La MINUSMA ferme ses derniers camps et quitte le Mali Des manœuvres diplomatiques au Mali

Naufrages en Méditerranée : plus de 2 000 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus depuis le début de l’année, le bilan de 2022 est déjà dépassé

Par kibaru

Le nombre de migrants morts ou disparus en mer Méditerranée recensés depuis le début de l’année 2023 est déjà supérieur aux bilans sur douze mois des quatre années précédentes.

Samedi 5 août, deux embarcations de migrants ont fait naufrage au large de l’île de Lampedusa (Italie), en mer Méditerranée. La mort d’une femme et celle d’un enfant âgé de 2 ans ont été confirmées, et une trentaine de victimes sont portées disparues, tandis que cinquante-sept personnes ont survécu. Cette traversée tragique s’ajoute aux tentatives mortelles relayées par la presse quasi quotidiennement.

Le centre d’accueil de Lampedusa est déjà saturé, avec environ 2 500 migrants pour 600 places, selon la Croix-Rouge italienne, en raison de l’intensification des arrivées de demandeurs d’asile. En Italie, principale porte d’entrée en Europe, le Haut Conseil des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 90 763 migrants sont arrivés entre janvier et août 2023, soit presque autant que les 105 131 enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022. Pour le seul mois de mars 2023, l’UNHCR a décompté 13 267 entrées en Italie, contre 1 358 sur la même période de l’année précédente.

Un bilan 2023 déjà équivalent aux quatre années précédentes

Depuis la crise migratoire européenne de 2014-2015, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tient un recensement des migrants morts, portés disparus et survivants au cours de leur migration. Sont comptés « les migrants morts aux frontières extérieures des Etats ou au cours du processus de migration vers une destination internationale, quel que soit leur statut juridique ». Sont exclus les morts dans les camps de réfugiés, pendant les expulsions, ceux résultant de l’exploitation du travail ou d’un retour forcé dans le pays d’origine, ainsi que les morts de personnes déplacées au sein de leur pays d’origine. Par définition, le décompte de l’OIM est donc probablement sous-évalué. Le bilan reste pourtant vertigineux : en neuf ans, plus de 27 000 personnes ont payé de leur vie leur tentative de passage vers l’Europe.

Après un pic en 2016, avec plus de 5 000 morts, le nombre de migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée s’est stabilisé autour de 2 000 à partir de 2018, avant de connaître une baisse en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, après seulement sept mois, le bilan 2023 est déjà plus lourd que ceux des quatre années passées.

La Méditerranée centrale, route mortelle

Pour rejoindre l’Europe, la majorité des migrants passent par la mer, en empruntant trois « routes » maritimes.

  • La Méditerranée centrale : cette route part des côtes d’Afrique du Nord et finit en Italie, ou à Malte dans une moindre mesure. Historiquement, c’est celle dont proviennent le plus d’arrivées, selon le HCR, mais c’est aussi la plus risquée. L’OIM chiffre à 4,78 % le taux de mortalité en 2019, soit 1 migrant sur 21 qui meurt lors d’une tentative de traversée.
  • La Méditerranée occidentale : il s’agit de la voie entre le Maroc et l’Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar ou en posant pied à Melilla ou Ceuta, les deux enclaves espagnoles situées sur le continent africain. Le taux de mortalité est estimé à 1,67 %.
  • La Méditerranée orientale : c’est la route qui relie la Turquie à la Grèce, principalement. Ce passage fut la première route empruntée en 2015, après la crise syrienne : selon le HCR, 856 723 personnes sont arrivées de la Turquie en Grèce cette année-là. Cette route est désormais moins empruntée. En 2019, le taux de mortalité y était de 0,05 %, selon l’OIM. Un chiffre possiblement sous-estimé, selon l’organisation, qui reconnaît un manque d’exhaustivité des données et des biais temporels.

Difficile d’établir la nationalité des migrants

Dans près de deux tiers des cas, l’OIM n’est pas en mesure de retracer la région d’origine des personnes mortes ou portées disparues en mer. Parmi les victimes dont l’origine géographique est connue, la plus grande partie provient d’Afrique subsaharienne. Ce sont les migrants de ces pays qui sont depuis plusieurs semaines victimes de violences (délogements, violences physiques, expulsions et abandons dans le désert…) commises par les autorités tunisiennes.

Le HCR dispose d’une vision plus précise des nationalités des demandeurs d’asile arrivés sur le sol européen après avoir traversé la Méditerranée : depuis 2021, il s’agit majoritairement de Tunisiens, d’Egyptiens et de Bangladais.

lemonde

 

 

 


Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/10/naufrages-en-mediterranee-avec-plus-de-2-000-morts-depuis-le-debut-de-l-annee-le-bilan-de-2022-est-deja-depasse_6185020_4355770.html

Samedi 5 août, deux embarcations de migrants ont fait naufrage au large de l’île de Lampedusa (Italie), en mer Méditerranée. La mort d’une femme et celle d’un enfant âgé de 2 ans ont été confirmées, et une trentaine de victimes sont portées disparues, tandis que cinquante-sept personnes ont survécu. Cette traversée tragique s’ajoute aux tentatives mortelles relayées par la presse quasi quotidiennement.

Le centre d’accueil de Lampedusa est déjà saturé, avec environ 2 500 migrants pour 600 places, selon la Croix-Rouge italienne, en raison de l’intensification des arrivées de demandeurs d’asile. En Italie, principale porte d’entrée en Europe, le Haut Conseil des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 90 763 migrants sont arrivés entre janvier et août 2023, soit presque autant que les 105 131 enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022. Pour le seul mois de mars 2023, l’UNHCR a décompté 13 267 entrées en Italie, contre 1 358 sur la même période de l’année précédente.

Un bilan 2023 déjà équivalent aux quatre années précédentes

Depuis la crise migratoire européenne de 2014-2015, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) tient un recensement des migrants morts, portés disparus et survivants au cours de leur migration. Sont comptés « les migrants morts aux frontières extérieures des Etats ou au cours du processus de migration vers une destination internationale, quel que soit leur statut juridique ». Sont exclus les morts dans les camps de réfugiés, pendant les expulsions, ceux résultant de l’exploitation du travail ou d’un retour forcé dans le pays d’origine, ainsi que les morts de personnes déplacées au sein de leur pays d’origine. Par définition, le décompte de l’OIM est donc probablement sous-évalué. Le bilan reste pourtant vertigineux : en neuf ans, plus de 27 000 personnes ont payé de leur vie leur tentative de passage vers l’Europe.

27 364 morts et portés disparus recensés en mer Méditerranée depuis 2014

Données collectées de différentes sources par l’Organisation internationale pour les migrations (organisation liée aux Nations unies)
Use regions/landmarks to skip ahead to chart

 

Long description.

Données arrêtées au

Structure.

Bar chart with 10 bars.
The chart has 1 X axis displaying categories.
The chart has 1 Y axis displaying 0.

Chart graphic.

Created with Highcharts 6.1.1
2014201520162017201820192020202120222023 (prov)
1 000 3 000 5 000
3 289
4 055
5 136
3 139
2 337
1 885
1 449
2 048
1 963
2 063
 

Après un pic en 2016, avec plus de 5 000 morts, le nombre de migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée s’est stabilisé autour de 2 000 à partir de 2018, avant de connaître une baisse en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Mais, après seulement sept mois, le bilan 2023 est déjà plus lourd que ceux des quatre années passées.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Italie, les naufrages se succèdent près de Lampedusa
 
Ajouter à vos sélections
 
Pour ajouter l’article à vos sélections
identifiez-vous
 

La Méditerranée centrale, route mortelle

Pour rejoindre l’Europe, la majorité des migrants passent par la mer, en empruntant trois « routes » maritimes.

  • La Méditerranée centrale : cette route part des côtes d’Afrique du Nord et finit en Italie, ou à Malte dans une moindre mesure. Historiquement, c’est celle dont proviennent le plus d’arrivées, selon le HCR, mais c’est aussi la plus risquée. L’OIM chiffre à 4,78 % le taux de mortalité en 2019, soit 1 migrant sur 21 qui meurt lors d’une tentative de traversée.
  • La Méditerranée occidentale : il s’agit de la voie entre le Maroc et l’Espagne, en traversant le détroit de Gibraltar ou en posant pied à Melilla ou Ceuta, les deux enclaves espagnoles situées sur le continent africain. Le taux de mortalité est estimé à 1,67 %.
  • La Méditerranée orientale : c’est la route qui relie la Turquie à la Grèce, principalement. Ce passage fut la première route empruntée en 2015, après la crise syrienne : selon le HCR, 856 723 personnes sont arrivées de la Turquie en Grèce cette année-là. Cette route est désormais moins empruntée. En 2019, le taux de mortalité y était de 0,05 %, selon l’OIM. Un chiffre possiblement sous-estimé, selon l’organisation, qui reconnaît un manque d’exhaustivité des données et des biais temporels.

La Méditerranée occidentale est la route privilégiée, aussi la plus mortelle, pour les migrants qui tentent de rallier l’Europe

Répartition annuelle des morts et portés disparus selon les routes empruntées.
Created with Highcharts 6.1.1

32893289405540555136513631393139233723371885188514491449204820481963196320632063Méditerranée centraleMéditerranée occidentaleMéditerranée orientale

2014201520162017201820192020202120222023*
1 000 3 000 5 000
2022
● Méditerranée orientale : 381
● Méditerranée occidentale : 197
● Méditerranée centrale : 1 385
 
Ajouter à vos sélections
 
Pour ajouter l’article à vos sélections
identifiez-vous
 

Difficile d’établir la nationalité des migrants

Dans près de deux tiers des cas, l’OIM n’est pas en mesure de retracer la région d’origine des personnes mortes ou portées disparues en mer. Parmi les victimes dont l’origine géographique est connue, la plus grande partie provient d’Afrique subsaharienne. Ce sont les migrants de ces pays qui sont depuis plusieurs semaines victimes de violences (délogements, violences physiques, expulsions et abandons dans le désert…) commises par les autorités tunisiennes.

Plus de 6 000 migrants morts ou portés disparus en mer Méditerranée sont originaires d'Afrique subsaharienne

Données collectées de différentes sources par l'Organisation internationale pour les migrations. Chiffres arrêtés à la fin juillet pour l'année 2023.
Use regions/landmarks to skip ahead to chart and navigate between data series

 

Long description.

Les morts et portés disparus pour lesquels la région d'origine est "inconnue" ou "mixte" sont 14 074

Structure.

Bar chart with 2 data series.
The chart has 1 X axis displaying categories.
The chart has 1 Y axis displaying Morts ou portés disparus.

Chart graphic.

Created with Highcharts 6.1.1

Morts ou portés disparus6342634223712371194419441338133812951295Origine présuméeOrigine confirmée

Afrique subsaharienneAfrique du NordAutres (Asie du Sud, Afrique de l'Est, Afrique centrale...)Asie occidentaleAfrique de l'Ouest
2 000 6 000
Afrique du Nord
1984 migrants dont l'origine a été confirmée et 387 migrants dont l'origine est présumée
 

Le nombre de morts et portés disparus pour lesquels la région d'origine est « inconnue » ou « mixte » est de 14 074.

Source : Organisation internationale pour les migrations (Projet Migrants disparus)

Le HCR dispose d’une vision plus précise des nationalités des demandeurs d’asile arrivés sur le sol européen après avoir traversé la Méditerranée : depuis 2021, il s’agit majoritairement de Tunisiens, d’Egyptiens et de Bangladais.