Présentement en Arabie saoudite pour les besoins du pèlerinage, l’ancien maire de Talataye, Salah Ag Ahmad a organisé, courant ce mois d’août, une rencontre en Arabie Saoudite avec une partie de la diaspora Dawsahak établie dans ce pays.
Dans son intervention dont l’enregistrement vocal circule sur les réseaux sociaux, il tente apparemment de convaincre les ressortissants de cette communauté à tolérer la présence des djihadistes. Il les appelle à arrêter de combattre ou de dénoncer ces derniers.
Salah Ag Ahmad a également expliqué la stratégie mise en place par les djihadistes qui consiste à ne s'attaquer qu'à ceux qui s’en prennent à eux. C’est ainsi qu’il a cité l’exemple de la CMA qui, à ses yeux, joue bien le jeu. Il a aussi donné le nom de certains combattants du MSA qui ont fait leurs armes à la CMA alors qu’ils sont issus des rangs des groupes djihadistes. A ce sujet, il n’a pas manqué d’évoquer le nom de Adam Ag Albachar, tué en octobre dernier, à Ménaka, en raison de son implication dans la lutte antiterroriste.
Poursuivant son monologue, Salah Ag Ahmad a expliqué des techniques pouvant permettre aux Dawsahak de vivre en parfaite harmonie avec les djihadistes. Selon lui, la communauté Dawsahak doit arrêter de collaborer avec les soldats français. Prenant l’exemple sur les négociations en cours entre les Américains et Talibans, l’ex-maire de Talataye dit ne pas comprendre « qu'un simple berger Dawsahak sur sa moto n'accepte pas son voisin terroriste ».
Pour lui, malgré la division « des communautés de l'Azawad dans les différentes organisations, cela ne crée pas le chaos que connaissent les Dawsahak ».
C’est ainsi qu’il n’a pas manqué de citer l’exemple des Ifoghas de Kidal. A cet effet, il explique que Mohamed Ag Intalla est celui qui s'occupe de ceux qui applaudissent le Mali. Quant à son frère Alghabass et Bilal Ag Cherif, ils sont en charge des mouvements armés et des Etats. Alors qu’Iyad Ag Ghali est celui s'occupe des terroristes. D’après l’ex-maire de Talataye, chacun joue sa partition et personne n'empiète sur les activités de l'autre. Il insiste sur le fait que c’est le modèle idéal dont les Dawsahak devraient s’inspirer. Avant de s’interroger « Si les Ifoghas le font, pourquoi pas Dawsahak? ».
Rappelons que Salah Ahmed est l’un des cadres du HCUA qui réside à Kidal depuis 2016. Il a été indexé par plusieurs rapports des Nations Unies qui le qualifient d’agent de liaison entre le JNIM et l'EIGS. Il a été cité le 6 août 2019 dans le rapport des experts indépendants pour son appui sur des terroristes pour mettre la pression sur la commune de Talataye.
Dans ce rapport, il est clairement indiqué que « la collusion entre le JNIM et le HCUA s’est révélée au grand jour à Talataye, où l’on a assisté à une nette recrudescence d’attaques terroristes contre le seul MSA-D, revendiquées par le JNIM entre février et avril 2019, période pendant laquelle la CMA et le MSA étaient censées partager la zone en vertu de l’accord de réconciliation. En outre, le Groupe d’experts a recueilli d’autres éléments de preuve écrite de cette collusion, démontrant que des individus proches de Salah Ag Ahmed étaient directement liés aux activités terroristes revendiquées par la katiba locale du JNIM ».
A quand la fin de l'impunité pour des éléments des mouvements armés, dont la plupart sont issus des rangs de l'ex-rébellion, comme le maire de Talataye qui, par leur propos, continuent de faire obstacle à la bonne mise en œuvre de l’Accord en encourageant les populations à collaborer avec les extrémistes ?
Le temps nous édifiera sûrement davantage.