Tous les Mauritaniens (ou presque tous) vous le diront sans ambages: depuis le début des années quatre-vingt-dix, l'opposition mauritanienne "collectionne" les postures turpides. En effet, le boycott, en 1992, des élections législatives a tué dans l'œuf le fameux "processus démocratique". La posture du "tout ou rien", imposée, sur un coup de tête et contre l'avis de pans entiers de l'opposition démocratique de l'époque, par le candidat malheureux à la présidence, a fini de ruiner, sur le court terme, les chances d'une évolution progressive et apaisée du pays vers des pratiques et des normes démocratiques. L'échec aux élections présidentielles de 1992, dû, entre autres facteurs, à la démesure des espoirs, à la fraude électorale avérée, à l'état d'impréparation, à la vénalité de certaines "officines" à la manœuvre dans le camp de l'opposition de l'époque, cet échec donc n'a pas pu être relativisé et rapidement capitalisé au profit d'une vision dynamique de l'action politique, favorisée, pourtant à l'époque, par un extraordinaire sursaut populaire, patriotique et unitaire et par un puissant vent de changement qui balayait toute la sous-région, sous l'œil bien veillant d'un grand pôle international. Une personnalisation de l'action politique dont la Mauritanie a longtemps continué à payer le prix exorbitant, en termes de bonne gouvernance et de stabilité politique. Si le pays a connu, depuis 1992, de graves soubresauts nuisibles aux intérêts vitaux de ses populations, c'est, en grande partie, en raison de la myopie politique et de l'inconséquence d'une opposition, incapable d'assumer les responsabilités qui sont les siennes, dans la durée. La conséquence d'une telle myopie, fut l'émiettement de l'opposition, dès 1993, sous forme d'une myriade de chapelles politiques antagonistes, épousant allègrement les lignes de fracture particularistes (ethnies, tribus, régions, communautés...etc.), c'en était fini de la politique au sens noble et citoyen de ce vocable, dans le camp de l'opposition; "Idha Lem Tastehi Vev-al Machi-it" (Sans pudeur, point de limite...). Des chantres du communautarisme et du racisme se sont érigés en militants (bon teint) ...des droits de l'homme, des trafiquants invétérés se sont découvert des vocations -sur le tard- d'opposants politiques, des obscurantistes épaulés par des "gauchisants" abonnés à l'échec électoral, ont planifié de plonger le pays dans le chaos intégral, par mimétisme médiocre. En 2008, lorsque le cocotier politique fut vigoureusement secoué, par le Président Aziz, quand les errements du pouvoir issu des élections présidentielles de 2007, en avaient révélé les carences irréparables, une "aération" salvatrice fut administrée au microcosme politique national. La "composante utile" de l'opposition a ainsi décidé de prendre le pari de favoriser les intérêts vitaux du pays, en choisissant de soutenir un homme qui a le courage de ses idées et qui fait délibérément une croix sur la langue de bois. Dans le sens inverse, la meute des «gabegistes» a décidé de rejoindre les loques politiques de l'opposition, pour constituer une sorte d'épouvantail honni par la jeunesse et les forces vives du pays. Incapable de remporter la moindre élection démocratique, l'opposition mauritanienne a longtemps misé sur ses virtuels "appuis extérieurs", dans l'espoir de glaner des résultats politiques à l'intérieur; sur ce terrain de prédilection, un camouflet d'une redoutable portée vient de lui être infligé, à l'occasion de la visite du ministre français des affaires étrangères, Jean Marc Ayrault, à Nouakchott, les 5 et 6 avril 2017. Aucune audience, aucune allusion verbale, aucune promesse, même discrète, de future rencontre, aucune réaction non plus de la part de cette opposition dévaluée; un coup d'assommoir politique asséné à bout portant, à un moment critique... Le message est on-ne-peut-plus clair: la France semble lassée des sempiternels raccourcis, constamment véhiculés par des opposants friands des déclarations intempestives et sans emprise aucune sur le terrain, au sujet des "40% d'esclaves", des "mille et une castes" et de "l'impossible cohabitation ethnique", sujets bateaux pour des hommes politiques mauritaniens en mal de reconnaissance à l'extérieur du pays. Cette opposition hétéroclite, traversée par des contradictions insurmontables, un chapelet de démissions au plus haut niveau, se relèvera-t-elle indemne de l'uppercut politique que vient de lui asséner le président Aziz, à l'occasion de la visite de Monsieur Ayrault? Loin s'en faut; le plus dur, pour cette opposition dépitée, est à venir...