Réforme de la police sanitaire animale : un dispositif actualisé pour un secteur en mutation

Par kibaru

Les autorités ont décidé de moderniser la police sanitaire animale, fondée depuis plus de vingt ans à travers la Loi n°01-022 du 31 mai 2001. L’objectif est d’adapter le dispositif aux réalités actuelles de l’élevage et aux risques sanitaires qui concernent l’ensemble de la région.

La loi de 2001 et son décret d’application avaient structuré la prévention et la lutte contre les maladies animales, mais l’évolution du secteur a révélé des limites : extension des zones d’élevage, intensification des échanges de bétail, nouveaux circuits commerciaux, et apparition de maladies qui exigent une réaction plus rapide. Les anciens textes ne permettaient plus d’encadrer efficacement ces dynamiques, ce qui a motivé une révision en profondeur.

Les nouveaux textes introduisent plusieurs changements dont une redevance pour la délivrance des certificats sanitaires, une clarification des responsabilités entre services vétérinaires et collectivités ainsi qu'une adaptation aux transferts de compétences opérés ces dernières années. Cette redistribution des rôles doit permettre d’agir directement au niveau local, là où les premiers signaux d’alerte apparaissent.

L’expérience des pays voisins montre que les retards d’intervention peuvent coûter cher. Le Niger a revu ses procédures après les épisodes de grippe aviaire de 2022 et le Burkina Faso a renforcé ses contrôles après la découverte de foyers de charbon bactéridien en 2023. La circulation du bétail entre les frontières rend indispensable une approche plus coordonnée pour limiter l’apparition de maladies animales ou zoonotiques.

Toutefois, l’analyse des spécialistes est prudente. En effet, la réforme donne un cadre plus clair, mais son efficacité dépendra de moyens réellement disponibles sur le terrain, du renforcement des inspections et de la capacité à intervenir vite dans les zones éloignées. Les vétérinaires demeurent peu nombreux, les postes frontaliers sont souvent débordés et certaines collectivités manquent encore des ressources nécessaires pour assumer pleinement leurs nouvelles responsabilités.

Cette actualisation vise toutefois à rendre le dispositif plus cohérent et plus réactif, afin de mieux protéger un secteur vital pour l’économie nationale et pour les revenus de millions d’éleveurs.