Le XIXe Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu, ce samedi 5 octobre, à Paris sous le thème "Créer, innover et entreprendre en français", a marqué un tournant décisif pour l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Ce rendez-vous biennal a permis de dresser un tableau clair des défis auxquels fait face l’espace francophone, tout en proposant des solutions concrètes pour renforcer la solidarité et l’innovation au sein des 88 États et gouvernements membres. Trois enjeux majeurs ont dominé les discussions : l'emploi des jeunes, les nouvelles adhésions et le renforcement du multilatéralisme pour gérer les crises.
La jeunesse, cœur battant de l’avenir de la Francophonie, a été placée au centre des débats. La Secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, a insisté sur l’importance de "travailler ensemble pour offrir des opportunités concrètes d’insertion professionnelle à nos jeunes". Dans cette optique, plusieurs initiatives ont été discutées, notamment le renforcement des partenariats avec les entreprises francophones et les institutions éducatives. Les États membres ont pris des engagements pour promouvoir la création d’emplois et l'entrepreneuriat dans des secteurs porteurs, tels que le numérique, l’économie verte, et les industries culturelles. L’objectif étant de transformer la diversité linguistique en une force économique capable de générer des opportunités pour les jeunes francophones.
Nouvelles adhésions et changements de statut : Une francophonie en expansion
Le sommet a également été marqué par l'arrivée de nouveaux membres au sein de l'OIF, soulignant l'attractivité croissante de l'organisation. Parmi les nouvelles adhésions, l’Angola, le Chili, la Nouvelle-Écosse (Canada), la Polynésie française (France) et la Sarre ont rejoint les rangs en tant qu'observateurs. Par ailleurs, des pays comme Chypre et le Ghana ont vu leur statut évoluer, devenant membres de plein droit. Ces décisions illustrent la capacité de l’OIF à s’étendre au-delà des frontières traditionnelles de la Francophonie, tout en renforçant les liens culturels et économiques entre ses membres.
Multilatéralisme et gestion des crises : La francophonie face aux défis mondiaux
Dans un monde où le multilatéralisme est mis à l’épreuve, le sommet a rappelé l'importance de la coopération internationale pour résoudre les crises qui secouent l’espace francophone. Trois textes majeurs ont été adoptés lors de ce sommet : la Déclaration du Sommet, la Déclaration de solidarité avec le Liban, et une Résolution sur les crises dans l’espace francophone. Le sommet a ainsi montré que l’OIF peut jouer un rôle crucial dans la médiation et la résolution des conflits, notamment en Afrique, où de nombreux États membres sont confrontés à des situations d’instabilité politique et sociale.
La Secrétaire générale a souligné : "Nous devons faire face à ces défis avec une francophonie unie et solidaire, capable d’apporter des solutions innovantes et durables." Ces textes adoptés témoignent de la volonté de l’OIF de rester un acteur clé dans la résolution des crises internationales, tout en renforçant la solidarité entre ses membres.
L’absence notable des dirigeants de l'AES : une suspension prolongée
Le sommet a cependant été marqué par une absence remarquée, celle des dirigeants de l’Alliance des États Sahéliens (AES). Suspendus par l’OIF en raison des récents changements politiques et de l'instabilité sécuritaire dans leurs pays, leurs sièges sont restés vacants. Cette suspension, qui découle de l'article 89 du règlement intérieur de l’OIF, vise à sanctionner les violations des principes démocratiques. Plusieurs chefs d’État ont exprimé leur préoccupation quant à cette situation, tout en appelant à un dialogue constructif pour permettre à ces pays de réintégrer rapidement l'organisation.
Dans les différentes déclarations, l'absence de ces dirigeants a été évoquée en filigrane. La Secrétaire générale a réitéré l’importance pour tous les membres de respecter les valeurs fondamentales de l’OIF, en particulier la démocratie et l’État de droit. "L'OIF n'a pas vocation à exclure, mais à accompagner les États dans leur cheminement vers la stabilité et la démocratie", a-t-elle rappelé, tout en soulignant que la réintégration des pays de l’AES reste conditionnée à des progrès concrets sur ces plans.
Vers une francophonie plus inclusive et solidaire
Le sommet a également mis en lumière la volonté des dirigeants francophones de renforcer l'inclusion sociale, avec une attention particulière aux pays les plus vulnérables. Plusieurs déclarations ont souligné la nécessité de soutenir les États confrontés à des crises économiques et politiques, en particulier dans la région sahélienne, tout en maintenant une approche axée sur le dialogue et la coopération.
La Déclaration de solidarité avec le Liban, adoptée à l’unanimité, est un exemple concret de cet engagement. Elle vise à soutenir ce pays en proie à une grave crise économique et politique, en mobilisant l'expertise et les ressources de la communauté francophone pour aider à sa reconstruction. Cet acte de solidarité montre que l’OIF ne se limite pas à des discours, mais agit concrètement pour soutenir ses membres en didifficulté.
Des observateurs estiment que le XIXe Sommet de la Francophonie a réussi à répondre aux attentes, en abordant des questions cruciales pour l’avenir de l’organisation et de ses membres. Que ce soit sur le plan de l’emploi des jeunes, de l’expansion de la Francophonie ou de la gestion des crises, l’OIF a montré qu’elle est prête à relever les défis du XXIe siècle. L'absence des dirigeants de l’AES, bien que notable, n’a pas entaché les avancées réalisées lors de ce sommet, qui se clôture sur des engagements forts et une vision claire pour l’avenir.