2020 est tellement marquée par la pandémie du nouveau coronavirus que les générations futures pourraient parler, pour l’Histoire, de l’année du Covid-19. Une crise sanitaire mondiale doublée d’une crise économique s’est transformée en crise humanitaire tout court dont les conséquences multiformes risquent de prendre du temps avant de disparaître.
Malgré quelques timides embellies ici et là de l’activité économique mondiale, 2020 aura été annus horribilis et intense. Le «front» de la bataille contre la pandémie a occupé, à temps plein, les travailleurs du secteur de la santé, mais aussi les dirigeants politiques, les opérateurs économiques et les simples citoyens qui n’ont qu’une question sur les lèvres : à quand la fin du cauchemar ?
La mise sur le marché, depuis quelques jours, des premiers vaccins anti-Covid élaborés dans la précipitation (Pfizer-BioNTech, Moderna, Sanofi, AstraZeneca…) constitue sans doute un début de réponse. Mais le calvaire de 2020 pourrait bien se prolonger, sur plusieurs mois de l’année qui commence. La vaccination entamée par plusieurs pays relevant d’abord d’un choix, puis des capacités de se procurer le précieux sésame, n’est pas donnée à tout le monde. A une dose allant de 19,50 à 37 dollars aux États-Unis, les vaccins déjà mis en vente dans certains Etats nantis grèveront les budgets des pays africains si les firmes pharmaceutiques, en négociation avec l’OMS (Organisation mondiale de la santé), n’envisagent pas des marges bénéficiaires plus éthiques.
Mais c’est aussi cela 2020 qui est venue rappeler aux entreprises l’impérieuse nécessité de savoir s’adapter, de saisir au vol les opportunités qui se présentent à elles et de ne rien lâcher. C’est ainsi que dans certains pays africains des entreprises de textile se sont mises très tôt à fabriquer des masques (cas du Maroc). Des étudiants ont mis en place un procédé de fabrication de visières. Au Sénégal, en Tunisie ou encore en République démocratique du Congo, des chercheurs ont créé de toutes pièces des respirateurs artificiels. C’est aussi ainsi que Ethiopian Airlines a donné une grande leçon de management à l’ensemble des compagnies aériennes du monde qui se morfondaient dans l’arrêt de leur activité. Le géant africain a vite fait de transformer ses avions de passagers en cargo pour devenir l’un des plus grands dans le monde, dans ce domaine précis raflant des marchés à tout va et sauvant ainsi l’année qui allait… foirer.
Evidemment, à côté de ces réussites, les travers de 2020, sont bien entendu, économiques. Le rapport de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) publié en décembre se veut rassurant pour 2021, indiquant que les perspectives s’éclaircissent, mais que la reprise sera graduelle. Un optimisme fondé sur l’accélération du déploiement des vaccins, et une meilleure coopération pour les distribuer. Ce qui, certes stimulerait la confiance et consoliderait la reprise, mais la persistance des incertitudes risque de prolonger l’état de faiblesse de l’économie mondiale.
«Grâce aux campagnes de vaccination, à l’adoption de politiques sanitaires concertées et aux aides financières publiques, le PIB mondial devrait augmenter de 4,2 % en 2021 après avoir reculé de 4,2 % en 2020. Si les vaccins sont déployés plus rapidement, dopant la confiance et atténuant l’incertitude, la reprise sera plus vigoureuse», prévoit ce rapport.
A l’inverse, des retards dans la vaccination, des difficultés à contenir de nouvelles poussées épidémiques et une incapacité à tirer les leçons de la première vague assombriraient les perspectives. «Le rebond sera plus robuste dans les pays asiatiques qui sont parvenus à maîtriser le virus, mais même à la fin de 2021, de nombreuses économies n’auront pas retrouvé leurs niveaux pré-pandémiques de 2019», relativise l’OCDE.
2020 sera aussi enregistrée dans l’Histoire comme l’année de la «chute» de Donald Trump, sans doute l’un des présidents les plus atypiques des Etats-Unis. Son passage «typhoïque» à la Maison Blanche ne lui aura pas permis de gagner un second mandat partageant le sort du «mandat unique» avec 8 de ses prédécesseurs entre 1787 et 1993.
En Afrique, le bilan politique de 2020 est mitigé. S’il y a des présidents qui ont consenti librement à ne pas briguer un troisième mandat, non autorisé par la constitution de leur pays (Niger), d’autres n’ont pas hésité à faire sauter le verrou par voie de référendum (Guinée) pour rester au pouvoir.
Pendant ce temps, le Covid-19 a aggravé le chômage des jeunes sur le continent. Si cette crise exige des gouvernements africains des politiques d’emploi plus efficaces, elle a eu un impact économique qui a d’ores et déjà rebattu les cartes de l’emploi. Logique que nous nous intéressions dans notre premier dossier de l’année aux secteurs qui embaucheront le plus en 2021.
Bonne année