Les ratés de la liberté de presse

Par kibaru

Que la liberté de presse peine parfois à se consolider et à se professionnaliser dans notre espace démocratique entièrement ouvert est une chose connue, quoi que  fort regrettable pour la démocratie. Que ces mêmes médias privés exercent parfois  leur mission à distance éloignée des règles élémentaires de la déontologie en charriant de manière criante des  informations déformées, des mensonges, des manipulations et même des bidonnages  à dessein,  c’est tout simplement  tomber dans les bas fonds à un tel degré de vilenie qui déshonore ses acteurs, la liberté de presse et la démocratie. Mieux,  que ces médias deviennent la caisse de résonnance de certains milieux politiques, non seulement hostiles au régime en place, mais dont le seul objectif est de discréditer et de flétrir  l’image de marque du pays en colportant des informations cousues de toute pièce sur des sujets particulièrement sensibles , cela relève  de la trahison pure et simple.

L’exemple le plus expressif de ces ratés de la liberté d’expression est la déformation de la teneur d’une dépêche de l’agence Reuters à qui on prête une information disant que « Al Qaeda au Maghreb arabe avait signé ou était en passe de signer », en 2010, un accord de non agression avec le pouvoir mauritanien, assorti du paiement d’une enveloppe financière à l’organisation terroriste. Cette dépêche, dont la teneur prête même à confusion, a été  démentie, sitôt diffusée, par les américains qui ont déclaré sans ambages n’être en possession d’aucune preuve confirmant cette information.

Que d’ignorance crasse  des péripéties troublées qui ont émaillé les rapports entre le régime mauritanien et l’organisation terroriste Al-Qaïda depuis 2010 à nos jours. Cette organisation terroriste n’a-t-elle pas envoyé en 2011 deux véhicules remplis d’explosifs à destination de Nouakchott dans une opération d’une envergure jamais égalée dans la région ?  Seules la vigilance et la préparation minutieuse de nos forces armées ont pu déjouer in extremis cette perfide opération.

Cette organisation terroriste n’a-t-elle pas tenté une opération dans la ville de Bassiknou au cours de la même année ?

L’armée mauritanienne n’a-t-elle pas administré une leçon poignante aux terroristes en plein territoire malien ?

La Mauritanie n’est-elle pas devenue le maillon fort de la lutte anti-terroriste dans la sous-région, après avoir été avant l’arrivée du président Aziz, la cible facile des coups de boutoir de ces organisations extrémistes.  

En communication, on ne peut s’affranchir d’un minimum d’éthique. Il en est de même en politique,  où quelque que soit le degré de désaccord entre les différents acteurs nationaux,  l’intérêt supérieur du pays doit demeurer une ligne rouge infranchissable. Et  ceux qui sciemment s’en détournent, par les mensonges protecteurs et par la déformation de la réalité, ne pourront jamais nous prendre des vessies pour des lanternes. Ils  se trompent démesurément : notre mémoire n’est pas aussi courte pour prendre des balivernes décousues pour des vérités d’Evangile.

 

                                           Docteur Abdallahi Ould Nem