La ville de Mopti, surnommée la Venise malienne, a été le théâtre du lancement d’un projet novateur visant à prévenir l’extrémisme violent et la radicalisation chez les jeunes. Ce projet axé sur la formation et l’insertion socioprofessionnelle a débuté le 26 mai 2023.
Une nouvelle chance pour des jeunes de Mopti
Cette initiative entend favoriser l’inclusion des jeunes dans la société à travers des opportunités professionnelles. Trente-cinq jeunes, dont 10 femmes, auront ainsi la chance de suivre une formation dans des domaines tels que la menuiserie métallique, la menuiserie-bois, la mécanique moto, l’électricité photovoltaïque, la couture et la saponification. En parallèle, des séances de sensibilisation aux droits de l'homme, à la démocratie et à la citoyenneté seront organisées pour assurer leur intégration totale dans la vie civile.
Les bénéficiaires de ce projet, venus de différentes localités de la région, s’engagent à promouvoir la paix grâce à leur insertion professionnelle. Durant une période de sept mois, ils apprendront de nouvelles compétences dans le métier de leur choix.
Amadou Kelly, originaire du village de Senoussa dans le cercle de Djenné, met en avant l’importance de l’autonomie pour les jeunes. « Nous en sommes encore au début, nous suivons actuellement des cours d’alphabétisation qui nous aident à apprendre à écrire dans nos langues locales. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, donc vous pouvez imaginer la fierté avec laquelle je reçois ces cours dans ma langue. Je vais être de plus en plus assidu pour progresser dans mes apprentissages. J’ai choisi l’électricité photovoltaïque. À terme, je deviendrai un modèle de jeune autonome et combatif dans mon village, où presque tout le monde pratique l'agriculture » déclare-t-il.
Stagiaire en coupe et la couture Aminata Niangaly se réjouit déjà des bénéfices qu’elle entrevoit : « Ce projet nous permet d’apprendre un métier, de nous installer et de nous démarquer. Chacun d’entre nous vivra de son travail, et c’est aussi cela la paix, que chacun puisse travailler ».
Les autorités nationales et la MINUSMA unies dans la lutte contre l’extrémisme violent
Fatou DIENG THIAM, Cheffe de bureau régional de la MINUSMA, a souligné que « la complexité de la situation sécuritaire dans le centre du Mali reste particulièrement inquiétante et demeure l'une des priorités et préoccupations majeures de la MINUSMA, qui appuie pleinement le gouvernement du Mali dans la mise en œuvre de sa stratégie pour la stabilisation des régions du Centre ». Elle a également ajouté que « cette situation continue de porter atteinte aux droits socio-économiques des populations civiles du centre du Mali en général, et des jeunes en particulier. Ces derniers se retrouvent en effet en manque d'emploi et sans accès aux protections sociales fondamentales, aux ressources et opportunités économiques, les rendant vulnérables à la fracture sociale et à la propagation de l’extrémisme violent environnant ». Cette déclaration met en évidence l’urgence d'agir pour prévenir la radicalisation et promouvoir l'inclusion sociale et économique des jeunes dans la région de Mopti.
Le Colonel Major Abass DEMBELE, Gouverneur de Mopti, a salué les efforts considérables déployés par le Gouvernement de transition et les mesures prises pour rétablir la paix au Mali, notamment à travers le plan d'action de la stratégie de stabilisation des régions centrales pour la période 2022-2024. Il a souligné que la mise en œuvre du projet en faveur des jeunes est une illustration de l'engagement de la MINUSMA dans la résolution de la crise qui sévit dans les régions du Centre. Il est essentiel de comprendre que les solutions à cette crise ne se limitent pas uniquement aux aspects militaires ou sécuritaires, a-t-il rappelé.
L’intégration des droits de l'homme dans le développement économique, notamment des droits socio-économiques, est une des priorités stratégiques de la MINUSMA. Ainsi, à la fin de leur formation, chaque apprenant se verra remettre un kit d’insertion comprenant tous les outils et matériaux nécessaires pour démarrer une activité professionnelle.
Ce projet d’autonomisation des jeunes témoigne de l’engagement de la MINUSMA et de ses partenaires à promouvoir la paix et la stabilité au Mali.
Porté par la MINUSMA, ce projet est le fruit d’une collaboration étroite avec l’École Technique Saint Joseph de Sévaré ainsi qu’avec les leaders des jeunes, femmes, communautaires, religieux, coutumiers et les autorités locales. Avec un budget de plus de 172 millions de francs CFA, ce projet ouvre également de nouvelles perspectives pour les jeunes des régions de Mopti, Douentza et Bandiagara, contribuant ainsi à réduire les risques de radicalisation.