Le «Beleni» est un espace sacré de Somasso, dans le cercle de Bla. Depuis plusieurs années, les ancêtres Minianka du village de Somasso n’ont cessé de communiquer autour de cet espace dans lequel vivent les génies protecteurs et bienfaiteurs de la localité.
Le « Beleni » était, dans le temps, une forêt réservée par les habitants de Somasso, les Somassois. Cet endroit mystérieux a protégé le village de Somasso contre les envahisseurs comme Samory Touré du Wassoulou, Tiéba Traoré du Kénédougou et Biton Mamary Coulibaly de Ségou. D’après les autochtones, quand Tiéba voulait conquérir la zone, il expropriait les populations de tout leur bien. Avant d’attaquer Somasso, rapporte notre source, il a envoyé des gens pour prospecter les lieux. A leur arrivée, les enquêteurs ont constaté que l’entrée du village était entourée de plusieurs chevaux blancs dont le nombre dépassait celui des guerriers de Tiéba. Les enquêteurs sont retournés dire au Roi du Kénédougou que s’ils ne font pas attention, ils seraient humiliés par les guerriers de Somasso dont le nombre de chevaux dépassait celui des guerriers. C’est ainsi que grâce à leurs génies protecteurs, les habitants de Somasso n’ont subi aucune attaque de la part des envahisseurs. Dès lors, certains esclaves de guerre faisaient des bénédictions et tenaient des promesses au «Beleni» pour ne pas être exécutés. Une stratégie qui a bien fonctionné, car les esclaves venaient rembourser leur dette au «Beleni».
Les enfants du terroir font la même chose quand ils sont confrontés à des difficultés de la vie. Cette pratique est une réalité dans le quotidien des Somassois. C’est à cet endroit que se trouvent les génies protecteurs du village.
Chaque année, les femmes du village mariées dans d’autres contrées se retrouvent pour renouer les relations parentales à travers la cohésion sociale. Cette rencontre se faisait autour de la fête du «Belenitougou».
Le « Belenitougou» est la fête que les ancêtres du village de Somasso organisaient chaque année après la fin de la saison pluvieuse. Cette fête consiste à allumer un feu symbolique pour annoncer le début de la chasse qui avait été interdite en début d’hivernage pour permettre aux animaux de se reproduire. Les animaux abattus ce jour-là étaient préparés pour accompagner des délicieux plats préparés à base de haricot appelés « Fari ». Une fête grandiose était organisée à cette occasion. C’est pour raviver ce mémorial et faire connaître la culture Minianka à travers le monde que l’Association pour le développement de Somasso, dirigée par notre confrère Markatié Dao, chargé de mission au ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable, a organisé le festival du «Belenitougou» dont la deuxième édition s’est tenue du 23 au 25 février dernier. Un appel a été lancé par l’ADS à travers son président pour reboiser et restaurer la forêt de cet endroit sacré.
Ousmane Ladji Bamba