L'ancien attaquant international égyptien est soupçonné par l'Etat d'avoir financé la confrérie interdite des Frères musulmans.
Adulé par le peuple égyptien pendant ses 17 années de carrière, Mohamed Aboutrika est désormais considéré comme un ennemi de la nation. Un tribunal du Caire a inscrit l'ex-star du foot sur une liste des organisations et des personnes considérées comme "terroristes" par les autorités, ont indiqué mardi son avocat et un responsable judiciaire.
Mohamed Aboutrika, qui a brillé en sélection nationale, a été l'un des plus grands footballeurs africains de son époque. L'ancienne vedette du club cairote Al-Ahly a pris sa retraite en 2013. Il est soupçonné par le gouvernement d'avoir financé la confrérie interdite des Frères musulmans, classée fin 2013 "organisation terroriste".
Soutien de Mohamed Morsi
Selon une loi anti-terroriste adoptée en 2015 par le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, les personnes qualifiées de "terroristes" sont frappées d'une interdiction de quitter le territoire, leur passeport leur est retiré et leurs avoirs gelés. Aboutrika avait publiquement apporté, lors de la campagne présidentielle de 2012, son soutien à Mohamed Morsi, un candidat issu des Frères musulmans. Morsi avait été destitué un an plus tard par l'armée.
Son avocat Mohamed Osman a estimé que la décision du tribunal était "contraire à la loi", puisque l'ancien joueur "ne fait l'objet d'aucune condamnation, et qu'aucun chef d'accusation ne lui a été formellement notifié". "Nous allons faire appel de cette décision devant la Cour de cassation", a assuré l'avocat.
Interdiction de voyager
"S'il est inscrit sur la liste, il y aura des conséquences légales, notamment l'interdiction de voyager", a-t-il ajouté. En mai 2015, une commission du ministère de la Justice chargée de la confiscation d'avoirs appartenant aux Frères musulmans avait gelé ceux d'Aboutrika. Dans un entretien avec un quotidien gouvernemental publié quelques jours après cette mesure, Aboutrika avait nié que sa société ou ses partenaires aient financé la confrérie islamiste. Ce gel est toujours en vigueur, malgré deux décisions judiciaires qui réclamaient sa levée, selon Me Osman.
Lexpress