La Commission européenne a récemment actualisé sa liste des compagnies aériennes interdites d’accès à l’espace aérien de l’Union européenne, une décision qui reflète des préoccupations croissantes en matière de sécurité.
Parmi les derniers ajouts figure Air Tanzania, la compagnie nationale de la Tanzanie, qui malgré des efforts notables de modernisation de sa flotte avec des appareils récents tels que le Boeing 787 Dreamliner, le Boeing 737 MAX et l’Airbus A220, a vu son autorisation d’exploitation dans l’espace européen suspendue. Cette exclusion résulte de lacunes identifiées dans les normes de sécurité par l’Agence européenne de la sécurité aérienne, compromettant ainsi sa capacité à servir des destinations européennes.
Cette mise à jour porte à 129 le nombre total de compagnies interdites, dont 55 opérant en Afrique, un chiffre reflétant une attention particulière portée aux opérateurs du continent, souvent critiqués pour une surveillance insuffisante des normes de sécurité aérienne par leurs autorités nationales.
Ces 55 compagnies africaines proviennent de pays tels que la Libye, la République démocratique du Congo, le Soudan, l’Angola, Djibouti, la Guinée équatoriale, São Tomé-et-Príncipe et le Zimbabwe, entre autres. Dans certains cas, les interdictions s’appliquent à l’ensemble des transporteurs enregistrés dans ces États, illustrant une méfiance généralisée vis-à-vis des régulateurs locaux. Parmi les pays les plus touchés figurent la République démocratique du Congo et le Soudan, avec respectivement 13 et 12 compagnies interdites. En Libye, une décennie d’instabilité politique a également contribué à un environnement aéronautique jugé non conforme aux standards internationaux. Ces sanctions ne sont pas uniquement dirigées contre des compagnies privées ou à faible capacité opérationnelle. Certaines entreprises d’État telles qu’Air Zimbabwe ou des entités autrefois stratégiques dans leurs pays respectifs se retrouvent également affectées.
Cette décision met en lumière les disparités dans la régulation de la sécurité aérienne à travers l’Afrique, exacerbées par un manque d’investissements dans les infrastructures et les systèmes de contrôle aérien.
En inscrivant Air Tanzania sur cette liste noire, la Commission européenne a envoyé un signal fort, soulignant que même les efforts récents de renouvellement de flotte ne suffisent pas à garantir une conformité aux exigences internationales de sécurité si ces progrès ne sont pas accompagnés d’une amélioration systémique de la gestion des opérations aériennes et de la supervision par l’autorité nationale. Cela montre également que la possession d’appareils modernes ne garantit pas automatiquement l’éligibilité aux normes européennes.
Les compagnies interdites sont souvent accusées de ne pas respecter les procédures de maintenance, de formation des équipages ou encore de gestion des risques opérationnels, des éléments fondamentaux pour assurer la sécurité des passagers.
Au-delà des implications commerciales, cette interdiction a également des répercussions sur la connectivité et le développement économique de ces pays africains. La suspension de l’accès à l’espace aérien européen prive ces compagnies d’un marché lucratif et les contraint à se recentrer sur des destinations régionales ou à investir massivement dans la mise à niveau de leurs standards. Cependant, la liste noire n’est pas définitive. Les compagnies interdites ont la possibilité de se conformer aux normes internationales en collaborant étroitement avec les autorités européennes et en adoptant des mesures correctives. Les exemples récents d’opérateurs ayant réussi à être retirés de la liste témoignent de la faisabilité de ce processus, bien que souvent coûteux et chronophage.
L’inscription d’Air Tanzania et de 55 autres compagnies africaines sur la liste noire européenne reflète les défis persistants auxquels est confronté le secteur de l’aviation en Afrique, où les initiatives de modernisation doivent être soutenues par des politiques robustes de régulation et de contrôle de la sécurité. Alors que l’Union européenne insiste sur le fait que ces interdictions visent avant tout à protéger les passagers, elles dévoilent aussi la nécessité pour les gouvernements africains de renforcer leurs régimes de réglementation et de supervision dans un secteur vital pour le développement économique du continent.