Quatre conflits dans le monde dont personne ne parle

Par kibaru
À Bahreïn, dans le village de Diraz, des manifestants fuient les tirs de la police. / Andrea Bruce/andrea bruce / NOOR

La Croix s’intéresse à la multitude de conflits « oubliés » qui a cours sur tous les continents. Quelles sont les particularités de ces conflits ? Pourquoi leur résolution est-elle si complexe ?

Le Mozambique, le Congo, la Nouvelle-Guinée et la Birmanie sont en proie depuis des années à de violents affrontements.

Au Mozambique, un conflit continu

L’ancienne rébellion de la guerre civile mozambicaine (1976-1992, un million de morts), la Renamo (Front de libération du Mozambique), a repris le maquis dans le centre du pays en 2012. Elle exige un plus grand partage des richesses et du pouvoir alors que la Frelimo (Résistance nationale mozambicaine) dirige le Mozambique depuis l’indépendance en 1975. Plusieurs trêves ont été signées entre les deux camps mais les tensions et les conflits armés resurgissent régulièrement, comme à l’été 2015.

Ce conflit a une coloration nettement sociale, opposant les inclus et les exclus du développement, le Frelimo accaparant les ressources du pays. Le leader de la Renamo, Afonso Dhlakama, a proclamé en décembre 2016 un cessez-le-feu après l’échec d’une médiation internationale. Au mois d’août, il a rencontré le président Filipe Nyusi dans les montagnes du Gorongosa, au centre, où il vit retranché depuis deux ans. Une autre rencontre est annoncée prochainement pour finaliser un futur accord.

Souhaitant surtout ne pas inquiéter les investisseurs intéressés par l’immense potentiel gazier du pays, Maputo ne fait pas grande publicité sur cette crise. D’autant que le régime est secoué depuis 2016 par un scandale provoqué par l’achat pour 2 milliards de dollars de matériel militaire financé par un prêt caché aux députés et aux bailleurs de fonds.

Il y a deux semaines, l’ONU a accusé le Mozambique d’acheter des armes à la Corée du Nord pour un montant de 6 millions de dollars, malgré l’embargo qui frappe Pyongyang.

Au Congo-Brazzaville, la guerre du Pool

À la suite de la réélection controversée de Denis Sassou N’Guesso, au mois de mars 2017, l’armée congolaise s’est déployée dans la région du Pool, un département du sud du Congo-Brazzaville. Officiellement, elle y pourchasse Frédéric Bintsamou, alias « pasteur Ntumi », l’ancien chef des « Ninjas ». Ce groupe armé avait déjà combattu dans le Pool entre 1998 et 2005. Après avoir déposé les armes, pasteur Ntumi avait pris des responsabilités politiques en 2007 auprès de Denis Sassou Nguesso.

Accusé par le régime d’être le responsable des violences qui ont frappé Brazzaville le 5 avril 2016, faisant 17 morts, le rebelle s’est enfui dans le Pool rejoindre ses soutiens. Les deux camps s’affrontent, depuis, sans avoir les moyens de se vaincre. Des témoins et des ONG de défense des droits de l’homme accusent les troupes gouvernementales d’exactions et d’user de la force sans se préoccuper des civils (bombardements, hélicoptères d’attaque).

Le comportement des rebelles est aussi dénoncé. Les journalistes ne sont pas autorisés à se rendre dans le Pool. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations des droits de l’homme n’y ont pas accès.

Plusieurs districts sont totalement isolés. Cette crise aurait fait 81 000 déplacés (soit le tiers de la population du Pool) et 138 000 personnes auraient besoin d’une aide humanitaire d’urgence, selon l’ONU.

En Nouvelle-Guinée, la révolte des Papous

L’Organisation pour une Papouasie libre (OPM) est un mouvement séparatiste de Papua, nom indonésien de la Nouvelle-Guinée occidentale, une entité rattachée à l’Indonésie en 1963 après avoir été hollandaise.

En 1967, le gouvernement indonésien signe un contrat minier avec la société américaine Freeport. Celle-ci découvre en 1988 les troisièmes réserves les plus importantes au monde pour le cuivre et les deuxièmes pour l’or. Les revenus seront partagés avec le gouvernement central. De nombreux Papous se sentent victimes de discrimination. C’est dans ce contexte que l’OPM mène une guerre de basse intensité.

En 2001, l’assassinat du leader indépendantiste Theys Eluay porte un coup dur à l’OPM. À partir de 2008, on assiste à une recrudescence des actes de guérilla contre l’armée indonésienne. Le 14 décembre 2011, la police indonésienne parvient à attaquer le quartier général d’une cellule de l’organisation, tuant 14 séparatistes.

En 2014, l’action se porte sur le terrain politique. Les indépendantistes fondent un parti, le Mouvement uni pour la libération de la Papouasie occidentale. En 2011, un bilan fait état de 100 000 déplacés et de 150 000 à 400 000 tués depuis le début de l’insurrection dans les années 1960. L’accès du territoire est très difficile pour les étrangers, ce qui rend les observations quasi nulles.

En Birmanie, des conflits persistants

En Birmanie, la crise des Rohingyas est médiatisée, mais elle n’est pas la seule qui frappe ce pays. On note une persistance de conflits armés, avec des minorités ethniques dans le Nord et l’est du pays et les violations des droits de l’homme qui les accompagnent, notamment dans les États Shan et Kachin.

Dans ces régions proches de la frontière chinoise, des combats se poursuivent depuis des décennies entre plusieurs guérillas ethniques et l’armée birmane. En 2011, par une attaque des postes de contrôle de l’Armée d’indépendance kachin (KIA), l’armée birmane mettait fin à dix-sept ans de cessez-le-feu dans la région. Depuis, la situation se dégrade. Dans l’État Kachin, plus de 86 000 personnes vivent dans 140 camps de déplacés internes, et 20 000 personnes se sont réfugiées en Chine. Dans le nord de l’État Shan, près de 12 000 déplacés habitent dans 42 camps.

Depuis août 2016, les offensives de l’armée birmane se sont multipliées. La KIA a refusé de signer un accord de paix. Le 20 novembre dernier, l’Alliance du Nord – dont la KIA fait partie – a lancé une attaque contre les militaires. Les troupes armées gouvernementales ont utilisé de l’artillerie lourde et des avions de chasse. Ces combats ont provoqué des vagues de déplacement obligeant les populations civiles à vivre dans des situations précaires.

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