C’est à l’unanimité que le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, hier mercredi 21 juin 2017, une Résolution en faveur du déploiement de la force conjointe du G5 Sahel. Ce, après que la France, porteuse du projet, et les Etats-Unis soient parvenus à un accord. Toutefois, contrairement aux attentes, cette Résolution n’autorise pas le déploiement de cette force, mais ne fait que le saluer. C’est dire qu’il reste encore du chemin à parcourir pour que cette force puisse avoir l’appui nécessaire à la lutte contre le terrorisme.
Ainsi, bien que ne bénéficiant pas d’un mandat onusien, cette force conjointe formée par les cinq pays de la région sahélienne (Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad) pourra être déployée sur le terrain. Cependant, elle doit faire face à un problème de financement estimé à 400 millions de dollars par an. Déjà, le 5 juin dernier, l’Union européenne, par la voix de sa Haute Représentante pour les affaires étrangère, Mme Federica Mogherini, a annoncé un soutier financier à hauteur de 50 millions d’euros. Une somme destinée à équiper les soldats, policiers et civils qui devraient être déployés au courant de cette année dans les zones frontalières entre la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Lesquels auront besoin davantage de moyens pour faire face à la lutte contre le terrorisme.
Il convient de préciser que le texte adopté hier a été remanié par rapport à celui qui a été initialement proposé par la France. Très réticents au projet, notamment sur ses aspects financiers, les Etats-Unis avaient même l’intention de poser leur véto au cas où le texte n’aurait pas été reformulé. Ils estimaient qu’en lieu et place d’une Résolution, une simple déclaration suffit. Ainsi, d’une lutte contre le terrorisme, comme cela avait été souligné au départ, selon le nouveau texte, la mission de cette force est de ramener la paix et la sécurité dans la région du Sahel. Cependant, des analystes estiment que cela ne devrait avoir aucune conséquence opérationnelle puisque légalement les cinq pays - Mali, Niger, Tchad, Mauritanie et Burkina Faso - qui composent cette force régionale ont déjà accepté le principe d'opérations antiterroristes sur leurs territoires.
Preuve qu’elle ne bénéficie pas d’un mandat onusien, le chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui devrait normalement autoriser son déploiement, a été retiré.
Le plus grand problème auquel cette force devra être confrontée restera celui de son financement. En effet, il est clair que les pays de la région, malgré leur volonté, n’ont pas les moyens de faire face à cette épineuse équation. Et le montant de 50 millions d’euros promis par l’Union européenne est loin de subvenir aux besoins estimés à 400 millions de dollars. D’ailleurs, les Etats-Unis, premier contributeur des opérations de maintien de la paix de l’ONU, envisage de baisser de 40% leur contribution globale. Par ailleurs, le nouveau texte de résolution ouvre une brèche en offrant à cette force la possibilité de scruter d’autres sources de financement. C’est ainsi que le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de l’ONU de rendre compte des « défis rencontrés et de possibles mesures à prendre en considération ».
Reste maintenant à peaufiner tous ces détails afin de lancer véritablement cette force qui sera chargée de lutter contre le terrorisme et le crime organisé. Ce sera sans doute au cours du prochain sommet du G5 Sahel prévu à Bamako, le 2 juillet prochain, en présence du président français Emmanuel Macron.