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Soutien onusien au G5 Sahel: Paris veut faire plier Washington

Par kibaru

La France s'engage lundi 30 octobre dans une intense bataille diplomatique avec les Etats-Unis. Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian va tenter de convaincre ses alliés américains d'apporter un soutien onusien à la force africaine antiterroriste dite du « G5 Sahel » lors d'une réunion du Conseil de sécurité. Mais Washington reste très méfiant à l'égard d'un financement onusien et s'apprêterait à annoncer au contraire une aide bilatérale conséquente.

La semaine qui s'ouvre sera décisive pour la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel. La France et les partenaires régionaux sont à la recherche du soutien des Nations unies.

Côté américain, on pourrait annoncer très prochainement un soutien de plusieurs dizaines de millions de dollars à la force africaine - 50 millions selon une source, rapporte notre correspondante au siège de l'ONU, Marie Bourreau. Pas question cependant que cet argent soit investi via l'ONU. Washington estime que le cadre opérationnel et stratégique des forces antiterroristes du G5 n'est pas assez bien défini.

Mais le voyage du Conseil de sécurité au Mali, la semaine dernière, et surtout l'embuscade qui a coûté la vie à quatre soldats des forces spéciales américaines début octobre au Niger ont fait bouger les lignes. Les Américains ne peuvent plus fermer les yeux sur la dégradation de la sécurité dans la région et cela d'autant plus que le sénateur américain Lindsey Graham a estimé qu'il y aurait davantage d'actions, sous-entendu militaires, américaines en Afrique.

Antonio Guterres a recommandé une aide accrue à la force conjointe et déjà formulé des propositions. Cette aide bilatérale est donc bienvenue mais pas suffisante pour Paris qui souligne la nécessité absolue d'un engagement moral de l'ONU pour superviser les opérations de contre-terrorisme et combler les lacunes logistiques de la force du G5 Sahel. C'est le message que portera Jean-Yves Le Drian qui entend bien mettre Washington devant ses responsabilités.

Quel budget ?

« Maintenant, il faut montrer que la force fonctionne », laisse-t-on entre à Paris, au moment où se prépare la toute première opération conjointe qui devrait impliquer trois bataillons, un malien, un burkinabè et un nigérien.

Le G5 a évalué les besoins financiers à près de 450 millions d'euros. Mais Paris estime que cette force de 5 000 hommes pourrait fonctionner avec 260 millions d'euros : 200 millions d'euros pour y entrer, 60 millions par an pour le fonctionnement. La force dirigée par le général Malien Didier Dacko a installé son quartier général  à Sévaré dans le centre du Mali, et la première opération sera conduite  depuis le PC tactique de Niamey, toujours en cour d'équipement. Deux autres PC devraient  encore voir le jour en Mauritanie et au Tchad, mais pour l'instant ces deux pays un peu plus éloignés de la zone de confrontation semblent moins pressés.

La mise en place de la force comprendra un volet équipement, un volet entrainement, et un volet partenariat opérationnel. Après la mise à disposition de matériels et d’équipements, les forces armées du Burkina viennent ainsi de suivre une période d’entraînement au combat de deux semaines en vue de leurs futures opérations au sein de la force conjointe. Le pleine capacité opérationnelle de la force est annoncée courant 2018.

RFI