De plus en plus, l’exemple de la Mauritanie en matière de lutte contre le terrorisme commence à inspirer certains pays voisins. C’est ainsi qu’en fin de semaine dernière, un célèbre journaliste malien en l’occurrence Chiaka Doumbia, de l’hebdomadaire « le Challenger » écrivait un article dans lequel il traitait de la stratégie adoptée par le Mali dans la lutte contre le terrorisme. Sans détour, il y a notamment démontré les limites, voire les carences de l’approche malienne. Selon lui, celle-ci reste sectarisme, suiviste et trop dépendante de l’Occident, notamment de la France.
Ainsi, pour la modifier et la rendre plus efficace, il préconise de changer de méthode en engageant une réflexion sérieuse permettant d’élaborer une vision réellement nationale, globale et pluridisciplinaire, prenant en compte les réalités spécifiques propres au Mali en matière de sécurité de façon générale et plus particulièrement dans le domaine de la lutte antiterroriste. Il explore quelques pistes allant dans cette direction dont le dialogue avec les radicaux. Sur ce point, il souligne les expériences réussies de certains pays voisins notamment la Mauritanie. Avant d’inviter les autorités maliennes à s’en inspirer.
Selon lui : « Après une politique répressive, la Mauritaniea dû se résoudre à comprendre qu’il existe une autre façon de lutter contre le terrorisme. Des discussions directes engagées avec les terroristes détenus dans des prisons ont donné des résultats positifs qui ont permis au gouvernement mauritanien de se pencher sur d’autres aspects de la lutte contre ce fléau ».
Par ailleurs, au Sénégal également la stratégie mauritanienne dans la lutte contre le terrorisme est très saluée et même recommandée. Intervenant lors d’un symposium sur le Maouloud récemment tenu dans ce pays, le président du Comité sénégalais des droits de l’Homme, Alioune Tine non moins chef du bureau régional d’Amnesty International a appelé l’assistance à s’inspirer du cas de la Mauritanie. Rappelant pour l’occasion que les autorités de ce pays ont initié un dialogue direct entre les Oulémas prêchant l’islam modéré et les radicaux détenus en prison pour contredire idéologiquement les arguments soutenus par ces derniers. Il a qualifié cette stratégie mauritanienne de « désintoxication idéologique par l’interaction sociale ». En d’autres termes, il s’agit d’affronter ces radicaux idéologiquement parlant sur leur propre terrain pour prouver la fausseté de leur raisonnement en la matière du point de vue islamique.
En effet, comme le soutiennent ces deux intervenants, la Mauritanie est même allée plus loin en élaborant depuis plusieurs années, une vision sécuritaire globale bâtie autour de piliers fondamentaux de plusieurs ordres : juridique, politique, socioéconomique, diplomatique et militaire. Depuis, cette vision continue de susciter l'intérêt de la Communauté internationale. D’ailleurs, pour répondre à la demande de celle-ci, le ministère mauritanien des Affaires étrangères et de la Coopération a publié en avril 2010 une version d'un document officiel d'une quarantaine de pages accessible au public dans lequel cette stratégie est développée point par point (v.photo). Dans ce document, on évoque bien sûr l’aspect militaire de cette lutte, mais à côté il y est clairement mentionné la nécessité d’un dialogue avec les extrémistes qui n’ont pas du sang sur les mains, le contrôle des prêches dans les mosquées et surtout l’insertion sociale d’éventuels terroristes repentis.