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DDR-Intégration accélérés : les Maliens franchissent une autre étape historique vers la paix

Par kibaru

Ce 6 novembre 2018 a eu lieu à Gao, le lancement officiel du processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion socio-économique, (DDR), et Intégration accélérés des combattants du MOC. C’était à Gao, au cours d’une cérémonie officielle, placée sous la présidence du Ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, en présence de la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies.

Qu’entend-on par processus de DDR-Intégration accélérés ?

En mars 2018, le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) avait demandé aux parties signataires de donner un nouveau chronogramme pour les actions prioritaires à mener. Parmi ces actions : l’intégration des combattants du MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination). L’Accord de paix prévoit globalement un programme national de DDR, ainsi qu’un programme d’intégration des combattants qui répondent aux critères (agréés par les parties) au sein des Forces de Défense et de Sécurité du Mali. « Comme vous le savez, le Mécanisme Opérationnel de Coordination est un mécanisme militaire conjoint entre les trois parties signataires et qui est chargé d’assurer la sécurité des sites de cantonnement, d’assurer la sécurité du processus de DDR et d’intégration et d’assurer la sécurité des autorités intérimaires. Donc cet exercice, dans lequel les trois parties se sont engagées avec le soutien de la MINUSMA et des partenaires internationaux, vise d’abord à l’heure actuelle, à intégrer les gens qui sont membres du MOC », a expliqué Samba Tall, le Directeur de la Section Réforme du Secteur de la Sécurité/ Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (RSS/DDR) de la MINUSMA. Par ailleurs, souligne M. Tall, « l’Accord de paix impose que tout combattant devant être intégré quelque part dans les structures de l’Etat, puisse forcément passer par un processus de DDR au préalable. D’où l’appellation DDR-Intégration accélérés, qui ne concerne que les combattants du MOC ».

Aussi sobre qu’historique…

Gao, en cette fin d’après-midi du 6 novembre 2018, le soleil amorce sa descente sur la Direction régionale de la Police Nationale du Mali, où a été mis en place le dispositif du Désarmement, Démobilisation, Réinsertion/Réintégration (DDR)-Intégration accélérés. Dans la cour, plusieurs véhicules font leur entrée. Tour à tour, les officiels, parmi lesquels la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, le Ministre malien de la Cohésion sociale, de la Paix et de Réconciliation nationale, le Président de la Commission nationale de DDR, le Président de la Commission nationale d’intégration, le Gouverneur de la Région de Gao, les Présidents de la Plateforme et de la CMA font leur entrée.  Sur place, chaises, bâches, maître de cérémonie, orchestres songhaï de Gao et touareg de Kidal sont prêts. Une disposition sobre pour un jour historique : les parties maliennes, signataires de l’Accord pour la paix, procèdent au lancement du processus de DDR et d’intégration accélérés.

Le démarrage de la cérémonie ayant pris du retard, le Président de la Commission Nationale du DDR, le Ministre Zahabi Ould Sidi Mohamed, premier à prendre la parole, décide de mettre de côté l’allocution qu’il avait préparé pour la circonstance. Après avoir expliqué que le concept de DDR-Intégration accélérés émane de « la volonté politique du Premier ministre malien d’aller plus vite vers la paix », il a tenu à balayer les rumeurs qui font cas d’éventuelles difficultés d’entente des parties sur le processus. « Le Ministre de la Cohésion sociale, de la Réconciliation nationale et de la Paix, les Présidents de la Plateforme et de la CMA sont là : ils cautionnent le processus par leur présence », a-t-il asséné, comme pour clore la polémique.

Rappelant les étapes qui ont conduit au lancement de ce "DDR-Intégration accélérés", la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général des Nations Unies et Cheffe de la MINUSMA par intérim, Mbaranga Gassarabwé, s’est dit « honorée » d’assister à cet évènement à Gao aujourd’hui. « C’est vraiment un moment historique », a-t-elle déclaré avant de poursuivre en saluant « la volonté de toutes les parties de lancer ce processus DDR et d’intégration accélérés dans les Forces de Défense et de Sécurité. La Confiance des acteurs et de la population envers le processus de paix ne fait qu’augmenter avec la réalisation de succès tels que celui-ci ».

S’exprimant au nom de l’Etat malien, Lassine Bouaré, le Ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, a demandé à l’assistance une minute de silence pour, a-t-il dit, « les victimes tombées sur le champ de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ». Le Ministre en charge de la cohésion, de la paix et de la réconciliation entre les Maliens, a rappelé que la mise en œuvre de l’Accord est : « la priorité du second mandat du Chef de l’Etat malien » et que le DDR-Intégration accélérés, en était un élément important. Il a ensuite appelé à l’engagement de tous pour parvenir à la paix, assurant de son côté que : « l’Etat prend l’engagement de faire face à tous les défis ». M. Bouaré a clos son propos en remerciant la MINUSMA et tous les partenaires du Mali pour leur soutien au processus de paix.

Le DDR-Intégration accélérés : un processus complet

À la fin de la cérémonie, le Ministre Bouaré et le Chef d’Etat-major des Armées ont effectués une visite des stands devant abriter les activités du processus. Guidée par le Chef du DDR de la MINUSMA, Ndiaga Diagne, cette visite à laquelle ont également participé les journalistes nationaux et internationaux, a permis d’exposer les quelques 17 étapes du processus. Celles-ci vont du dépôt de l’arme, au choix de l’intégration ou de la réinsertion en passant par une fouille complète, un examen médical, un enregistrement biométrique, un test d’aptitude militaire ou encore un entretien avec une équipe malienne chargée des droits de l’homme. 

Le processus de DDR-Intégration accélérés est donc lancé pour les combattants du MOC de Gao. D’autres MOC à travers le pays devraient suivre dans les prochains jours. L’ONU, quant à elle, selon les mots de Mbaranga Gasarabwé, la Cheffe de la MINUSMA par intérim, « renouvelle son engagement à accompagner les parties maliennes pour relever ce défi ».