La région de Mopti, au centre du Mali, est au cœur d’une transformation accélérée qui redéfinit son paysage agricole et environnemental. Selon des données récentes issues d’images satellites, les terres cultivées ont considérablement augmenté en 2023-2024, principalement grâce à des systèmes d’irrigation intensifs. Parallèlement, les étendues d’eau se sont également élargies de manière inquiétante, exposant la région à des risques croissants d’inondations. Ces évolutions soulèvent des préoccupations majeures en matière de sécurité alimentaire et de durabilité environnementale.
Une agriculture sous pression
Sous l’effet conjugué de la croissance démographique et de la nécessité de répondre aux besoins alimentaires des populations, la région de Mopti a vu ses surfaces agricoles s’étendre de manière significative. Des cultures stratégiques comme le riz et le mil sont en plein essor, soutenues par des projets d’irrigation financés par des initiatives locales et internationales.
Cependant, cette intensification n’est pas sans conséquences. Si elle répond à une urgence alimentaire croissante, elle met également sous pression des ressources naturelles limitées. « L’agriculture irriguée offre une solution à court terme, mais elle doit être mieux encadrée pour éviter une dégradation rapide des sols et des conflits pour l’accès à l’eau », explique un expert local en gestion des ressources naturelles.
Des inondations en recrudescence
Les images satellites révèlent une autre réalité préoccupante : une augmentation notable des zones aquatiques. Ces nouvelles étendues d’eau, souvent provoquées par des systèmes d’irrigation mal planifiés ou des crues inhabituelles, amplifient le risque d’inondations. Les communautés riveraines, déjà vulnérables, se retrouvent face à des pertes agricoles, des déplacements forcés et une dégradation de leurs conditions de vie.
« Les eaux stagnantes ne se contentent pas de détruire les cultures. Elles favorisent aussi la prolifération de maladies comme le paludisme, aggravant encore la précarité sanitaire des populations », alerte un responsable humanitaire.
Le rôle clé du Programme Alimentaire Mondial (PAM)
Face à ces défis, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) joue un rôle central dans la région. En collaboration avec les autorités maliennes et d’autres partenaires internationaux, l’organisation s’emploie à renforcer la résilience des communautés locales.
Assistance alimentaire directe : Le PAM fournit des vivres et des transferts monétaires pour soutenir les familles touchées par les inondations ou les pertes agricoles.
Programmes pour la résilience : À travers des initiatives comme « Food for Assets », les communautés participent à des projets d’amélioration des infrastructures hydrauliques et agricoles en échange d’une aide alimentaire.
Anticipation des crises : Le PAM travaille sur la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour anticiper les inondations et protéger les stocks alimentaires.
Une approche intégrée nécessaire
Les experts appellent à une réponse concertée et multisectorielle pour relever ces défis. L’équilibre entre la productivité agricole et la gestion durable des ressources naturelles est essentiel. Cela passe notamment par l'introduction de variétés de cultures résistantes aux aléas climatiques; une meilleure planification des systèmes d’irrigation pour éviter les excès; la sensibilisation des populations locales aux bonnes pratiques agricoles.
Les partenaires internationaux, tels que l’Union européenne, jouent un rôle crucial dans le financement de ces projets et le renforcement des capacités locales. Cependant, pour garantir un impact durable, les efforts doivent être ancrés dans une stratégie nationale qui intègre les dimensions économiques, sociales et environnementales.
Une course contre la montre
Dans une région où les impacts du changement climatique se font de plus en plus sentir, le temps presse. La résilience des communautés de Mopti repose sur une action immédiate et coordonnée. « Nous devons agir maintenant pour éviter que ces défis ne se transforment en crises humanitaires récurrentes », conclut un représentant du PAM.
Alors que Mopti se bat pour équilibrer les besoins alimentaires de sa population avec la préservation de son environnement, cette région du Mali illustre les défis auxquels font face de nombreux pays du Sahel. La clé réside dans une approche intégrée, qui allie sécurité alimentaire, gestion des ressources naturelles et anticipation des risques climatiques.