Les effectifs des forces spéciales américaines en Afrique pourraient fondre de moitié en trois ans

Par kibaru

En Afrique, et sous l’égide de l’US Africa Command, commandé par le général Thomas Waldhauser, les États-Unis comptent environ 6.000 militaires, dont 1.200 appartiennent aux forces spéciales américaines.

Le contingent le plus important est déployé à Djibouti, précisément au Camp Lemonnier. Et 800 militaires américains sont affectés au Niger, où, depuis le début de cette année, l’US Air Force met en oeuvre des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper armés depuis la base aérienne 101 de Niamey et, prochainement, depuis celle d’Agadez, où le Pentagone a investi 100 millions de dollars pour remettre à neuf ses installations.

La mission des militaires américains en Afrique consiste à lutter contre les groupes jihadistes (via du renseignement, des opérations spéciales, des frappes cibles et un soutien à la force française Barkhane) et à former les armées locales, comme par exemple au Cameroun.

L’ampleur de l’engagement militaire des États-Unis en Afrique a été mis en lumière lors de l’embuscade de Tongo Tongo, en octobre 2017, au Niger. Au cours de cette dernière, tendus par des éléments de l’État islamique dans le grand Sahara, quatre commandos américains y laissèrent la vie.

À l’époque, il était question de revoir à la hausse cette présence militaire américaine sur le continent africain pour accentuer l’effort contre les groupes terroristes présents dans la bande sahélo-saharienne (filiales de l’État islamique, al-Qaïda au Maghreb islamique, etc), en Afrique de l’Ouest (Boko Haram) et dans la corne de l’Afrique (Shebab).

Et le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées américain, estimait alors que, après ses défaites au Levant, l’EI allait chercher à se « repositionner ». Et « l’Afrique est l’un des endroits où nous savons qu’il espère renforcer sa présence », avait-il dit.

Seulement, en janvier, les États-Unis publièrent leur nouvelle stratégie de défense et de sécurité nationale. Selon ce document, la lutte contre le terrorisme n’est plus une priorité étant donné que l’accent doit désormais être mis sur les menaces dites de la force, incarnées par la Russie mais surtout par la Chine.

« En changeant la posture de nos forces, nous allons donner la priorité à la préparation au combat dans des conflits majeurs, ce qui nous rendra stratégiquement prévisibles pour nos alliés mais opérationnellement imprévisibles pour tous nos adversaire », avait expliqué James Mattis, le chef du Pentagone.

Ce changement de posture aura donc des conséquences sur la présence militaire américaine en Afrique. En outre, à Washington, l’on se demande combattre les jihadistes sur le sol africain est vraiment utile aux intérêts des États-Unis.

En d’autres termes, des responsables américains estiment que, les groupes jihadistes africains ne posant pas une menace directe contre les États-Unis, les forces américaines s’exposent inutilement en Afrique. D’où le plan proposé par le général Waldhauser.

Dans les colonnes du New York Times, le chef de l’US AFRICOM a bien pris le soin de préciser qu’il n’était pas question pour les États-Unis de se désintéresser de l’Afrique. Toutefois, il compte réduire drastiquement les effectifs des forces spéciales américains présents, ces derniers devant être réduits de 50% au cours des trois prochaines années. Étant donné la position stratégique qu’occupe Djibouti (qui constitue un point de rivalité avec la Chine), l’effort se concentrerait essentiellement en Afrique de l’Ouest, voire le Niger.

Ainsi, au Cameroun, qui fait face au groupe jihadiste nigérian Boko Haram tout en étant confronté à une grave crise dans sa partie anglophone, les 300 militaires américains qui y forment les forces locales seraient les premiers à être réaffectés ailleurs.

« Les menaces terroristes islamistes sont en effet en augmentation sur le continent [africain], mais cela ne signifie pas que tous les terroristes islamistes doivent être traqués par les forces spéciales américaines », a résumé Peter Pham, spécialiste de l’Afrique à l’Atlantic Council.

Cela étant, même si les effectifs des forces spéciales américaines sont réduits en Afrique, ils resteront à un niveau élevé, avec 600/700 commdandos. Soit autant qu’en 2014 et dix fois plus qu’en 2006.