en plus de la Conférence d’entente nationale sont des dispositions de l'Accord pour la paix, et la réconciliation nationale au Mali issu du processus d'Alger.

La date de ce 20 juin 2017, deuxième anniversaire de la signature de cet accord, a été retenue pour la remise solennelle de la Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation nationale. Une manière pour le Chef de l’Etat de célébrer le deuxième anniversaire de l’Accord signé à Bamako, le 20 juin 2015 par la CMA (Coordination des Mouvements de l'Azawad).

La Charte remise hier mardi 20juin solonellement au Président IBK comporte 3 points essentiels. A savoir : le Préambule (résumé de l'historique de toutes les crises vécues au Mali de 1960 à nos jours, coups d'état et rebellions) les fondamentaux (les valeurs partagées, la vision commune, les principes) et les mesures (par rapport à la paix, par rapport à l'unité et par rapport à la réconciliation nationale).

La Coordination des Mouvements de l´Azawad (CMA) qui a boycotté la cérémonie, a déclaré dans un communiqué rendu public hier, avoir appris avec regret l’organisation d’une cérémonie de remise officielle au président de la République de la Charte pour la paix, l´unité et la réconciliation au Mali ce 20 juin 2017. « Le document final qui nous est parvenu est malheureusement le même projet qui a été exposé pendant les missions de concertations sans aucune prise en compte des recommandations issues de ces missions » déclarent les ex-rebelles.
Ils ont également regretté « la persistance et l´insistance de la partie gouvernementale á évoluer unilatéralement en violations des dispositions de l’Article 5 de l’Accord, tout en balayant d´un revers de main toutes les positions exprimées par ses représentants au sein de la commission spéciale chargée de la rédaction de la charte aussi bien que celles des populations de l´Azawad de l’intérieur, de la diaspora et des refugiés par rapport à la problématique de l’Azawad ».
Tout en rappelant les concessions et sacrifices consentis par elle, la CMAévoque un « déni radical et systématique de la part de l’Etat de la problématique de l´Azawad telle que formulée par les populations durant tout le processus ». De ce fait, elle a rejetté le document, « qui ne saurait nullement l’engager dans son format actuel ».

Joint par nos soins, un responsable de la CMA a déclaré que le document remis au Chef de l’Etat n’a pas pris en compte certaines préoccupations soulevées par les citoyens aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays. Apparemment, la questionqui fâche est toujours la même. En effet, la CMA souhaite toujours une reconnaissance de l’Azawad comme entité territoriale et politique. Ce que rejette l’Etat qui veut donner à ce terme un contenu géographique culturel et historique. Rappelons que l’accord qui avait relégué le règlement de cette question à la Conférence d’entente nationale explique le terme comme une « réalité humaine, socio-culturelle mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord ».