Sami Kanaan a signé mardi 21 mai la Déclaration de Genève sur les droits de l’Homme en mer. Le texte, porté par des associations, rappelle les principes de défense des droits humains. Les auteurs espèrent que la Déclaration sera signée par le plus grand nombre de maires en Europe, et qu’il provoquera une mobilisation internationale en faveur des migrants en Méditerranée.
À l’heure où des dizaines de migrants meurent chaque mois en mer, le maire de Genève réaffirme l’obligation des États européens d’aller secourir les migrants en détresse en Méditerranée.
Sami Kanaan a signé mardi 21 mai la Déclaration de Genève sur les droits de l’Homme en mer. Le texte, porté par l’association britannique Human rights at sea et soutenu par l’ONG SOS Méditerranée Suisse, rappelle que la vie humaine est sacrée en mer comme sur terre. Le droit maritime international et la Convention de Genève, relative au statut de réfugié, ne doivent pas être des textes vains, selon les signataires de la Déclaration qui entendent les faire respecter.
"La mer n’est pas une zone de non-droit"
"La mer n’est pas une zone de non-droit", insiste Caroline Abu Sa’da, directrice de SOS Méditerranée Suisse, jointe par InfoMigrants. Or "il existe de plus en plus de preuves de violations systématiques des droits de l’Homme en mer (…) Les gens disparaissent en mer, meurent en mer, sont agressés et maltraités", », est-il rappelé dans la Déclaration.
Depuis des mois, les ONG alertent sur les traitements inhumains subis par les migrants en Libye. Elle s’offusquent que l’Union européenne renforce les capacités des garde-côtes libyens en mer Méditerranée. En février, la ministre française des Armées, Florence Parly, a annoncé que Paris allait livrer six navires à Tripoli pour soutenir les "efforts de la marine libyenne […] contre l’immigration clandestine".
Les ONG et les instances internationales répètent inlassablement que les migrants ne doivent pas être renvoyés en Libye, pays en guerre et donc peu sûr.
"Ce texte permet également de rappeler que les ONG ne sont pas des criminels, ce sont les États qui ne répondent pas à leurs obligations", signale encore Caroline Abu Sa’da.
En effet, les ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée sont régulièrement accusés de collusion avec les passeurs. Le mois dernier, Christophe Castaner, le ministre français de l'Intérieur, a créé la polémique en affirmant que les ONG avaient "pu se faire complices" des passeurs, les appelant à "avoir une attitude responsable". Des propos qui rappellent ceux de son homologue italien Matteo Salvini, chef de file du parti d'extrême-droite la Ligue, qui depuis son arrivée au pouvoir en juin 2018 accuse régulièrement les ONG de complicité avec les réseaux de passeurs.
Face aux pressions politiques ou immobilisés à quai, les navires humanitaires ont déserté la zone de détresse. Résultat : le nombre de morts en mer augmente.
"Il faut que ça cesse !"
L’an dernier, plus de 2 260 personnes sont décédées en tentant de rejoindre l’Europe par la mer. En 2019, environ 10% des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale sont déclarés morts ou portés disparus, "soit une hausse notable" par rapport aux deux dernières années selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
"Il y a eu des milliers de morts en Méditerranée, il faut que ça cesse !", a twitté le maire de Genève le jour de la signature de la Déclaration. "La Méditerranée est devenue un cimetière, on assiste à une démission collective des États sur les questions migratoires, on renie les droits fondamentaux, on exploite la misère…etc. Mais je suis persuadé qu’un jour nos dirigeants devront rendre des comptes devant un tribunal pour crime contre l’humanité", estime Sami Kanaan, contacté par InfoMigrants.
Selon lui, lorsque les États sont "défaillants ou réactionnaires", c’est aux Villes de s’engager.
Prochaine étape donc, faire signer la Déclaration au plus grand nombre de maires européens. "Barcelone, Palerme, Naples… vont être rapidement sollicités pour qu’ils signent à leur tour ce texte", précise Caroline Abu Sa’da.
"C’est une mesure symbolique mais je pense que ce genre d’actions peut créer une prise de conscience et une véritable mobilisation internationale", conclu l’édile.