Alors que l’Afghanistan est désormais sous le contrôle des talibans, de nombreux sportifs craignent pour leur avenir. Il s’annonce surtout très sombre pour les femmes qui n’avaient pas le droit de pratiquer du sport lorsque les talibans étaient au pouvoir dans les années 1990. C’est d'ailleurs après leur chute en 2001, que l’histoire sportive du pays s’est écrite.
À partir du début des années 2000 et le départ des talibans du pouvoir, la pratique du sport s'est développée en Afghanistan et s'est peu à peu ouverte aux femmes. Cela a favorisé l'émergence de grands athlètes afghans.
Rohullah Nikpai, premier et unique médaillé olympique
Il est le premier et toujours le seul médaillé olympique afghan de l’histoire. Le taekwondoïste Rohullah Nikpai est même double médaillé puisqu’il a décroché le bronze aux Jeux olympiques de 2008 à Pékin (-58 kilos), puis quatre ans plus tard à Londres (-68 kilos).
En Chine, il réalise l’exploit, à 21 ans, d’écarter au premier tour le triple champion d’Europe allemand Levent Tuncat avant de chuter contre le futur champion olympique, le Mexicain Guillermo Pérez. Via les repêchages, il obtient une médaille de bronze historique en battant le double champion du monde, l’Espagnol Juan Antonio Ramos.
Il change ensuite de catégorie en passant chez les moins de 68 kilos. En 2011, il termine troisième des mondiaux avant de décrocher une nouvelle médaille de bronze aux JO de 2012 à Londres. Une sacrée prouesse.
Nesar Ahmad Bahawi, double porte-drapeau
Malgré ses exploits, Rohullah Nikpai n’a jamais été porte-drapeau. En 2008 et 2012, c’est un autre taekwondoïste qui a eu cet honneur deux fois de suite : Nesar Ahmad Bahawi.
En arrivant à Pékin, il est une icône dans son pays car vice-champion du monde en 2007 dans la catégorie des moins de 72 kilos. Cette médaille d’argent, il l'obtient grâce à sa victoire en demi-finale contre le double champion olympique en titre iranien Hadi Saei.
Il n’est en revanche pas parvenu à rééditer ce genre d’exploit aux Jeux olympiques.
Khalida Popal, pour que le football se conjugue au féminin
Elle est l’une des femmes qui ont créé l’équipe féminine d'Afghanistan de football en 2007. Elle s'est toujours battue pour que cette sélection continue d'exister. Cela ne devrait désormais plus être possible sur le sol afghan.
Khalida Popal était capitaine lors du premier match international de cette équipe, perdu 13-0 contre le Népal, en décembre 2010. Pour elle et ses coéquipières, le score importait peu. Le symbole était essentiel pour cette ardente défenseure des droits des femmes : « J'étais l'une des personnes qui ont créé l'équipe dans le but de rester unies en tant que femmes d'Afghanistan. Nous voulions faire passer un message au monde et aux talibans : 'Nous [les femmes] ne sommes pas faibles, vous pourrez tuer nos sœurs, mais nous vous montrerons que nous sommes à leurs côtés ».
Menacée de mort à plusieurs reprises, Khalida Popal fuit son pays en 2011 et obtient l’asile au Danemark en 2016. Là-bas, elle créé la « Girl Power Organization » pour favoriser l’insertion des jeunes filles via le sport et l’éducation, en Europe et au Moyen-Orient.
Aujourd’hui âgée de 34 ans, elle s’active pour essayer de faire partir d’Afghanistan ses anciennes partenaires de l’équipe de football, actuellement en danger dans leur pays.
Mansur Faqiryar, le gardien du titre
Chez les hommes, l’équipe de football a disputé son premier match en 1941 contre l’Iran (0-0). 72 ans plus tard, elle a remporté son premier titre au championnat d’Asie du Sud 2013, grâce en grande partie à son gardien Mansur Faqiryar.
Celui qui jouait à l’époque en quatrième division allemande, au VfB Oldenburg, a été élu meilleur joueur du tournoi. Grâce à ses arrêts, son équipe n’a concédé que deux buts en cinq matchs et a pu s’imposer en finale 2-0 contre les Indiens double tenants du titre et qui les avaient largement dominé deux ans plus tôt au même stade de la compétition (4-0).
Depuis, la sélection afghane, toujours absente de la Coupe d’Asie, n’a plus remporté ce championnat d’Asie du Sud.
Rashid Khan, star mondial de cricket
En Afghanistan, le sport roi, ce n’est pas le football mais le cricket. À tel point que les talibans ont indiqué que les hommes pourront toujours le pratiquer, pour tenter de devenir peut-être un jour aussi bon que la star du pays : Rashid Khan.
À 22 ans, le lanceur a été élu en décembre dernier meilleur joueur de la décennie en Twenty20 international (T20I), une forme de cricket qui se joue entre équipes nationales et dont les matchs sont plus courts (pas plus de trois heures).
Celui qui joue pour un club anglais a récemment lancé un appel aux dons, via sa fondation, pour subvenir aux besoins essentiels de ses compatriotes, victimes de l'offensive des talibans.
RFI