Si le festival au désert ne se tient plus à Tombouctou, cette manifestation culturelle majeure continue à mettre la musique touarègue à l’honneur, en exil. Grâce à un partenariat avec le festival de Taragalte (Maroc) et le festival sur le Niger (Mali) , l’esprit de Tombouctou subsiste et une caravane culturelle œuvre à la promotion de la paix au Mali.
Depuis la crise malienne de 2012, le festival au désert de Tombouctou se poursuit en exil à travers d'autres manifestations culturelles régionales. Que ce soit à Segou, dans le centre du Mali ou à M'Hamid Ghizlane dans le sud marocain. Dans le souci de sauver le festival au désert, un accord tripartite a, en effet, été signé fin 2012 à Amsterdam entre le festival au désert, le festival sur le Niger de Ségou et celui de Taragalte au Maroc. ''Une initiative qui est soutenue et financée par lafondation hollandaise DOEN, fortement engagée dans le développement des activités culturelles en Afrique'' explique Mohamed Doumbia, administrateur du festival sur le Niger rencontré à M'Hamid Ghizlane, lors d'un débat sur le partenariat qui lie son festival à ceux du Mali et aux activités qu'ils mènent ensemble.“Les dunes de M'Hamid El Ghizlane et de la région de Zagora nous rappellent beaucoupcelles de Tombouctou " constate Mohamed Doumbia précisant qu’un volet artisanat vient aussi d’être rajouté au programme de coopération. “Ce partenariat a aussi donné naissance à une caravane culturelle” rappelle-t-il. "La Caravane des artistes pour la paix'' composée d'artistes maliens et marocains.
Cette caravane culturelle participe depuis Septembre 2012 à des festivals dans toute la région, du Burkina Faso à la Mauritanie en passant par le Maroc.
Ses artistes ont notamment réalisé un clip vidéo musical au cours de la dernière édition du festival de Taragalte le 29 Octobre 2016, intitulé “Les frères il faut la paix''.
Promouvoir la paix dans la région Cette caravane artistique travaille et voyagepour promouvoir la diversité culturelle, la tolérance et la cohésion sociale au sein despopulations du Sahel et du Sahara. "Ces activités rentrent également dans le cadre des efforts de promotion de la paix au Mali” ajoute Mohamed Doumbia. “ De fait, deux événements culturels dans des camps de réfugiés maliens ont eu lieu en 2013 au Burkina Faso.
La Caravane pour la paix s'est aussi déplacée au camp de M'Berra, où sont réfugiés de nombreux maliens, pour y donner des concerts.” Mais la paix reste encore une perspective lointaine.Interrogé sur la possibilité du retour du festival au désert à Tombouctou, le directeur du festival Manny Ansar appelle à la patience. "Nos amis globe-trotters ne cessent de réclamer le retour du festival au désert à Tombouctou mais jusqu'à présent nous ne pouvons pas prendre la décision vules conditions d'insécurité sur place" a-t-il indiqué au cours de la même conférence à M'Hamid El Ghislane. "Il nous faut du tempspour que toutes les conditions de sécurité soient réunies, pour appeler nos festivaliersà nous rejoindre dans le désert de Tombouctou''.Un objectif partagé par Halim Sbai, co-organisateur du festival de Taragalte. Les raisons de la création de son festival sont la pérennisation des valeurs du nomadisme et la consolidation de la paix en Afrique.
"Le Maroc ne cesse de multiplier les efforts dans ce sens. On oublie parfois que ce pays est enraciné dans l’Afrique'' souligne-t-il.La diversité africaine mise en musiqueM. Benzabo, est sociologue mais il fait également partie des artistes de la caravane pour la paix, membre du groupe de musique "MALIKAN", qui signifie "les voix du Mali" en langue Bambara. Il estime que le problème d'insécurité ne se limite pas seulement au Mali mais que toute l'Afrique est concernée, voire même le monde entier. Le meilleur moyen pour créerun climat d'entente est de continuer à entreprendre des activités culturelles comme celle-ci, explique-t-il. "Ce projet fait du bien non seulement aux artistes, qui ont la guerre chez eux, mais ça permet aussi d'éveiller la jeunesse et l'ensemble de ceux qui nous écoutent à ce que la musique véhicule comme message.
Qui parle de musique parle de spectacle" raconte l'artiste qui rappelle que le groupe "les voix du Mali" compose et chante dans toutes leslangues du Mali, que ce soit en Tamasheq, arabe, bambara, songhai, dogon etc... "La beauté d'un tapis se trouve dans la diversitédes couleurs qui le composent", se réjouit M. Benzabo.
MOHAMED AG AHMEDOU/dunevoices.info