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Camp de réfugiés de M'Berra, Mauritanie : « L’éducation était mon unique espoir », Maruset Ag Mohamed dixit

Par kibaru
Maruset et sa famille dans la khaima familiale à M’berra

Camp de réfugiés de M’berra, Mauritanie — Une petite fille chantonne, les badauds empruntent la voie principale …la vie au camp de réfugiés de M’berra se poursuit. Personne ne semble prêter attention à cette petite khaima* blanche. Rien ne la distingue des abris semi-permanents du voisinage. Rien, hormis son jeune habitant. Maruset, 20 ans.

C’est, habillé comme tout jeune de son âge — polo bleu et jeans — qu’il nous accueille.

« Je suis Maruset Ag Mohamed. Je suis né en 1997 à Léré, une ville de la région de Tombouctou. Nous avions une vie paisible là-bas. Nous cohabitions tous ensemble : les tamasheks comme moi, les peuls, les arabes, les bambaras. »

Comme plus de 50 000 autres Maliens du Nord, Maruset a dû quitter son Mali natal pour fuir les hostilités. C’est à M’berra, sud-est de la Mauritanie que sa famille et lui ont trouvé refuge.

« J’allais à l’école, j’étais en 7ème année. Un jour, alors que je quittais l’école pour rentrer à la maison, on a attaqué la ville. On entendait des coups de feu. Les gens se sont mis à quitter la ville précipitamment. Nous aussi. Nous avions peur». Raconte, ému, Maruset.

« Nous avions tout laissé derrière nous. Tout le monde était parti ce même soir. Chacun avec ses moyens. Certains en voiture, d’autres en charrette. Ma famille et moi avons eu la chance de partir en voiture jusqu’au village voisin où la situation était plus calme. Quelques jours après, nous sommes arrivés en Mauritanie »

Le camp de réfugiés de M’berra a été mis en place en 2012 par la communauté humanitaire présente en Mauritanie pour faire face à l’afflux de réfugiés. Outre les services de santé, de nutrition, d’eau, l’UNICEF et ses partenaires ont offert aux jeunes nouveaux arrivants la possibilité de poursuivre l’école.

Aujourd’hui, l’UNICEF et ses partenaires — avec l’appui du service de la Commission Européenne chargée de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire européennes (ECHO)- assurent le fonctionnement de six écoles primaires , un collège-lycée et une dizaine de centres d’alphabétisation dans le camp de réfugiés ainsi que l’appui de 58 écoles publiques dans les communautés d’accueil.

Maruset poursuit : « Dès que nous sommes arrivés à M’berra, mon premier réflexe a été de chercher l’école. Il ne me fallait pas perdre de temps. La crise n’a — grâce à Dieu — pas affecté mes études. Je me suis senti protégé et éduqué ici. J’ai été assidu et j’ai réussi à obtenir mon baccalauréat au camp. Ce n’était pas trop difficile de préparer le bac. Il m’a fallu un peu de courage et l’appui de mes parents. Ils étaient fiers. Mon père était infirmier mais moi c’est dans les langues que je suis le plus fort ».

Chaque année, UNICEF et ses partenaires organisent conjointement avec le ministère de l’éducation nationale au Mali, les épreuves du Diplôme d’Education fondamentale et du baccalauréat. En 2018, près de 180 candidats ont passé les épreuves du baccalauréat avec un taux de réussite de 66%. Parmi eux, 17 — qui ont obtenu le Bac- sont sélectionnés pour recevoir des bourses d’études afin de poursuivre leur cursus universitaire à Nouakchott.

« Grâce à mes bons résultats au bac, j’ai obtenu une bourse d’études pour aller à l’Université de Nouakchott où j’ai finalise ma première année de littérature. Je suis le premier de ma famille à aller à l’université.

Dans l’avenir, je souhaiterais devenir écrivain. Je souhaiterais voyager. Et raconter l’histoire de l’Afrique. Notre histoire. L’Histoire mon pays. J’ai beaucoup de choses en tête mais je ne les ai pas encore sorties ».

L’éducation a joué depuis 2012 un rôle crucial pour le retour à la normalité et à la paix au camp de réfugiés de M’berra. Elle a permis aux enfants de surmonter les traumatismes liés aux conflits et de les protéger. « Grace aux projets d’éducation à la paix et de préparation aux métiers mis en œuvre par l’UNICEF et ses partenaires, nous contribuons directement à la cohésion sociale et au développement économique » affirme Fabio Manno, Chef éducation pour l’Unicef Mauritanie.

Unicef