À 17 ans, le Camerounais Nji Collins Gbah est devenu le premier représentant d'un pays africain à remporter le grand prix du code-in contest de Google. Une prouesse que cet adolescent n’aurait jamais imaginé accomplir.
En juin prochain, Nji Collins Gbah a rendez-vous avec Google à Mountain View. Ce jeune Camerounais de 17 ans est convié au Googleplex, le QG du géant d'Internet. Sur invitation du mastodonte de la tech, qui plus est. Il y a quelques semaines, il n’aurait jamais imaginé se rendre en plein cœur de la Silicon Valley américaine.
Mais tout a changé le 30 janvier lorsque Google a annoncé que Nji Collins Gbah était parmi les 34 vainqueurs du code-in contest, un concours informatique annuel réservé aux jeunes de 13 à 17 ans. Il est alors devenu le premier représentant d’un pays africain à gagner cette prestigieuse compétition, qui a vu s’affronter plus de 1 300 adolescents de 62 pays autour de tâches de codage, de recherche et de documentation ou d’interface utilisateur . “J’ai été stupéfait et vraiment fier d’être le premier représentant du continent à remporter ce grand prix”, s'exclame le jeune génie du code.
Internet toujours coupé
Il s’est inscrit au concours avant tout pour “apprendre des nouvelles choses et s’amuser en rencontrant d’autres jeunes d’un peu partout dans le monde qui partagent les mêmes centres d’intérêt que moi”, raconte-t-il. Il reconnaît en outre, que concourir depuis la ville de Bamenda (ouest du Cameroun) – où “les ressources informatiques comme le matériel, le réseau et les personnes compétentes, sont bien moindres que dans d’autres villes hyperconnectées du monde” – ne jouait pas en sa faveur.
Le contexte politique camerounais aurait même pu remettre en cause toute sa participation au concours. Face à un mouvement de contestation dans les régions anglophones, le gouvernement a coupé l'accès à Internet depuis le 17 janvier dans une partie du pays. La veille, Nji Collins Gbah avait tout juste bouclé son marathon de codage pour la compétition. Un mois plus tard, “Internet n’est toujours pas revenu, ce qui est un problème pour la plupart des gens ici. Cela affecte évidemment ma capacité à étudier l’informatique et surtout à contacter d’autres développeurs dans d’autres pays”, regrette ce lycéen qui espère un prompt retour à la normale.
Sur un ordinateur vieux de six ans
Mais Nji Collins Gbah, qui se décrit comme “un adolescent ordinaire avec un penchant pour l’informatique et la peinture”, a aussi travaillé d'arrache-pied. Il s’est mis à l’informatique il y a seulement deux ans, poussé par un intérêt “pour les animations [effets spéciaux, films d’animation] que j’ai vu au cinéma”, explique-t-il. Depuis, il passe la quasi-totalité de son temps libre à apprendre. “Je m’exerce dès que je peux au lycée, après l’école, et chez un ami qui est aussi devenu mon premier mentor, Wisdom Nji”, précise le jeune homme.
Chez lui, il s’entraîne sur l’ordinateur que son père lui a cédé. Une machine vieille de six ans – une éternité dans le monde informatique – avec 3 petits gigabit de RAM (mémoire vive) et qui tourne sous ElementaryOS, un système d’exploitation gratuit concurrent de Windows et MacOS. La preuve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir le nec plus ultra du matériel pour briller en informatique.
Il espère que sa passion lui permettra un jour d’en faire son métier, “si possible dans le domaine de l’intelligence artificielle, car c’est actuellement le secteur le plus prometteur pour moi”. Nji Collins Gbah pourra très probablement confronter son rêve à la réalité durant son séjour de quatre jours dans la Silicon Valley. Durant quatre jours il côtoiera certains des ingénieurs les plus brillants du monde dans ce “lieu d’inspiration de toujours”.
France24