Forfaits téléphoniques : plus de 89 milliards FCFA collectés en huit mois

Par kibaru

Le Fonds de soutien aux projets d’infrastructures, financé par les taxes prélevées sur les recharges téléphoniques et les retraits mobile money, a enregistré plus de 89 milliards FCFA entre mars et novembre 2025. Les chiffres, confirmés par le Trésor, montrent l’ampleur d’un mécanisme fiscal devenu l’une des principales sources de financement de l’État.

Créé par l’ordonnance n°2025-008/PT-RM du 7 février 2025, le Fonds de soutien aux projets d’infrastructures de base et de développement social est alimenté par un prélèvement direct sur la consommation téléphonique et sur les transactions financières via mobile money. Le dispositif est entré en application à la fin du mois de février, lorsque les opérateurs télécoms ont commencé à appliquer une taxe de 10 % sur chaque recharge ou forfait Internet et 1 % sur chaque retrait mobile money, mesure officiellement destinée à financer des secteurs jugés prioritaires. Le relèvement à 7 % de la taxe TARTOP sur le chiffre d’affaires des opérateurs est venu renforcer l’ensemble.

Selon les données publiées par le directeur général du Trésor le 7 novembre 2025, le Fonds a mobilisé 89 172 029 424 FCFA depuis son entrée en vigueur. Les premiers relevés annoncés le 14 juillet faisaient état de 34,7 milliards FCFA collectés après environ trois mois d’application du dispositif. La montée en puissance s’est accentuée durant le second semestre, portant le total à plus de 89 milliards FCFA sur environ huit mois de prélèvements effectifs.

Les ressources ainsi mobilisées ont été affectées en grande partie aux secteurs jugés urgents. En juillet, un premier tirage de 24 milliards FCFA a été orienté vers EDM-SA pour l’achat de combustible, l’entretien des centrales et la stabilisation de la production électrique. En novembre, un second tirage de 6,265 milliards FCFA a été dédié au même opérateur pour renforcer l’approvisionnement en vue de la période de forte consommation.

Parallèlement, 50 milliards FCFA ont été attribués au ministère en charge de la Sécurité et de la Défense dans le cadre des priorités nationales définies par le comité de pilotage du Fonds. À la date de la déclaration du Trésor, un peu moins de 9 milliards FCFA restaient disponibles sur le compte du Fonds.

Sur le terrain, le dispositif a une portée immédiate sur les consommateurs. À chaque recharge, les utilisateurs constatent que le montant de crédit reçu est amputé du pourcentage destiné au Fonds. Le mobile money, aujourd’hui essentiel aux transferts familiaux et à l’activité économique quotidienne, supporte également un prélèvement sur chaque retrait. Le rôle des opérateurs se limite à collecter et reverser les taxes à l’État, conformément aux textes qui encadrent le dispositif.

Dans un contexte marqué par la hausse du coût de la vie, les coupures d’électricité et la pression sur les finances publiques, ce mécanisme fiscal est devenu l’une des principales sources de financement rapidement mobilisables par l’État. Les autorités affirment que ces ressources permettent de soutenir des projets considérés comme stratégiques, notamment dans le domaine de l’énergie et de la sécurité. Plusieurs observateurs rappellent toutefois que l’essentiel de la charge repose sur les ménages, très dépendants du mobile money et des forfaits téléphoniques pour leurs activités quotidiennes.

La progression rapide des montants collectés, les affectations déjà réalisées et les impacts sur le marché des télécommunications placent désormais ce Fonds au cœur du débat économique et social. Les prochains mois devraient permettre d’observer comment les ressources restantes seront réparties et si les prélèvements connaîtront une révision ou un ajustement dans le cadre de la politique budgétaire de 2026.