L’Afrique face au Covid-19 : douze pays ont reçu des vaccins chinois

Par kibaru

La Mauritanie a réceptionné 50 000 doses de Sinopharm, l’Afrique du Sud a revendu 1 million d’AstraZeneca, et Madagascar ouvre la porte au sérum.

La Mauritanie a reçu 50 000 doses du vaccin chinois Sinopharm, mercredi 24 mars, ainsi qu’un lot de respirateurs envoyé par Pékin. « C’est un événement majeur dans l’histoire des relations sino-mauritaniennes, marquant une nouvelle étape dans la coopération bilatérale dans la lutte contre la pandémie » de Covid-19, s’est félicité le chargé d’affaires Wang Jian sur le site de l’ambassade de Chine à Nouakchott.

Il fait également la liste des précédents dons accordés et vante la diplomatie chinoise en faveur d’un « vaccin du peuple », « accessible, abordable et fiable » pour tous les pays en développement. Selon les affirmations de M. Wang, Pékin est « en train d’accorder l’aide vaccinale sans contrepartie à 69 pays en développement, a exporté ou est en train d’exporter des vaccins dans plus de 40 pays [à travers le monde] et soutient une dizaine de pays dans la production et la transformation de vaccins chinois, contribuant ainsi à accroître la capacité de production mondiale ».

Outre la Mauritanie, onze pays africains ont reçu le vaccin chinois : le Congo-Brazzaville, l’Egypte, le Gabon, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Maroc, le Mozambique, le Niger, le Sénégal, les Seychelles et le Zimbabwe. Le Niger est celui qui en a reçu la plus grosse quantité, avec 400 000 doses.

La Mauritanie, qui participe au mécanisme de solidarité international Covax, attend un lot de 300 000 doses d’AstraZeneca fournies par le Serum Institute of India (SII), auquel l’entreprise anglo-suédoise a cédé une licence de fabrication. Mais la décision de l’Inde de suspendre les exportations du SII pour approvisionner davantage le marché domestique va retarder les livraisons. L’Alliance du vaccin GAVI, qui est un des partenaires de l’initiative Covax, a engagé des discussions avec le gouvernement indien.

Presque tous les pays africains dépendent du mécanisme de solidarité internationale pour démarrer leur campagne de vaccination. Depuis début mars, le continent a reçu 16 millions de doses sur les 600 millions promises cette année afin d’immuniser 20 % de la population. Une dizaine de pays attendent encore leur première livraison.

Madagascar ouvre la porte au vaccin

Après des mois de tergiversations, le président malgache, Andry Rajoelina, a finalement décidé d’introduire la vaccination dans le protocole de lutte contre le Covid-19 à côté du CVO+, le remède traditionnel à base d’artemisia dont il fait la promotion depuis un an. L’Etat avancera « vers l’examen et l’utilisation des vaccins efficaces contre les variants du Covid-19 », précise l’annonce faite jeudi à l’issue d’une rencontre avec l’Académie nationale de médecine. Lors de sa dernière allocution, le 20 mars, le chef de l’Etat avait justifié ses hésitations par l’inefficacité des vaccins sur le variant dit « sud-africain », qui est très probablement à l’origine de la flambée des contaminations enregistrées sur la Grande Ile depuis quelques semaines. Le sérum d’AstraZeneca proposé par le mécanisme de solidarité Covax était visé.

Le revirement d’Andry Rajoelina va soulager tous les citoyens qui désespéraient de voir le président s’obstiner dans son isolement. Depuis le 16 mars, une pétition citoyenne circule pour réclamer le droit de se faire vacciner. Adressée au chef de l’Etat et au ministre de la santé, elle demande « humblement de mettre très bientôt le vaccin à disposition des Malagasy qui le souhaitent », rappelant que « l’accès au vaccin disponible est un droit humain fondamental » et que « ne pas pouvoir y avoir accès ne fait que renforcer l’anxiété et les frustrations [apparues] depuis le début de la crise sanitaire ». Environ 700 personnes l’ont pour l’instant signée.

L’Union africaine introduit un « pass voyage »

Un « pass voyage » numérique permettant de vérifier que les voyageurs ne sont pas porteurs du Covid-19 va être déployé sur le continent. Deux compagnies aériennes, Kenya Airways et Ethiopian Airlines, l’ont déjà adopté. Ce passeport, élaboré avec l’appui du Centre africain pour la prévention et le contrôle des maladies (CDC-Africa), informe les voyageurs des mesures sanitaires exigées à l’entrée du pays dans lequel ils veulent se rendre et permet de vérifier la validité des tests PCR présentés. Une liste de laboratoires accrédités pour réaliser ces tests a été établie pour éliminer les risques de documents falsifiés. Il est prévu d’étendre les informations requises à la vaccination contre le Covid-19 lorsque tous les Africains y auront eu accès.

20 %

C’est la part des femmes dans les équipes de riposte mises en place par les gouvernements d’Afrique subsaharienne pour faire face à l’épidémie de Covid-19, selon le baromètre établi par les Nations unies avec le laboratoire de recherche sur les inégalités liées au genre de l’Université de Pittsburgh (Etats-Unis). Au niveau mondial, la moyenne calculée sur 334 « task forces » dans 187 pays s’établit à 24 %. Alors que près de 70 % du personnel de santé est composé de femmes, leur sous-représentation dans les équipes de riposte est générale, tout en étant plus marquée en Afrique.

Les résultats montrent que leur absence est encore plus prononcée dans les structures de direction. Elles ne sont que 17 % en Afrique (contre 19 % au niveau mondial). Plusieurs pays se distinguent cependant : au Lesotho, la « task force » est composée à 76 % de femmes, en Afrique du Sud à 40 %, en Ethiopie à 38 %. Il n’y en a en revanche aucune au Bénin et seulement 13 % au Gabon. Compte tenu de ces chiffres, il n’est pas étonnant, conclut l’étude, que les mesures prises pour répondre aux conséquences sanitaires, sociales et économiques de l’épidémie cherchent peu à répondre à « l’insécurité économique des femmes » ou à la « violence contre les jeunes filles ».

L’Afrique du Sud revend 1 million de doses d’AstraZeneca

L’Afrique du Sud est parvenue à revendre à quatorze pays du continent le million de doses de vaccins AstraZeneca qu’elle avait choisi de ne pas administrer après la publication d’études montrant la moindre efficacité de la formule anglo-suédoise sur le variant 501Y.V2, dit « sud-africain ». Cette décision, prise mi-février, avait conduit le pays africain le plus touché par l’épidémie (1,5 million de cas et 52 000 décès) à repousser sa campagne de vaccination. Celle-ci a depuis pu être lancée grâce à un accord passé avec Johnson & Johnson. Environ 200 000 personnes ont pu à ce jour en bénéficier.

L’Union africaine, à travers sa plateforme d’acquisition des vaccins (l’African Vaccine Acquisition Task Team,Avatt), a aidé l’Afrique du Sud à formaliser les contrats avec les quatorze pays intéressés, en veillant notamment à ce qu’ils soient en mesure d’utiliser les vaccins une fois reçus. Le montant de la transaction n’a pas été communiqué.

Le Monde