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Première opération pour la force anti-jihadiste G5 Sahel

Par kibaru

Soutenue sur le terrain par la France, la nouvelle force anti-jihadiste G5 Sahel a lancé mercredi ses opérations aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, une zone très instable devenue un foyer pour les groupes extrémistes.

Le président français Emmanuel Macron avait estimé mardi que le succès de cette force, composée de soldats du Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad, était une «obligation collective» dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, vaste région située au sud du Sahara.

«Le déploiement des Maliens, des Nigériens et des Burkinabé de la force G5 Sahel a débuté ce matin», a déclaré mercredi à l’AFP le lieutenant-colonel français Marc-Antoine depuis une base avancée française dans la région aride d’In-Tillit, dans le centre du Mali.

Sous son commandement, une centaine d’hommes de la force militaire française anti-jihadiste au Sahel Barkhane (4.000 hommes au total) va soutenir les troupes africaines déployées au sol lors de cette première opération, a-t-il expliqué.

Barkhane va apporter aux quelques centaines de troupes maliennes, burkinabé et nigériennes engagées «du conseil et de l’accompagnement» sur le plan aérien (chasseurs, hélicoptères, drones de renseignement), ainsi qu’un appui de l’artillerie, a-t-il détaillé.

Cette première opération, baptisée «Hawbi», est «une démonstration de force pour reprendre pied dans une zone délaissée par les Etats», aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, «en entravant la liberté de mouvement dont bénéficient plusieurs groupes armés depuis des mois», a souligné le lieutenant-colonel Marc-Antoine.

- Pleine capacité d’ici mars -

«L’objectif in fine est de faire monter cette force G5 Sahel en puissance pour qu’elle puisse se réimplanter dans les zones transfrontalières de façon autonome», a-t-il ajouté.

La force conjointe doit atteindre d’ici mars 2018 sa pleine capacité de 5.000 hommes, répartis en sept bataillons: deux pour le Mali et le Niger, et un pour le Tchad, le Burkina Faso et la Mauritanie. Les soldats ne se mélangeront pas, à part pour quelques officiers de liaison.

Ce nouveau dispositif vise à combler les lacunes des dispositifs militaires nationaux et multinationaux dans la région du Sahel.

Elle est devenue une base pour les groupes extrémistes, notamment depuis que la Libye a sombré dans le chaos en 2011, que la secte Boko Haram s’est étendue au Nigeria et que des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda se sont emparés du nord du Mali en 2012.

Ces derniers avaient été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, mais les violences perdurent dans le centre et le nord du Mali et se sont étendues aux pays voisins.

La force G5 Sahel se veut complémentaire de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma, plus de 12.000 hommes) et de Barkhane.

- Reprendre son destin en main -

«Le G5 Sahel, c’est une force de cinq armées africaines, appuyées essentiellement par la France, qui prend son destin transfrontalier en main pour conduire les opérations antiterroristes. Hawbi en est une expression», a commenté le colonel Arnaud Cervera, représentant du commandant de la force Barkhane à Gao, au Mali.

«L’enjeu ici, c’est que le Burkinabé comprenne qu’il a le même problème que le Malien et que le Malien comprenne qu’il a le même problème que le Nigérien. Le succès viendra de là», a-t-il expliqué à l’AFP depuis la base Barkhane de Gao.

Opérationnel depuis peu, le poste de commandement de la force G5 Sahel, à Sévaré, dans le centre du Mali, abrite désormais des officiers de liaison des cinq pays.

Le budget de fonctionnement de la force G5 Sahel a été estimé à 423 millions d’euros, mais il pourrait être revu à la baisse, aux alentours de 240 millions d’euros.

Une grande partie des fonds manque en tout état de cause encore à l’appel. Les cinq pays créateurs ont promis chacun 10 millions, l’Union européenne 50 millions et la France 8 millions, soit un total de 108 millions d’euros.

Les Etats-Unis se sont quant à eux engagés lundi à apporter jusqu’à 60 millions de dollars (51,5 millions d’euros).

Une conférence des donateurs est prévue le 16 décembre à Bruxelles.

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