Les localités burkinabé situées le long de la frontière avec le Mali – où des milliers de réfugiés maliens sont établis – sont en proie à une vague de violences. En effet, des affrontements farouches opposent l’armée burkinabé à des groupes terroristes. Lesquels sont non seulement issus des rangs du mouvement Ansarul islam, mais aussi du « groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans » d’Iyad Ag Ghali. Ce dernier a revendiqué sept attaques perpétrées en territoire burkinabé depuis l’annonce de sa création en mars 2017. Conséquence : Des réfugiés maliens et des Burkinabé vivant dans ces zones affluent massivement vers la localité de Gossi, menacée par une grave crise humanitaire.
Le moins que l’on puisse dire c’est que cette situation a entrainé de nombreuses victimes collatérales. Il s’agit des populations civiles prises entre deux feux à savoir l’armée et les groupes djihadistes. Ainsi, un important mouvement de populations a été observé ces jours-ci près de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Les deux camps de réfugiés maliens établis au Burkina Faso, à savoir Djibo et Mentao, sont en train de se désemplir de leurs populations.
Ces zones sont très souvent considérées comme servant de bases-arrières soupçonnées d’abriter des éléments armés qui mènent des assauts contre l’armée burkinabé. En riposte, celle-ci mène également des descentes dans ces endroits pour retrouver les assaillants. Chose qui a amené certaines organisations de défense des droits de l’homme comme Human Right Watch à parler de « bavures » perpétrées dans ces camps.
Cette situation a fait fuir de nombreux réfugiés maliens qui ont préféré regagner le bercail même si toutes les conditions, sécuritaires notamment, sont loin d’être réunies. De bonnes sources, ils sont des milliers de réfugiés maliens (dont des femmes et des enfants) à avoir effectué ce retour au pays natal. La plupart d’entre eux sont établis à Gossi – localité relevant de la région de Tombouctou et située à 160 km au sud-ouest de Gao – et ses environs.
Par ailleurs, aux côtés des réfugiés maliens et des déplacés qui ont préféré s’établir dans ces localités, ils sont également des milliers de Burkinabé résident près de la frontière entre les deux pays à avoir fui vers le Mali. La plupart d’entre eux sont aussi à Gossi et ses environs. Une situation qui crée souvent des tensions entre autochtones et nouveaux arrivants. Car, faut-il le rappeler, Gossi, comme la plupart des localités qui l’entourent, fait face à d’énormes contraintes. L’hivernage passé est loin d’avoir satisfait toutes les attentes et les récoltes n’ont pas été très concluantes. S’y ajoute le manque d’eau poussant certains à consommer celle de la mare avec tous les risques que cela peut engendrer.
De nos jours, ce sont seulement des ONG qui se mobilisent. Ainsi, le HCR et ses partenaires sont en train d’aménager 80 sites censés abriter toutes ces personnes. Déjà, une première distribution de vivres, qui a concerné près de 1500 personnes a été faite par le PAM et l’ONG « Islamic Relief ». Toutefois, cette situation est loin de couvrir toutes les attentes. Ainsi, à l’approche de la période de forte chaleur, beaucoup redoutent des crises humanitaires tellement les besoins sont importants. Il y a donc une urgence d’intervenir rapidement avant que la situation ne soit totalement hors de contrôle.
Massiré DIOP