La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, première femme et première Africaine à la tête de l'OMC

Par kibaru
Ancienne ministre nigeriane des Affaires etrangeres et des Finances Ngozi Okonjo-Iweala

La future cheffe de l'Organisation mondiale du commerce sera désignée le 15 février 2021. La succession du Brésilien Roberto Azevedo était dans l'impasse depuis six mois.

L'heure de l'Afrique est-elle venue à l’OMC ? Après plusieurs mois de paralysie, la nouvelle administration américaine a levé le principal obstacle à la nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Joe Biden a apporté "son soutien appuyé" à la candidature de la Nigériane.

Depuis le retrait de la ministre sud-coréenne du Commerce, Yoo Myung-hee, Ngozi Okonjo-Iweala est désormais seule en lice pour prendre la direction de l’institution basée à Genève. Yoo Myung-hee était la candidate soutenue par l'administration Trump qui avait bloqué le processus à l'OMC, malgré le large consensus obtenu par la candidate Nigériane. Les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, lui avaient barré la route, reprochant à Ngozi Okonjo-Iweala de n'avoir jamais occupé de poste lié au commerce, contrairement à sa concurrente coréenne.

Un CV impressionnant

Pourtant, le curriculum vitae du Dr Ngosi, comme elle se fait appeler, en impose. Diplômée de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), elle entre à la Banque mondiale à Washington au début des années 80. Elle passera deux décennies au sein de l'organisation avant de se voir proposer un ministère par le président Obasanjo et de rentrer au Nigeria en 2003. Née en 1954 à Ogwashi-Ukwu, dans le delta du Niger, d'un père et d'une mère professeurs d'économie, Ngozi Okonjo-Iweala a passé une bonne moitié de sa vie aux Etats-Unis.

Son action comme ministre des Finances va marquer les esprits, notamment pour ses combats dans la lutte contre la corruption et pour réduire la dette publique au Nigeria. Elle fait partie des rares femmes à avoir exercé d’importantes responsabilités politiques dans le pays le plus peuplé d’Afrique, première économie du continent.

Femme d'influence depuis de nombreuses années, elle siège également au sein de plusieurs conseils d'administration et préside notamment celui du GAVI, organisation internationale de la Fondation Bill et Melinda Gates pour favoriser l'accès à la vaccination en Afrique. En juillet 2018, elle est également devenue la première personnalité africaine membre du conseil d'administration de Twitter. Cette large expérience lui sera nécessaire pour restaurer une organisation multilatérale qui traverse une grave crise historique. 

"Sa nomination donnera un coup de fouet aux efforts du continent pour occuper une place dans le commerce international qui corresponde à son poids réel et à ses potentialités"

Déclaration de soutien à la candidature du Dr Ngozi

Fédération Europe-Afrique-Méditerranée

L'OMC à la croisée des chemins

L'OMC se trouve actuellement dans la tourmente, l’ancien président américain Donald Trump ayant bloqué la nomination des juges, en pleine guerre commerciale avec la Chine. La position des Etats-Unis sur l'OMC, couplée à la pandémie, a paralysé l'organisation, alors que les pressions protectionnistes se multipliaient.

Le prochain chef de l'institution devra non seulement affronter la crise économique, mais aussi la crise de confiance dans le multilatéralisme et dans le bien-fondé de la libéralisation du commerce mondial, le tout sur fond de guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales, la Chine et les Etats-Unis.

L'heure de l'Afrique

En plus d'être la première femme à la tête de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala sera la première directrice générale originaire du continent africain. De nombreuses personnalités avaient à l’automne 2020 signé une déclaration de soutien à sa candidature, notamment les Européens Jean-Claude Juncker (ex-président de l’UE) et les anciens chefs d’Etat Horst Köhler (Allemagne), Romano Prodi (Italie) ou Felipe Gonzalez (Espagne). "Le rôle de l'OMC doit maintenant être renforcé afin de contrer les formes de protectionnisme et d'unilatéralisme qui affectent de manière dramatique le système multilatéral", affirment les signataires.

francetvinfo