« La grandeur d’un homme ne se mesure pas à sa hauteur, mais à ses actions et ses actes en ce monde ». Cet adage pourrait bien s’appliquer à Mohamed Ly, professeur Cardio-Vasculaire et Thoracique, un des savants dévoués pour le meilleur de l’Afrique.
Afriquemidi.com dresse ici le portrait d’un bienfaiteur, un bénévole qui a sillonné avec son ONG (AFCAO) l’Afrique
de l’Ouest pour opérer des centaines d’enfants et d’adultes souffrants de problèmes de cœur (500 000 malades cardiopathies par an). Mieux encore, le spécialiste décide de la création d’un centre de cardiologie de référence aux normes internationales pour l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar.
« L’accès à la chirurgie cardiaque pour tous »
Tout est parti du constat du nombre élevé d’enfants atteints de cardiopathie, 500 000 cas chaque année, des problèmes d’infrastructures spécialisées et surtout de l’intérêt que porte son père pour la cardiologie. À bas âge, les sciences et la médecine l’enchantent alors qu’il commence ses premières expériences de pâtre, puis d’apprenti mécanicien agricole dans l’exploitation familiale.
Sa soif d’apprendre le conduit en Tunisie après le Bac au Lycée de Boghe en Mauritanie. Il a eu son Doctorat en Médecine en 2000 avec la mention très honorable et les félicitations du jury. Le thème portait sur : « La chirurgie des triples atteintes vasvulaires, résultats et pronostics ».
Des centaines de cas sauvés en Mauritanie , au Sénégal, en Côte d’Ivoire…
Toujours à la quête du savoir, il choisit ensuite la France pour parfaire ses connaissances dans l’un des plus grands centres européens en matière chirurgicale : Marie Lannelongue à Plessis Robinson dans les Hauts-de-Seine. Il obtient un diplôme en chirurgie valvulaire à l’Université Paris Sud en 2003, puis un autre en chirurgie des cardiopathies congénitales à Paris V en 2006. Quatre ans plus tard, il obtient le grade de Professeur agrégé en chirurgie cardiovasculaire.
Le professeur devient un spécialiste avéré des cardiopathies congénitales du nouveau-né à l’adulte. Il fait preuve de tact particulier en matière de réanimation, ce qui le démarque de ses confrères. Il est sollicité à travers le monde dans le cadre, entre autres, de conférences internationales à Washington, à Tampa en Floride, à Londres, à Genève, en Italie, en Croatie, en Grèce, Suisse, Tunisie, Sénégal, Mauritanie…
Lui, c’est le professeur Ly, élancé de teint clair, sourire aux lèvres. Il commence ses missions humanitaires notamment la chirurgie vasculaire dans son pays d’origine, la Mauritanie plus précisément en janvier 2001 à l’hôpital national de Nouakchott. A son actif, 38 patients opérés avec succès.
C’est le début d’un dévouement fort salutaire pour son pays, pour l’Afrique. Dans le cadre d’une deuxième mission humanitaire, il réussit pour la première fois à Nouakchott, le 4 novembre 2002, une opération à cœur ouvert. En 2008, il décide de créer la Fondation mauritanienne du cœur (FMC), puis l’Association franco-mauritanienne du cœur (AFMC) en 2011 avant de devenir membre l’organisation restreinte du collège français de chirurgie thoracique et cardiovasculaire et la Société française de chirurgie thoracique et cardiovasculaire.
En même temps, il devient un membre sympathisant de la DSP (Diaspora solidaire et participative), de l’EACTS (European association of cardiothoracique ), et en 2014 de WSPCHS (World society for pédiatrique and congénital heart surgery) et un centre international de l’Afrique de l’Ouest basé à Dakar.
Les actions humanitaires qui ont redonné espoir à des centaines d’Africains susciteront beaucoup d’intérêts. En effet, de novembre 2005 à janvier 2007, il interviendra avec l’équipe de Marie Lannelongue à l’hôpital Sahloul de Sousse en Tunisie, à l’hôpital de Rabat au Maroc, au centre Dar El Shefaa au Caire en Égypte. En 2014, neuf patients ont été opérés avec succès par M. Ly à l’hôpital FANN de Dakar au Sénégal.
L’intervention la plus récente remonte à mai dernier, en Côte d’Ivoire. En partenariat avec la fondation de la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara. 23 enfants et deux adultes ont été opérés lors de cette mission qui s’est déroulée à l’Institut de Cardiologie d’Abidjan, face à la demande et pour mieux se déployer vers ces pays, il crée en 2013 une organisation non gouvernementale dénommée Association française du cœur pour l’Afrique de l’Ouest (AFCAO).
Elle est composée d’experts en cardiologie, en chirurgie cardiaque, en anesthésie, en réanimation, et de spécialistes paramédicaux. Tout ceci, dans le but de soutenir les enfants et adultes devant passer la chirurgie cardiaque pédiatrique en Afrique de l’Ouest. Mais également pour le perfectionnement et la formation de personnels médicaux spécialisés. « J’étais plus qu’un adolescent quand je suis parti de l’Afrique.
Donc, je sais ce qui ne va pas là-bas. J’ai eu cette chance d’être là, de fréquenter de grandes institutions en chirurgie, de devenir professeur. Donc, il était hors de question pour moi de croiser les bras », a laissé entendre cet infatigable bienfaiteur.
L’accessibilité du centre est garantie aux plus démunies
Pr Ly et ses amis estiment que les missions humanitaires en Afrique par année ne sont pas la bonne solution. L’évacuation sanitaire vers l’Europe ne l’est pas non plus et coûte trop cher. Partant de ce fait, AFCAO projette de construire un centre de cardiologie de référence pour l’Afrique de l’Ouest basé au Sénégal, et répondant aux normes internationales. Il aura une capacité de 100 lits avec un plateau technique efficace dans le domaine cardiovasculaire.
Il s’y ajoute la promotion de la formation des médecins et des personnels paramédicaux de la sous-région ouest-africaine pour des spécialisations. Le démarrage des travaux est prévu début 2018 pour une durée de 16 voire 18 mois. Grâce à une prise en charge raisonnable, l’accessibilité du centre est garantie aux plus démunies.
La cardiologie, la rythmologie avec le cathétérisme cardiaque et toutes les interventions à cœur ouvert ou fermé de l’adulte et du nouveau-né occuperont une place importante dans l’offre de soins. Selon toujours le président, l’objectif de l’ONG est « d’atteindre 600 opérations à cœur ouvert » dès la première année de fonctionnement.
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