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Soldats américains tués au Niger : Ils étaient à la recherche d’une « cible de grande valeur »

Par kibaru

On commence à en savoir un peu plus sur les circonstances de la mort de quatre soldats américains dont deux Bérets verts et leurs quatre camarades nigériens, le 4 octobre. Un drame qui éclaire la direction stratégique prise par Washington en Afrique.

Au départ une mission de reconnaissance

Le chef d’État-major de l’armée américaine Joe Dunford et des médias américains ont livré les grandes lignes du piège dans lequel sont tombés les soldats américains au Niger. Partis de Niamey, le 3 octobre, pour une mission de reconnaissance, douze soldats américains et 30 Nigérians se sont rendus au village de Tiloa, à 85 kilomètres au nord de la capitale.

Sur le chemin de retour, ils ont reçu l’ordre de faire demi-tour pour « neutraliser » un chef djihadiste lié à Al-Qaida et Daech : une « High value target » (HVT ou « cible de grande valeur », l’appellation donnée par les services américains comme les services français aux personnes à « neutraliser » en toute priorité) dont le nom de code est Naylor Road.

Des forces spéciales devaient les rejoindre, en renfort. Pour une raison non dévoilée, la jonction entre les deux groupes ne s’est pas faite. La patrouille a reçu l’ordre de poursuivre sa mission. Elle est arrivée sur le campement présumé de « Naylor Road », tôt dans la matinée du 4 octobre : mais le site était abandonné.

Dans le piège de Tongo Tongo

En reprenant la direction du sud, la patrouille s’est arrêtée au village de Tongo Tongo, vers 8 h 30. Là, un vieillard leur a fait perdre du temps. Aux dernières nouvelles, ce dernier aurait été arrêté pour complicité. C’est en sortant de Tongo Tongo qu’ils ont été pris sous le feu d’un groupe armé très bien organisé d’au moins une cinquantaine de combattants.

Une heure après le début de l’affrontement, les Américains ont appelé à l’aide les Français de la Force Barkhane. Deux Mirages 2000 sont arrivés sur zone, moins d’une heure après. Ils ont volé à basse altitude pour effrayer les djihadistes, « un show off force », sans ouvrir le feu de peur de toucher leurs alliés. Des forces spéciales françaises à bord de deux Puma sont ensuite arrivées de Ouagadougou avec une poignée de Bérets verts.

« Les Français ont sauvé nos hommes. Oui, nous en avons perdu quatre. Mais nous aurions perdu tout le monde sans les Français », a déclaré le chef d’État-major de l’armée américaine Joe Dunford.

6 000 soldats américains en Afrique

Le drame de Tongo Tongo a obligé le chef d’états-majors de l’armée américaine à dévoiler au plus grand nombre l’engagement militaire de son pays en Afrique. Officiellement, ils sont 6 000 soldats – la plupart chargée de la sécurité des ambassades – déployés sur le continent. Le Niger constitue la tête de pont de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel avec 800 soldats et une importante base de drones à Agadez, dans le centre du pays. Cette base, dont le coût est estimé à une centaine de millions de dollars, donne aux États-Unis une plate-forme de surveillance de premier plan du Sahel.

Ce sont surtout les forces spéciales qui sont actives contre les groupes djihadistes. Les effectifs de ces troupes d’élite (qui proviennent de divers corps de l’armée américaine) sont montés à 1 300 hommes en 2017, contre 450 en 2012.

Renforcer les forces américaines

Le général Dunford a indiqué lundi 23 octobre que les États-Unis allaient encore renforcer leur présence, car « l’Afrique est l’un des endroits où nous savons que l’ISIS (le groupe État islamique) espère renforcer sa présence ». « Nous allons assister à davantage d’actions en Afrique », a également déclaré le sénateur républicain Lindsey Graham après un entretien avec le secrétaire américain à la défense James Mattis, vendredi 20 octobre.

Avec la-croix