C'est un coup de filet qui sera le bienvenu pour les pays d'Afrique de l'Ouest et du Sahel.
Alors que les gouvernements de la sous-région continuent de souffrir des attaques de groupes armés, l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) publie ce lundi les résultats d'une nouvelle saisie d'armes légères, de munitions et de produits de contrebande.
Du 30 novembre au 6 décembre, l'opération transfrontalière de contrôle des trafics illicites d'armes à feu "KAFO II" a permis la saisie (entre autres) de plus de 40 000 bâtons de dynamite, de 6 000 cartouches, d'une tonne et demie de drogue et de quelques soixante mille litres de carburants de contrebande.
Répartis entre le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, le Niger et le Mali, les agents d'INTERPOL et de l'Office des Nations unies contre les drogues et le crime (UNODC),en coopération avec les services nationaux des Douanes, de Police et de Gendarmerie affirment s'être livré à plus de 12 000 opérations de contrôle.
L'opération baptisée "KAFO II" ("agir ensemble" en langue Diola et Bambara) est le second volet d'un programme mis en place pour aider les gouvernements locaux à identifier les potentiels trafics bénéficiant aux groupes armés qui sévissent dans la région. "Le trafic d'armes à feu est une activité lucrative qui, à son tour alimente et finance d'autres crimes sérieux" a affirmé dans un communiqué le Secrétaire Général d'INTERPOL Jürgen Stock lors de la publication des résultats de l'enquête.
Réseaux transfrontaliers et financements multiples
Le recours à d'autres activités criminelles, comme le trafic de drogue ou la vente de produits de contrebandes, n'a rien de nouveau dans le financement des groupes armés.
Les cellules rattachées à des groupes majeurs comme le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) ou l'Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) s'appuient sur un auto-financement souvent dérivés de différents trafics ou de rackets.
Parmi les biens de contrebande confisqués lors de "KAFO II", des larges quantités d'essence saisies au Mali et au Niger: l'indice d'un trafic en provenance du Nigéria et destiné à alimenter les groupes affiliés à Al-Qaïda dans la zone selon les enquêteurs d'INTERPOL, qui affirment également que les bâtons de dynamite retrouvés parmi les cargaisons inspectées serviraient à l'exploitation illégale de minerai d'or. Une source de revenu nouvelle, qui serait même devenu "un terrain de recrutement" au Sahel, selon l'organisation internationale.
Plus étonnant parmi les nombreux articles confisqués, et une nouveauté propre à 2020: des gants, des médicaments et du gel hydro-alcooliqu**ede contrebande. Un résultat de la pandémie de Covid-19, mais également une preuve de la diversification des rentrées d'argent des groupes armés, alors que le marché pour ce genre de produit à explosé depuis le début de la pandémie, alimenté par des** stocks quasi-vides selon les régions.
Coopérer pour lutter contre les groupes armés
Alors qu'une coopération transfrontalière accrue est réclamée ces dernières années par les différents gouvernements et membres de la société civile de la région, la prise réalisée vient une nouvelle fois prouver l'importance d'une coopération régionale dans la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest.
L'évidence d'une absence de respect des frontières nationales était très tôt apparue avec l'extension des zones d'influence du GSIM et le l'EIGS sur la "zone des trois frontières", à cheval entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Mais la force conjointe du G5 Sahel, coalition militaire régionale mise sur pied pour combattre les groupes djihadistes, peine encore à trouver une réponse efficace aux groupes.
Aujourd'hui, plus que dans les victoires sur le plan militaire, c'est à travers l'instauration de systèmes de lutte contre les trafics en tout genre que les pays du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest jouent leur survie face à la menace djihadiste.
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