L'artiste néerlandaise Samira : "Les Touaregs sont un peuple libre et plein de dignité"

Par kibaru

Dans une interview exclusive accordée au site d’informations www.kibaru.ml, premier journal en ligne franco-arabe au Mali, l'artiste néerlandaise Samira, d'origine marocaine, a fait part au journaliste Housseyne Ag Issa de son intérêt pour l'art ainsi que son attachement à la musique touarègue du Mali, du Niger et de l'Algérie. 

Samira qui a lancé son groupe musical nommé [ Samira's Blues] en 2018, a confirmé qu'elle avait étudié le droit avant de découvrir son attachement à sa voix. C’est ainsi qu’elle commencé à s'intéresser à la musique (Jazz et le Blues). L’artiste issue d’un père marocain et une mère néerlandaise à aussi parler de touaregs et de l'islam.

 

Ci-après l’intégralité de l'interview :

 

www.kibaru.ml: Tout d'abord, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre groupe ? 

Je suis Samira Dainan, chanteuse et compositrice néerlandaise d’origine marocaine. Je suis le lead vocal d’un nouveau groupe dénommé « Samira's Blues ». Nous faisons de la musique avec des racines africaines, arabes et amazighes. Nous sommes basés à Amsterdam, aux Pays-Bas et nous disposons d’un site web dont l’adresse est la suivante : www.samirasblues.com pour la couverture de notre actualité.

www.kibaru.ml: Quand vous dites " Samira Dainan, chanteuse et compositrice néerlandaise d’origine marocaine ". Vous voulez-vous dire que vous avez deux nationalités ?

 Je suis née en Hollande d'une mère Néerlandaise et d’un père Marocain.

www.kibaru.ml: Les membres du groupe sont-ils tous de la même nationalité?

Nous vivons tous aux Pays-Bas, avec des racines différentes, marocaines, hollandaises et africaines. 

www.kibaru.ml: Comment et quand votre carrière musicale a-t-elle commencé ?

Après avoir terminé mes études de droit, j'ai senti que quelque chose manquait dans ma vie. Je voulais trouver ma propre voix, ma propre âme. J'ai commencé à explorer le jazz et le blues, puis je passe beaucoup de temps à faire des recherches sur la musique roots du Maroc. 

J'ai d'abord été inspirée par la musique Gnaoua, car elle est tellement spirituelle et a des racines si claires en Afrique comme le blues. J'étais fascinée par la façon dont les Gnaoui utilisent leur voix, si pure et puissante. Puis Gnawa m'a emmené dans la musique du Sahara et le blues du désert.

www.kibaru.ml: Quand avez-vous commencé à vous soucier de la culture touarègue ?

Mon genre musical se concentre sur l'élément mystique et folklorique de la musique et du blues nord-africains. À Amsterdam, j'ai organisé un concert avec un groupe dénommé M'hamid Lghizlane, Maroc: Generation Taragalte. J'ai déjà découvert la grande musique de Tinariwen et Tamikrest. Maintenant, je découvre que nous avons aussi notre genre musical du Sahara, chanté en tamazight ou hassaniya. 

Après être allée au Sahara pour des échanges musicaux et des performances au festival Taragalte, qui est lié au festival au Désert et de Ségou. C’est là que j’ai appris que toutes ces chansons se jouaient à travers le Sahara, sans frontières.

www.kibaru.ml: Avez-vous déjà travaillé avec des artistes touaregs? 

Après la sortie de notre petit album, Samira’s Blues a été invité à jouer la première partie pour mes idoles Tamikrest et Imarhan en Hollande et nous avons senti que notre musique était vraiment liée. Pour moi, c'était tellement inspirant de voir cela et un grand encouragement à continuer ma musique. Novembre dernier, dans la dernière édition du festival Taragalte, nous avons eu la chance de travailler avec Hakoum, le bassiste de Kader Tarhanin, un de mes artistes touaregs préférés.

www.kibaru.ml: Vous avez parlé d'un petit album. Est-il déjà sorti ? Combien de morceaux contient-il ?

On a sorti un E.P. un petit album électronique de quatre morceaux, avec des chansons modernes et traditionnelles pour le lancement de notre groupe Samira's Blues, en fin 2018. Aussi, on a lancé une vidéo officiel de la chanson Tarhanin, inspirée et dévoué par les fils du désert.

www.kibaru.ml: Vous comptez faire un autre album plus grand ? 

Maintenant, je suis en train d'écrire et arranger des morceaux pour un album, On sortira avec un nouveau single bientôt IN CHA ALLAH.

www.kibaru.ml: L'intérêt pour les cultures et les civilisations est souvent lié à la visite de la personne aux régions de cette culture. Avez-vous déjà visité l'une des régions de touaregs? 

La région du Sud-Est du Maroc est proche de l'Algérie, donc la culture Touarègue y est aussi représentée. C’est mon rêve de traverser la frontière et de continuer la collaboration.

www.kibaru.ml: Vous avez récemment diffusé un clip dans lequel vous chantiez en langue tamasheq.. Comment vous est venue cette inspiration? 

Nous venons de publier un fragment de notre première répétition, parce que nous essayons toujours de nouvelles chansons de la région du Sahara. Je pensais que ce serait bien d'essayer de chanter en Tamasheq. J'écoute toujours de la musique touareg et saharienne, c'est ma plus grande passion. Comme la musique et les échelles musicales sont similaires aux styles de musique nord-africains, il m'est facile d'apprendre les mélodies et aussi je suis très intéressée par les langues et la poésie pour voir comment les choses s'expriment dans une autre langue. Pour moi, la musique est universelle. Avec mes racines nord-africaines, je me sens proche des racines touarègues. On y retrouve un sens profond et une histoire.

www.kibaru.ml: Quelle est la difficulté de la mélodie et le fait de chanter dans une langue étrangère? 

La chose la plus différente peut être le rythme, la prononciation et le placement des syllabes. J'ai la chance d'avoir les rythmes et les sons nord-africains en moi, donc ce n'est pas trop difficile à apprendre. Il faut un peu d'effort et de patience.

www.kibaru.ml: Quelles sont les raisons pour lesquelles vous vous intéressez aux Touaregs et qu'aimez-vous de cette société qui a longtemps été décrite comme une société liée au terrorisme et à la contrebande dans les pays où elle se trouve?

Aujourd’hui, l'Islam en général est lié au terrorisme en Occident, malheureusement. Il ya des gens qui sont ignorants et ont juste peur de choses qu'ils ne savent pas. Nous devons accepter nos différences.

Les Marocains d'Europe sont également confrontés à la même opinion négative dans les médias et la société. Sur l'Islam, j'ai appris le contraire de mon père. Il était l'homme le plus paisible que je connaisse, très sage et aimable. Il m'a donné la paix dans mon cœur et m'a appris à être une femme indépendante et à respecter mes propres croyances. J'ai le même sentiment en écoutant et en jouant de la musique touarègue. Les Touaregs sont un peuple libre et plein de dignité. Et même lorsqu'ils rencontrent beaucoup de difficultés, ils diffusent le message de paix à travers leur musique.