En octobre 2024, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le programme de subventions de l’African Academy for Open Source Investigation (AAOSI), initié par Code for Africa (CfA). Cette aventure unique m’a permis de renforcer mes compétences en journalisme d’investigation, en mettant un accent particulier sur l’utilisation d’outils médico-légaux et techniques pour lutter contre la désinformation et les flux financiers illicites. En tant que journaliste basé au Mali, ce programme représente pour moi une opportunité précieuse pour contribuer à l’intégrité de l’information dans une région confrontée à de nombreux défis.
Une initiative pionnière au service des médias du Sahel
Le programme vise à transformer les pratiques journalistiques en dotant les professionnels des outils nécessaires pour enquêter sur les manipulations d’information. En plus de fournir un soutien technique et financier, l’AAOSI joue un rôle clé dans le renforcement des capacités des médias locaux et des organisations de la société civile. Pour moi, ce soutien ne se limite pas à une simple formation ; il s'agit d'une véritable plateforme d’échange et d’apprentissage qui me pousse à aller au-delà de mes limites.
Grâce à cette bourse, j’ai pu non seulement approfondir mes connaissances, mais aussi bénéficier d’un accompagnement personnalisé par des experts de CfA, incluant des technologues, des analystes de données, des rédacteurs et des producteurs multimédias. Cette approche pratique m’a permis de produire des contenus que je peux partager à la fois localement et sur des plateformes internationales.
Mon expérience : entre formations techniques et réflexion éthique
Depuis le début du programme, j’ai participé à 13 sessions de formation en visioconférence, chacune étant une étape cruciale dans mon développement professionnel. Parmi les moments marquants, je retiens :
Orientation sur la bourse (7 octobre 2024) : Cette session introductive m’a permis de comprendre les exigences du programme, notamment la nécessité de produire des vérifications factuelles régulières et de documenter mes démarches dans des articles approfondis.
Introduction à la vérification des faits (8 octobre 2024) : Cette formation a enrichi ma compréhension de concepts clés tels que la désinformation, les faux contextes et les contenus manipulés. En tant que journaliste, j’ai réalisé à quel point ces termes sont pertinents dans mon travail quotidien.
Pré-bunking et debunking (10 octobre 2024) : Ce module a renforcé ma capacité à identifier et à contrer la désinformation, un défi récurrent dans mon environnement médiatique.
Sécurité numérique (6 novembre 2024) : Cette session a été particulièrement pertinente, car elle m’a sensibilisé aux menaces cybernétiques qui pèsent sur les journalistes et les organisations médiatiques.
Chaque session a ajouté une nouvelle dimension à ma pratique. Par exemple, lors de la session sur l’utilisation de l’IA dans la vérification des faits (13 novembre 2024), j’ai découvert comment intégrer des outils d’intelligence artificielle dans mes enquêtes tout en maintenant une rigueur éthique et éditoriale. Ces apprentissages m’aident non seulement à produire des contenus plus fiables, mais aussi à comprendre les limites et les responsabilités qui accompagnent ces nouvelles technologies.
De la théorie à la pratique : mon article de fact-checking accompagné par mon mentor
Un des moments les plus significatifs de mon parcours dans ce programme a été la réalisation de mon premier article de fact-checking, encadré par mon mentor. Ce projet avait pour but d’examiner une information virale affirmant que des financements destinés à des projets éducatifs au Mali avaient été détournés. Cette enquête représentait un défi complexe, nécessitant une approche méthodique et des outils précis.
Sous la supervision de mon mentor, j’ai suivi un processus structuré :
1. Collecte des informations : J’ai commencé par analyser les origines de cette rumeur en explorant les publications initiales et leur propagation sur les réseaux sociaux.
2. Analyse des données : À l’aide d’outils OSINT et des bases de données publiques, nous avons validé la fiabilité des sources utilisées dans la rumeur.
3. Déconstruction des récits : Ensemble, nous avons identifié les incohérences dans les affirmations virales, en comparant les données financières aux rapports audités disponibles.
4. Rédaction et validation : Mon mentor m’a accompagné dans la structuration de l’article, en veillant à ce que chaque élément repose sur des faits vérifiés et que les explications soient claires pour le public.
Cette expérience m’a appris non seulement les techniques de vérification, mais aussi l’importance de la clarté dans la communication des résultats. Grâce à l’encadrement de mon mentor, j’ai pu finaliser un article factuel et impactant, publié sur une plateforme locale et relayé sur des réseaux internationaux.
Mon engagement pour un journalisme responsable
Cette bourse est bien plus qu’une simple opportunité d’apprentissage ; elle représente une responsabilité. En tant que bénéficiaire, je me sens investi d’une mission : utiliser ces compétences pour améliorer la qualité de l’information au Mali et dans le Sahel. Les défis sont nombreux, mais grâce à l’accompagnement de Code for Africa, je suis convaincu que nous pouvons construire un écosystème médiatique plus résilient et engagé.
Je suis particulièrement fier de faire partie d’un réseau panafricain d’investigateurs OSINT. Ce réseau offre une plateforme de collaboration transnationale qui, à terme, permettra de mieux exposer les opérations d’influence et de manipulation à travers le continent et au-delà.
Une aventure transformante
Ce programme est bien plus qu’une simple série de formations ; c’est une expérience transformatrice qui a enrichi ma vision du journalisme d’investigation. Grâce à l’AAOSI et à l’engagement de Code for Africa, je suis désormais mieux équipé pour relever les défis de mon métier et contribuer à un espace médiatique plus transparent et crédible.