COP21 : ce que contient le premier accord mondial sur le climat de l'histoire

Par kibaru

Approuvé par 195 pays, l'accord de Paris a été ratifié en fin de journée, samedi 12 décembre. Découvrez ce que ce texte historique contient, en 3 points principaux.

«Cet accord va servir les grandes causes : la sécurité, la production alimentaire, les droits essentiels, la paix», promettait ce samedi 12 décembre au matin Laurent Fabius, lors de la plénière. «Ce texte que nous avons bâti ensemble constitue le meilleur équilibre possible», a ajouté le président de la COP21, selon qui l'accord est à la fois «puissant et délicat» et «permettra à chaque groupe de pays de rentrer chez soi la tête haute, avec des acquis importants». Il vient d'être ratifié, ce samedi 12 décembre à 19h30.

Comme à l'accoutumée (cela a été le cas pour toutes les COP précédentes), la COP21 a joué les prolongations. Problèmes de traduction ? Langage technocrate très long à disséquer ? Dernière réticence de la part de certains pays, comme les Etats-Unis gênés par la différenciation des efforts à mener entre pays développés et pays en développement ? Ce sont des éléments de coulisses qu'il est difficile d'appréhender.

En attendant, voici les 3 points les plus importants de ce que l'on peut désormais appeler «l'accord de Paris» (disponible ici en français). Une première historique dans l'histoire de la gouvernance mondiale en matière d'environnement.

1. Un seuil de + 2°C… si possible de +1,5°C



Alors que la communauté internationale s'était accordée à fixer le seuil du réchauffement planétaire à 2°C, le texte fait mention d'un objectif plus ambitieux : celui de 1,5°C. Ce chiffre était une revendication notamment portée par les petits Etats insulaires, premières victimes potentielles face à la montée du niveau des mers. François Hollande, lors de son discours d'ouverture de la COP21 le 30 novembre, avait également déclaré «espérer» ce seuil. 

Évidemment, le véritable objectif sera de maintenir le réchauffement de la planète en dessous de 2°C (le texte parle d'un maintien des températures «bien en deçà de 2°C»), déjà un challenge de taille lorsque l'on sait que la somme des engagements des Etats achemine la planète plutôt sur une trajectoire de réchauffement de 3°C. Mais la mention du seuil de 1,5°C a au moins le mérite de donner corps à une plus grande ambition dans l'absolu et montre «que les gouvernements sont engagés à s’aligner sur la science», commente Tasneem Essop, cheffe de la délégation du WWF pour la COP21.

Ceci étant, pour Oxfam, les discours inspirés qu'on a pu entendre de la part de certains chefs d’Etat lors de l’ouverture de la COP21 n’ont pas survécu au jeu classique du marchandage des négociations climat. «La COP21 est une étape importante dans la lutte contre le changement climatique mais Paris n’est pas magique et l’accord ne nous donne pas les moyens de maintenir la hausse des températures en dessous des 1,5 degrés nécessaires pour protéger les populations les plus vulnérables des conséquences toujours plus désastreuses du changement climatique», estime Romain Benicchio, porte-parole d’Oxfam France.

2. Des responsabilités «communes mais différenciées»

Les pays développés devront verser 100 milliards de dollars (91 milliards d'euros environ) aux pays en développement afin de les aider à faire face aux conséquences du dérèglement climatique. Cette somme est un «plancher», qui appelle donc à être relevé, «au plus tard en 2025».

Par ailleurs, si tous les pays ont des efforts à faire pour juguler le réchauffement climatique, ces efforts ne seront pas les mêmes partout. C'est un point auquel les pays en développement, comme l'Inde, tenaient particulièrement à défendre. Les pays du Nord doivent «assumer plus de responsabilités» car les pays en voie de développement doivent être «autorisés à se développer», avait fait valoir le Premier ministre indien Narendra Modi lors des négociations.

Concernant la question des pertes et dommages, le projet d'accord reste flou. L’accord fixe «l’importance de prévenir, minimiser et aborder les pertes et dommages associés aux effets négatifs du changement climatique, incluant les événements extrêmes [inondation, cyclone...] et les événements à évolution lente [montée des eaux...], ainsi que le rôle, pour un développement durable, de la réduction du risque des pertes et dommages ». Mais il exclut toute «responsabilité ou compensation» des pays du Nord à l'égard des pays du Sud et évoque plutôt «l'entente» ou encore «le soutien» entre eux.

3. Un objectif à long terme plutôt faible

Sur la base de «l'équité», les pays devront revoir leur copie tous les cinq ans afin de se fixer de nouveaux objectifs en matière de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Les ONG jugent néanmoins que les gouvernements devraient revenir à la table des négociations avant l'entrée en vigueur de l'accord en 2020. «La procrastination n’est pas une option», rappelle à l'ordre Oxfam France.

Quant à l'objectif à long terme de réduction des émissions mondiales, il est plus flou que dans de précédentes moutures du texte (qui parlaient de 40 à 70% de réduction d'ici à 2050). L'accord prévoit «dans la seconde moitié du siècle» de parvenir à «zéro émission nette» via «un équilibre» entre les émissions d’origine anthropique et leur absorption par des puits de carbone (naturels, avec les forêts ou via enfouissement du CO2, que le texte ne nomme pas précisément).

En fait, «ce projet d’accord est une bonne base pour les 10 ans à venir, mais il faut le compléter sur certains points», résume Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. À noter également que tout pays pourra choisir de se retirer de l'accord de Paris «à tout moment après un délai de trois ans à partir de l’entrée en vigueur de l’accord», autrement dit à partir de 2023.

le parisien